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« Anw Ko Mali ! » s’exprime : « Le Chef de l’Etat et le Gouvernement ont compromis la légitimité du processus de dialogue… »

Dans une déclaration, la plateforme « Anw Ko Mali ! », qui regroupe plusieurs partis, associations et mouvements, a indiqué qu’elle ne participe pas au dialogue national. Et pour cause… Nous vous livrons l’intégralité  de cette déclaration de la plateforme présidée par Mme Sy Kadiatou Sow.

La déclaration fondatrice de la plateforme ANW KO MALI DRON du 28 juin 2019 portait sur la situation sécuritaire, le Dialogue national inclusif, la prolongation du mandat des députés et lançait un vibrant appel à tous ceux qui approuvent son contenu à se joindre aux signataires en vue d’une mobilisation patriotique pour renforcer les rangs de la résistance à la partition du Mali et engager un processus de redressement de notre pays.

Six mois après, ANKMD estime de son devoir d’informer sur les actions conduites et de partager avec l’opinion notre analyse de la situation socio-politique et sécuritaire qui prévaut et notre position sur le dialogue national inclusif conduit présentement par le gouvernement.

 

  1. Sur la situation sécuritaire

La situation socio-politique et sécuritaire a atteint un paroxysme inégalé avec la persistance des violences dans le « centre », (assassinats, enlèvements…) avec comme conséquences la détresse de populations isolées, déplacées, déstructuration de l’économie rurale, destruction de ponts…) Et depuis quelques semaines, les attaques ignobles contre les FAMA Mondoro, Boulkessi, Indelimane ,Tabankort ayant entraîné la perte de près de 150 militaires, ainsi que la mort de 13 militaires de la Force Barkhane.

Nous présentons nos condoléances aux familles endeuillées. Nous rendons hommage aux éléments des forces armées et de sécurité tombés au champ d’honneur, ceux de la MINUSMA et de la force Barkhane.

En réaffirmant notre soutien déterminé à nos Forces de Défense et de Sécurité, en réitérant la « Déclaration du Rassemblement de soutien aux Forces de défense et de sécurité » du 15 novembre 2019 et en rappelant fermement aux autorités maliennes qu’il est de leur responsabilité première d’assurer la stabilité et la sécurité sur l’ensemble du territoire malien,

ANW KO MALI DRON exige du Gouvernement de :

  • doter nos forces armées de défense et de sécurité, des moyens adéquats et conséquents pour mener à bien leurs missions régaliennes ;
  • changer radicalement la gouvernance de la défense et de la sécurité et consacrer des ressources suffisantes au financement des opérations de défense et de sécurité ;
  • créer les conditions d’une coordination stratégique et davantage de synergie entre les FAMA, la MINUSMA, la force Barkhane, les partenaires bilatéraux et régionaux du Mali aux plans de la sécurité et du développement ;

La crispation actuelle des relations entre le G5 Sahel et la France, et consécutivement la rencontre prochaine de PAU, au–delà de la forme paternaliste et inacceptable, offre 2

l’opportunité de lever toutes les ambigüités, d’évaluer le dispositif et de dessiner une architecture partenariale de stabilisation structurelle du Sahel.

  1. Sur le dialogue national 2.1 Dans son Communiqué en date du 12 septembre 2019 concluant à sa non-participation à l’Atelier de validation des TDR, ANW KO MALI DRON relevait qu’il aurait été indiqué que le « Triumvirat » dresse un rapport de synthèse des écoutes et documents remis par les uns et les autres, sur l’état du pays, les convergences et les divergences sur l’essentiel du dialogue. Ce Rapport soumis à une Rencontre des Forces politiques et socialesaurait créé un consensus dynamique autour du processus.

Malheureusement, au lieu de légitimer ainsi le processus, le « Triumvirat » par les TDR proposés, porte un dialogue politique inclusif « formaté », en ligne directe de l’accord politique de gouvernance, processus ni inclusif, ni participatif, ni autonome. Ce qui n’est pas conforme à notre vision du Dialogue national inclusif. ».

En effet, la Plateforme AKMD a défini ce qu’on pourrait appeler les « Piliers » indispensables au Dialogue national inclusif qui replace le peuple au coeur du processus endogène de sortie de crise :

➢ « un exercice démocratique hautement participatif » et inclusif du début à la fin du processus;

➢ Le respect de la légalité républicaine et de la démocratie

➢ L’autonomie dans l’organisation et la conduite du processus

➢ Le caractère souverain, donc contraignant des recommandations

➢ Un processus endogène, national

➢ Le libre choix des sujets et questions par les participants

➢ Un processus ascendant, du local au national ouvert à tous les citoyens

Le processus développé depuis, ne répondant pas à un nombre critique de ces piliers, AKMD a décidé de ne pas participer à l’Atelier de validation des TDR proposés par le Comité national d’organisation et le Triumvirat.

2.2. Les TDR, selon les organisateurs, adoptés par cet Atelier ont connu des modifications qui répondraient à certaines préoccupations de la plateforme AKMD et d’autres composantes des forces politiques et sociales qui n’y ont pas pris part. En réalité, un rapide examen des TDR validés montrent qu’il n’y a pas d’avancées déterminantes. Sans être exhaustif, on peut relever que :

➢ Le « Triumvirat » n’a ni prouvé son indépendance, ni déployé une organisation autonome pour piloter l’ensemble du processus : il a fait le choix du maintien de l’organisation décrétée, des structures administratives de commandement…

➢ Le changement de dénomination de DPI en DNI n’a pas intégré les orientations et contenus du Dialogue national inclusif prenant en compte toutes les dimensions du Mali en crise, la globalité, la profondeur de la crise, toutes les communautés, toutes les

forces, tous les citoyens de l’intérieur comme de l’extérieur et en se voulant être le conducteur pertinent pour une véritable union sacrée.

