Le jeudi 21 Avril, au Centre International de Conférences de Bamako (CICB), le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga était devant le Conseil National de Transition (CNT) à la faveur des questions d’actualité sur la mise en œuvre du Plan d’Action du Gouvernement (PAG) adopté le 2 Août 2021. Au cours de ce grand oral, le chef du gouvernement a répondu aux questions des membres du CNT sur les grandes questions de l’heure, notamment le blocage du processus de nomination de Bassidiki Touré à la Haute Autorité de Communication (HAC).Sans détour, le PM Maïga a dévoilé que le blocus vient du président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, qui a émis des réserves sur ce 3ème candidat élu par les organisations des faitières de la presse, après une enquête de moralité. Quelles réserves le président Goïta peut-il avoir à l’encontre de M. Touré ? Il y a-t-il une main invisible dans ce dossier ?
En effet, dans le cadre de sa session ordinaire d’avril, l’organe législatif de la Transition (CNT) a convoqué le Premier Ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga à la barre le jeudi 21 pour s’expliquer sur l’état d’avancement du processus de la Transition, soit l’état de la mise en œuvre de son PAG, présenté le 30 juillet et adopté par ledit Conseil le 2 Août 2021, dont sa réalisation est à présent à 33,87%. Ainsi, cette interpellation du CNT est conforme à ses missions de contrôle de l’action gouvernementale visant à éclairer l’opinion publique nationale sur les actions menées par le gouvernement.
Pendant 5 heures d’horloge, tour à tour, les membres du CNT ont posé des questions au PM Maïga sur diverses questions sur la vie de la nation, notamment le niveau de la mise en œuvre du Plan d’Action du Gouvernement (PAG) repartit en 4 axes. A savoir: le Renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, les Reformes politiques et Institutionnelles, l’Organisation des Elections Générales et la Promotion de la bonne gouvernance et l’adoption d’un pacte de stabilité. Tout cela pour un budget évalué à 250 milliards de FCFA.
LES QUESTIONS ET LES TIRS A BOULET ROUGE DES MEMBRES DU CNT !
A l’analyse des différentes interventions, il ressort que la montée en puissance des FAMa a été saluée en plus des félicitations envers les Ministres de la Défense et des Finances. Dans la même foulée, certains membres du CNT ont été sans langue de bois envers le chef du Gouvernement. C’est le cas pour l’honorable Nouhoum Sarr. Il s’est adressé au PM en ces termes : « Le 2 Août 2021, notre Assemblée a validé votre Plan d’Action du Gouvernement (PAG), 8 mois après, ce plan est périmé et sans surprise pour les observateurs les plus avisés de notre pays, vous n’avez réalisé que 30% soit 3/10, une note de renvoi si nous sommes à l’école…. Il importe de rappeler que ceux qui luttent contre la corruption se doivent être irréprochables. Dites-nous tout sur le scandale des logements sociaux, que s’est-il passé lors des recrutements à la CANAM, que s’est-il passé à la police….? La corruption tant combattue semble être toujours présente….M. le Premier Ministre, il est une constante que vous vous contenez mal dans le boubou de Premier Ministre, vous êtes plus à l’aise dans le boubou d’activiste, chef d’un clan politique…. ». Dans le même sens, l’honorable Sambou Diané a dit ceci : « Il y a un temps pour la propagande et un temps pour travailler ». Quant à l’honorable Raki Talla, elle a soutenu que les seules satisfactions des populations sont aux niveaux des domaines de la Défense, des Affaires Etrangères et des Finances.
UNE TRANSITION DE 24 MOIS ACTEE !
A son tour au pupitre, pour apporter des réponses aux questions posées, le PM Maïga a déclaré que les deux pieds sur lesquels cette transition marche sont le CNT et le Gouvernement. En touchant le point sur l’application de l’accord pour la Paix et la Réconciliation, issu du Processus d’ Alger, il a rassuré qu’il sera mis en œuvre intelligemment vu qu’une importante frange des Maliens n’y sont pas pour. « On mettra tous les moyens en place pour que les Maliens puissent s’entendre sur cet accord » a-t-il affirmé.
Interrogé plusieurs fois sur la situation de la négociation entre eux et la CEDEAO, le PM a souligné que les discussions continuent toujours et que le Président Goïta est en contact permanant avec ses homologues de la CEDEAO. Il a également indiqué que la sortie du Mali de la CEDEAO n’est pas dans l’Agenda du gouvernement. Que pour le délai de la Transition, le président de la Transition ne peut pas aller au-delà de 24 mois. A cet effet, il a levé pour la première fois un coin de voile sur le chronogramme des actions majeures.
Concernant la mise en œuvre des Recommandations des ANR, il a fait savoir qu’un décret a été signé pour cette fin le mercredi 20 Avril dernier lors du Conseil des Ministres. Un décret portant la création, organisation et fonctionnement du comité indépendant de suivi-évaluation de la mise en œuvre des recommandations des Assises Nationales de la Refondation (ANR). Ledit comité sera composé de 15 membres.
Sur la lutte contre la corruption dont la question est revenue plusieurs fois, Dr Choguel Kokalla Maïga a estimé que les dossiers avancent à pas de géant et sans beaucoup de bruits. Pour cela, il a donné la précision que sur une prévision de 40 dossiers, 35 ont été transmis au cabinet d’instruction soit une réalisation de 87,5% ; sur une prévision de 20 dossiers à instruire, 20 dossiers à juger, 23 ont été jugés soit un taux de réalisation de 115%, 5 mandats d’arrêt internationaux ont été décernés par la Chambre d’Instruction de la Cour Suprême. «Par ailleurs, la Cour d’Appel a organisé deux Assises ordinaires et deux Assises spéciales notamment sur la délinquance financière économique, courant 2021 » a-t-il rappelé.
Pour la relance du transport ferroviaire, il a souligné que les dispositifs de la mise en œuvre des actions de plan d’urgence de relance du trafic ferroviaire national sont engagés par le gouvernement. A ses dires, le train roulera au Mali d’ici la fin de l’année 2022.
Pour ce qui est de l’affaire de nomination de Bassidiki Touré à la HAC, le Premier ministre de la Transition a éclairé la presse que le blocage ne vient pas de lui, mais du président Assimi Goïta, parce qu’il a des réserves sur M. Touré après des enquêtes de moralité réalisées par ses services rattachés.
Voilà une autre révélation dans ce dossier, en faisant cela, le Président de la Transition a-t-il lancé un bras de fer entre lui et la presse ?
Par Mariam Sissoko
Source: Le Sursaut