Il ne manquait plus que cet article polémique signé du confrère sénégalais, Mamadou Seck, de l’Observateur pour enflammer le lanterneau politique malien. Le parti majoritaire (le RPM), qui en avait gros sur le cœur contre le challenger du président IBK au deuxième tour de l’élection présidentielle de juin et juillet 2013, Soumaïla Cissé, prend à son compte cette bataille médiatique sans porter le gant. Les tisserands croyant mordicus à leur chance d’emporter le duel, invite par voie de communiqué au chef de file de l’opposition à aller au-delà d’un simple communiqué de presse pour s’expliquer sur cette sulfureuse affaire. Ce que Soumi a fait en partie hier à travers un droit de réponse adressé au journal sénégalais « L’Observateur ».
Mais, qu’est-ce qui justifie la soudaine montée d’adrénaline des deux côtés, alors que le climat politique s’était calmé depuis l’annonce de la maladie du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita ? S’interroge-t-on dans certains milieux politiques. L’histoire remonte à la cabale de certains médias français contre le Président de la République, pour des raisons, qu’ils sont seuls à justifier. Au lieu de jouer à la solidarité aux côtés du Président dans cette épreuve au nom des intérêts stratégiques du pays, ‘’Soumi champion’’ et certains de ses camarades de l’opposition se seraient employés à « démonter » l’argumentaire du Président IBK en son temps en le faisant passer pour le plus impropre au monde. Ils amplifiaient les informations « mensongères » diffusées par Médiapart contre le président IBK. Quand bien même qu’ils sont au parfum des enjeux économiques cachés derrière chaque phrase de ce site d’information hexagonal de propagande, qui semble rouler pour la défense des intérêts français dans le monde.
Le mode opératoire de ces médias de propagande est bien connu : la diffusion des nouvelles invraisemblables suffisamment compromettantes pour les régimes dans le seul but de les déstabiliser. C’est une manière de les fragiliser pour permettre à l’Etat français d’obtenir d’eux des marchés juteux au profit des entreprises françaises ou avoir une position dominante dans les affaires du pays par rapport aux concurrents, etc. Au lieu donc de voir la main invisible de la majorité derrière cette machination, Soumaïla Cissé doit interroger à propos de ses amis français, si d’aventure, il est intéressé à savoir l’origine du tir. Car c’est la énième fois que cette affaire refait surface comme l’a si bien rappelé le responsable de la communication du parti de la poignée de mains, Me Demba Traoré, dans un entretien accordé à nos confrères de « Le Prétoire ». Pour mémoire, la presse avait largement fait écho d’un probable détournement des fonds destinés à réaliser des forages dans les huit pays membres de l’Union sur un financement de l’Agence Française de Développement (AFD). Les mêmes médias sont allés jusqu’à parler « des réserves » formulées par certains commissaires, ainsi que le Conseil des ministres sur le rapport de gestion présenté par le président sortant de la Commission, qui n’est autre que l’honorable Soumaïla Cissé. La polémique provoquée par ces révélations en son temps a failli empoisonner la précampagne de ‘’Soumi champion’’ aux élections avortées de 2012.
Comme si l’on sentait de la fumée dans l’air en son temps, la direction de la Communication de l’UEMOA avait initié dans les huit pays membres de l’Union une série de visites de terrain des médias locaux pour faire la lumière sur les réalisations de l’Uemoa sous la houlette de Soumi. Alors se reprochait-il quelque chose ? La question mérite tout son sens. Car, il est impensable que le gouvernement français, à travers l’AFD finance un projet devant être exécuté par des entreprises outre que celles françaises. Ils n’arrêteront jamais de remuer cette affaire, jusqu’à ce qu’ils mettent le doigt sur le pourquoi de l’exclusion des entreprises françaises de la compétition. Il a donc eu tort de rire d’IBK en premier. Lorsque l’honneur de son Président est engagé en dehors du pays, l’on se doit de le défendre surtout qu’on aspire à gouverner ce même pays un jour. IBK a été trimbalé dans la boue par Médiapart sans que Soumi ne lève le petit doigt. A son tour aujourd’hui de souffrir de cette humiliation, surtout qu’elle vient de ses amis français. Encore qu’à l’intérieur de l’opposition, certains « amis » de circonstance ne le portent pas dans leurs cœurs. Donc, le tireur est peut-être caché dans le bois à côté de lui sans qu’il ne se rende compte. Dans des circonstances pareilles, il y a de forte chance que le tireur atteigne sa cible sans grandes difficultés. Surtout, ces derniers temps, il a multiplié des bourdes sur les réseaux sociaux. Certaines de ces déclarations auraient provoqué l’ire de certains de ses « amis » de l’opposition, qui ne se sont pas empêché de se faire une idée de son niveau de culture générale en politique.
Dans tous les tous cas de figure, la polémique enfle entre majorité, qui jubile aujourd’hui des déboires de Soumi, et l’opposition qui est plongée dans le calcul politique d’évaluation de l’impact de cette communication politique sur la côte de popularité de l’homme au sein de l’opinion publique nationale et internationale. En guise de réaction, l’opposition envisage de reprendre l’initiative de la marche qu’elle projetait d’organiser, il y’a quelques semaines. Mais, reportée sine die pour cause de maladie du Président de la République. Réussira-t-elle à faire passer l’éponge sur cette ténébreuse affaire ? L’avenir nous en dira plus. Toutefois, il est bon de tirer des dividendes de cette ‘’mini crise’’ entre les deux blocs politiques. Les piques entre les deux premières formations politiques : le RPM et l’URD, donnent de la matière à la classe politique qui se réveille tout d’un coup d’un sommeil profond.
Comme pour donner de la profondeur aux initiatives de l’opposition, qui semble disposée à soutenir leur « leader », la BCEAO en ajoute à la polémique en déclinant au travers des colonnes de certains médias, toute implication dans le mouvement bancaire à l’origine de tous ces tiraillements. N’est-ce pas une sorte de démenti sans la forme. Car nul n’ignore que dans ces genres de polémiques politiciennes, les institutions financières, qui ont horreur du bruit autour de l’argent, préfèrent l’anonymat. Mais, il est tout de même préférable de laisser libre court aux débats sans avoir la prétention de l’étouffer. Comme IBK l’a fait un moment avec courage et confiance. Car, comme dirait l’autre, c’est de la discussion que jaillit la lumière qui éclaire les zones d’ombres. Ça fait longtemps que les Maliens attendaient ces genres de confrontations. Même si c’est au moyen des communiqués contradictoires diffusés par voie de presse, elles contribuent tout de même à l’enracinement de la culture démocratique dans notre pays.
M. A. Diakité
Source: Tjikan