C’est à travers un Centre africain d’études et de recherche- Action pour la paix (CAERAP), créé spécifiquement à cet effet, que l’ancien Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga (AIM) a lancé un appel pour le retour de la paix au Mali. Un cri de cœur lancé depuis l’Hôtel Radisson Blu de Bamako le samedi 6 juillet 2019. Une date désormais historique dans le processus de paix et de réconciliation nationale dans notre pays.
«La vache a du sang dans le corps, mais elle donne le lait qui nourrit», dit un proverbe de chez nous. Et ce sont les grands blessés dans l’âme par la crise qui aspirent le plus à œuvrer pour le retour de la paix. Ainsi, Abdoulaye Idrissa Maïga fait partie de ceux qui ont été profondément perturbés par la très grave crise qui continue d’abimer le tissu social malien et qui a arrosé le sol malien de sang, de larmes et de haine entre les enfants de la même mère-patrie.
Les grands blessés de l’âme et de la conscience ont généralement deux réactions types : la résignation ou le refus de la situation intolérable. En ce moment, très, généralement, on engage le combat des idées ou de l’action. Mais, AIM a décidé de combiner les deux. D’où la présence des deux mots, «recherche-action», dans la dénomination du CAERAP : Centre africain d’études et de recherches-Action pour la paix.
Il s’agit de mener un travail méthodologique de sciences appliquées du genre : études du sol, plans, maquette, ouverture de chantier, préparation du solide qui résiste aux défis et au temps. Il a fallu commencer par le commencement : recenser les «ressentis» des populations locales qui subissent tout au départ et à l’arrivée. Faire une imagerie brute du comment elles vivent la situation et utiliser cette «matière première» pour élaborer un corpus qui prépare et oriente les actions à entreprendre.
Prophétie auto-réalisatrice
Le sociologue Robert K. Merton nous a montré, à travers la théorie de la prophétie auto-réalisatrice que le faux peut engendrer du vrai dans le champ social (tout se déroule sur le champ social). Aussi, une fausse information peut engendrer la plus grande tragédie. On récence le «vécu» et les ressentis à l’état brut et sans intervenir pour mieux les dépasser. Il ne s’agit donc pas d’ignorer ou d’oublier, mais de dépasser. Le dépassement est une attitude positive et stratégique pour dépasser le vécu subjectif et changer le réel : construire la paix en l’occurrence !
Cela se fait avec des femmes, des hommes et avec une organisation conséquente. D’où la motivation d’Abdoulaye Idrissa Maïga à créer le CAERAP. Selon notre entendement, et peut-être que les chroniqueurs vont un jour écrire à son propos, «à quelque chose malheur est bon. Il a fallu qu’Abdoulaye Idrissa Maïga quitte la Primature pour pouvoir se dévouer à la cause de la paix. Et on voit les fruits aujourd’hui». Cela est dans le domaine du possible si les acteurs jouent leur rôle.
Il est vrai que, une fois hors de la Cité Administrative et des contingences de la politique telle que nous la pratiquons, il s’est investi dans l’écriture d’un livre dédié à la problématique de la paix : La création du CEARAP est une suite logique de cet ouvrage (passer des idées à l’action).
L’Appel lancé le samedi 6 juillet 2019 aux Maliens pour parler aux Maliens dans le sens de la recherche de la paix. Il officialise le coup d’envoi des actions du CEARAP désormais de passer du plan et de la maquette à l’édifice tangible. L’appel a été lancé en présence d’une centaine de personnes venues des régions, des cercles, des communes. On notait aussi la présence des leaders des différents cultes, des chefs de groupes, des représentants des différents segments communautaires, les jeunes, femmes et les vieux.
Le vin est tiré, c’est à tous de le boire !
Lire la version intégrale de « L’Appel pour la Paix » à la page 8.
Amadou Tall
Source : Le Matin