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Alternative pour faire baisser le taux de la criminalité : Les pistes de solutions de Hamidou B Touré

Dans le cadre de notre mission d’information, nous avons tendu notre micro à Hamidou B Touré, juriste criminologue et instructeur à l’Ecole nationale de Police. Aussi Professeur dans plusieurs universités privées, Il tente d’expliquer ce que c’est que la criminologie, son utilité et propose des techniques de sécurité pour faire baisser le taux de la criminalité.

 Qu’est-ce que le crime ?
Hamidou B Touré : Il y a plusieurs définitions qui ont été données au crime. Selon  la définition juridique, le crime, c’est l’ensemble des comportements qui sont sanctionnés selon le code pénal. Il y’a aussi une définition sociologique qui dit que le crime est l’ensemble des comportements socialement inacceptables mais qui ne sont pas sanctionnés selon le code pénal, ex : la sorcellerie, l’adultère et l’homosexualité qui étaient des crimes mais qui ne sont plus sanctionnés par la loi pénale. Il y’a une définition naturelle aussi qui dit que le crime c’est l’ensemble des comportements qui sont considérés dans toutes les sociétés et à tout moment comme un comportement cruel, tel que l’assassinat, l’homicide volontaire, les incendies graves, les vols avec violence etc. Dans toutes les sociétés, ces genres d’infractions sont sanctionnés par la puissance publique.

 Qu’est-ce que c’est que  la criminologie ?
La criminologie est une science interdisciplinaire qui comporte des éléments du droit pénal, de la sociologie, de la psychologie, de la psychiatrie etc., qui traite le phénomène criminel, les victimes, les détenus et l’effet des sanctions pénales sur les délinquants.

Quelle est l’importance de la criminologie dans la société ?
 La criminologie est une science qui permet d’étudier le phénomène criminel dans la société en se basant sur la nature des infractions commises par n’importe quelle tranche d’âge de la société. C’est aussi une science qui permet d’essayer et de dégager une politique criminelle pour lutter contre ces infractions. C’est à dire la criminalité.

 Quelle est la différence entre la criminologie et la criminalistique ?
La criminologie, comme je l’ai dit dans la définition, c’est la science du crime. Elle vient du latin ‘’crimen’’ qui veut dire le crime et ‘’logos’’ qui signifie la science. Donc c’est la science qui étudie le crime et les criminels. La criminalistique, c’est une technique scientifique comme la médecine légale, les experts en balistique, les prélèvements d’ADN, incorporée dans la criminologie qui permet d’élucider les infractions. On dit en criminologie que le lieu du crime est comme un site archéologique, qui doit être examiné pour trouver des indices qui vont conduire à l’auteur de l’infraction. Nous pouvons à ce niveau parler de la criminalité qui est l’ensemble des infractions commises dans une société, à un moment donné. Il y a la criminalité réelle qui est l’ensemble des infractions commises dans un Etat. Ce nombre n’est pas connu car il n’est pas quantifiable. La criminalité apparente est l’ensemble des infractions enregistrées au niveau de la police et de la gendarmerie et qui ont fait l’objet d’une plainte. La criminalité judiciaire est l’ensemble des infractions qui ont données lieu à une sanction pénale. Là, on exclut les plantes qui ont fait l’objet d’un classement sans suite.

 Au Mali, y’a-t-il combien de criminologues ?
Le nombre de criminologues n’est pas défini parce que de nos jours, il y’a beaucoup de personnes qui se sont spécialisées dans ce domaine. Il y’a des policiers et des professeurs qui l’enseignent à l’école de police, certains à l’école de la gendarmerie. L’ISPRIC a une section en criminologie. Aujourd’hui, nous pouvons rendre grâce à Dieu car, il y a beaucoup de criminologues au Mali.

 Selon vous, à quoi ressemblerait le contexte sécuritaire du Mali dans 10 ans ?
Le contexte sécuritaire du Mali dans dix ans est difficile à définir, parce que les infractions qui sont commises aujourd’hui ne sont pas comparables aux infractions il y’a 10 ans, et les infractions d’aujourd’hui ne seront pas comparables aux infractions dans dix ans. Un exemple frappant, il y’a dix ans l’internet et le téléphone portable n’étaient pas si développés que ça, il n’y avait pas de service de transfert d’argent via le téléphone. Aujourd’hui, Il y a une forme de criminalité qui est l’escroquerie via l’internet, ce sont les ‘’brouteurs’’. Avec le développement des technologies dans 10 ans, il y aura forcément d’autres formes de criminalité.

Comment élaborer les techniques de sécurité pour faire baisser le taux de la criminalité dans un futur proche ou lointain ?
Il y’a d’abord la prévention par l’éducation et la sensibilisation, c’est-à-dire éduquer et sensibiliser les jeunes depuis à bas-âge à ne pas avoir un comportement criminel dans la société. Lorsque cette politique de formation, d’éducation et de sensibilisation sera continuelle à long terme, et lorsque ces enfants deviendront des adultes, ils auront un comportement moins criminel dans la société. Au-delà de cela, il y’a la théorie de la prévention situationnelle. Cette théorie propose une solution en fonction de la situation de danger, ex : choisir une architecture pour se protéger contre les vols par effraction. Il y a aussi la théorie de la prévention par la répression, qui propose un durcissement des sanctions pour prévenir par dissuasion les actes de criminalité.

Face à une situation quelle est la politique de sécurité qu’on doit adopter ?
Admettons qu’on estime que les jeunes garçons de 17 à 25 ans commettent beaucoup plus d’infractions, nous allons penser à une politique sociale. C’est à dire comment créer de l’emploi, des centres de formation pour  occuper ces jeunes pour qu’ils s’éloignent du milieu criminel. Parce qu’un jeune qui suit une formation et qui a une perspective d’emploi  va plutôt se concentrer sur sa formation, et il ne sera plus tenté de fréquenter le milieu délictuel, mais par contre un jeune de 25 ans qui a des besoins comme tout le monde mais qui n’a pas de source de revenu peut se procurer d’un pistolet automatique ou d’une machette. On peut imaginer ce qu’il peut faire avec cette arme. Comme on dit très souvent, une bonne politique sociale est la meilleure politique de sécurité.

Correspondance particulière

Source: LE PAYS

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