Est-ce que les juges ont condamné un vrai halluciné ? Cette question reste posée ! Cela, s’il s’avérait que Assana Koné est en détention depuis le 25 septembre 2018. Un conseiller municipal présentait des symptômes d’une maladie mentale, dont la famille a fait suivre différents traitements tradi-thérapeutiques. Etant déboussolé de ce qui lui arrive, l’accusé a nourri l’idée, dans la nuit du 18 septembre 2018, d’être victime d’envoûtement venant de son propre frère, Germain Yaya Koné. Et dans sa logique de vengeance, il projetait d’attenter à la vie de ce dernier.
C’est ainsi qu’une nuit, aux environs de 2h du matin, le prévenu s’est rendu au domicile de son frère pour le réveiller. Il lui demandait de l’accompagner en brousse pour récupérer sa moto tombée en panne. La victime s’est exécutée sans se douter de rien.
Quand ils prirent la route et franchirent le seuil de la brousse, à quelques encablures des dernières concessions du village, Assana donne de violents coups de bâton à son frère qui s’écroula aussitôt. Grièvement blessé à la tête et au cou, Yaya Koné rendit l’âme sur les lieux suites à ses blessures. Se croyant rusé, le conseiller a voulu camoufler son crime en montant un scénario pour passer son meurtre à un suicide par pendaison.
Pour s’y faire, il trainait le corps de sa victime sous un arbre, sur la branche duquel, il avait attaché une cordelette à l’extrémité nouée en lasso. Et après cette mise en scène, il quittait son village pour se rendre à Zantiébougou afin de se trouver un alibi. Toutefois, un bref examen de la scène du crime a permis aux enquêteurs de découvrir la supercherie et tous les soupçons furent alors portés sur Assana.
Ainsi interpellé en conséquence et interrogé sur les faits, le criminel les a reconnus sans détours et tentant d’expliquer son forfait, par son désir de vengeance à l’égard de la victime qu’il accuse toujours d’être l’auteur de ses soucis de santé.
Le mardi 8 décembre dernier, Assana Koné était face aux juges des assises où il a été jugé coupable d’assassinat. Des faits prévus et punis par les articles 190 et 201 du Code pénal malien. A la barre, l’accusé s’est exprimé ainsi : « Je reconnais les faits mais je n’ai pas fait exprès. L’irréparable a été commis parce que j’étais malade. On m’avait envoûté. J’avais des soucis de santé et je pensais que mon frère et les mauvais esprits du village étaient à l’origine. Je regrette tellement et il était mon frère unique ».
Pour une rare fois, le parquet et l’avocat de la Défense plaidaient dans le même sens. Il s’agit de mettre en avant la démence de l’accusé. Lors de sa plaidoirie, l’avocat d’Assana insiste sur sa santé mentale, il plaidait que : « ….Mon client est malade. La démence est une maladie qui affecte la mentalité de la personne. L’article 28 alinéa 1 de notre code pénal est très clair : ‘’Il n’y a ni crime ni délit lorsque le prévenu était en état de démence au temps de l’action ou de légitime défense de soi-même ou d’autrui’’. Le certificat mental a été établi par un homme de l’art, une personne assermentée. Il doit être mis hors de cause ».
Ces paroles de la Défense étaient, comme prêchées dans le désert, car la cour n’y pas été convaincue. Sur cette lancée, elle a reconnu coupable Assana Koné des faits d’assassinat et qu’il aurait agi en toute conscience. De ce fait, il écope de 10 ans d’emprisonnement ferme.
Par Mariam SISSOKO