➢ Les modifications apportées au « contexte » et « justificatif » occultent toujours un diagnostic de la crise du Mali. Sans un état des lieux complet et partagé, de quoi va-t-on parler et pour quelles solutions ? Quel projet commun ?

➢ Les changements apportés à la question de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger (APR) et à celle de la révision de la Constitution, les formulations y relatives dans les « objectifs spécifiques », dans les « résultats attendus » et dans la « Thématique n°1 » laissent entendre que le seul objectif inavoué de ce dialogue n’est autre que la révision constitutionnelle en lien avec l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger. A cet égard, ANW KO MALI DRON réaffirme que l’un des principes cardinaux du DNI doit être de ne pas présumer des réformes constitutionnelles et de considérer au contraire le DNI comme le préalable à toute réforme institutionnelle.

➢ La liste de participants est certes plus élargie, notamment avec la participation de représentants des communes au niveau cercle et ainsi de suite jusqu’au national… mais toujours sans les citoyens qu’on ne saurait assimiler uniquement aux représentants de structures, d’associations et autres regroupements habituels (officiels, semi-officiels et para-officiels…). Aucun effort n’a été fait pour imaginer une participation des citoyens dans les quartiers, les villages…

➢ L’existence de thématiques orientées et /ou fermées piège les débats, d’autant plus qu’il n’est mentionné nulle part de façon claire et nette que les participants ont le libre choix des sujets et questions. L’augmentation du nombre des thématiques ne prend pas en compte les interrogations fortes sur notre démocratie visant à refonder l’infrastructure institutionnelle de notre pays, à relégitimer l’Etat sur des bases endogènes, à inventer un nouveau fonctionnement institutionnel, une nouvelle alliance entre les citoyens et leurs gouvernants, une gouvernance territoriale visionnaire, osée et progressive, un système de défense et sécurité repensé, sur nos ressources humaines (éducation, école, santé, qualité de la vie et identité culturelle…),sur notre économie…

➢ Le forcing du calendrier souligne un « dialogue alibi », privant les maliens de se pencher dans les villages, les quartiers, les villes…sur leur situation, celle de leur espace et celle de leur pays et de suggérer leurs solutions.

 

2.3 Conscient qu’aucun sacrifice n’est de trop pour le Mali, ANW KO MALI DRON a rencontré à leur demande, les Familles fondatrices le 07 octobre 2019 et le « TRIUMVIRAT » le 17 octobre 2019, pour écouter leurs exhortations à prendre part au Dialogue national inclusif. AKMD a développé sa conception et tout ce qu’elle a fait pour qu’on enclenche un véritable processus de résorption de la crise malienne. Que penser d’un dialogue national inclusif qui a déjà commencé dans les régions, et cela, sans la participation d’une bonne partie des forces politiques et une bonne frange de la société civile ?

AKMD a indiqué qu’à ce stade, tous ceux qui sont convaincus depuis des années, qu’aucune démarche visant à apporter une solution structurelle sérieuse, durable et efficace à la crise multidimensionnelle ne saurait être envisagée sans la contribution active et constructive de l’ensemble des forces politiques, économiques, sociales et citoyennes du pays, ne peuvent cautionner le «Dialogue national inclusif » conçu et conduit par le Gouvernement et le « Triumvirat ».

Aussi, pour ANW KO MALI DRON,

  • en décidant de manière unilatérale du format, du contenu, des personnalités et de la structure devant conduire le dialogue inclusif, le Chef de l’Etat et le Gouvernement ont compromis la légitimité du processus de dialogue ;
  • en procédant aussi, au lancement du Dialogue National Inclusif et à la tenue des deux niveaux de base et du niveau régional sans d’importants segments des forces politiques et sociales, ils ont, avec le « triumvirat », privé le DNI du terreau mobilisateur que constituent l’apaisement et le sentiment de confiance mutuelle ;
  • en fixant la date du 14 décembre 2019 pour l’ouverture des concertations du niveau national, le Président de la République parachève un processus de Dialogue national inclusif bien loin de celui qu’il annonçait à la nation le 16 avril 2019 : « L’idée d’un cadre de dialogue plus vaste, plus représentatif, plus inclusif fait son chemin et emporte mon adhésion…Ce qu’il nous faut c’est un format qui ne laisse personne sur le quai, qui rassemble les segments les plus divers de notre société… Ce qu’il nous faut, c’est un consensus solide pour notre avenir politique, institutionnel, social, je devrais dire sociétal. ».
  • en indiquant que la mise en oeuvre sera assurée par le mécanisme indépendant de suivi-évaluation proposé par les « Congressistes », il ne confère aucun caractère contraignant aux recommandations et par conséquent aucun pouvoir d’action ou d’injonction à ce mécanisme.

Par conséquent, ANW KO MALI DRON estime que ce qui aurait dû être un moment de mobilisation et de communion des maliennes et des maliens autour de la grave crise que connaît le pays, pour reprendre en mains leur destin commun, se déroule dans l’indifférence, sans engouement, sans esprit de sursaut national. Ce gâchis politique, financier et de temps, qui manque le plus aujourd’hui au Mali et au Sahel, est source de nouvelles impasses.

Dans ces conditions, AKMD ne participera pas non plus à cette phase du Dialogue national inclusif. Il est impérieux d’éviter de nouvelles impasses à notre pays qui traverse l’une des crises la plus grave et la plus complexe de son histoire. Notre pays ne peut pas faire l’économie d’un Dialogue national véritablement inclusif, refondateur, gage d’un processus endogène de redressement du Mali.

QUE DIEU BENISSE LE MALI UN ET INDIVISIBLE ET EN PAIX !!!

Bamako le 10 décembre 2019

Source: L’Aube

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