Le représentant du candidat Soumaïla Cissé au sein de Commission nationale s’est retiré le mardi dernier. Abdouramane Diarra explique son départ: « J’ai claqué la porte [de la Commission] pour dénoncer les bourrages d’urnes que nous constatons dans les résultats qui [nous] arrivent du terrain ».
Le vote empêché dans 490 bureaux
Au second tour de la présidentielle à l’intérieur du pays des incidents ont été enregistrés dans le Centre et le Nord. La majeure partie des incidents signalés se sont produits dans la région de Mopti. Tout d’abord, dans la commune de Saa, cercle de Youwarou, le vote a été suspendu dans une partie de la localité. Des témoins ont affirmé que le président du centre a fui avec l’urne. D’autres agents électoraux ont dû fermer les lieux par peur de représailles de groupes armés.
Dans d’autres communes de Youwarou, notamment à Ndodjiga, des bandits armés ont attaqué et saccagé le matériel électoral. À Douentza, dans les 13 bureaux de vote de la commune de Gandamia, seulement 1 a pu ouvrir. Toujours dans le cercle de Douentza, à Nokara, après avoir ouvert les 3 bureaux de vote, les agents électoraux accompagnés des militaires, ont fermé les lieux. Ils n’ont donné aucune explication. Le dispositif sécuritaire a été renforcé à Koro pour permettre l’ouverture de tous les bureaux du cercle. Selon le préfet, « le scrutin s’est déroulé normalement ». À Niafunké, deux attaques dans des centres de vote se sont produites dans la commune de Fitouga. Des agents électoraux ont été molestés et le président du bureau de vote a été tué au cours de l’attaque. D’autres agents ont pu regagner les villes sains et saufs. Il n’y a pas eu de vote dans le village de Tin-Nam dans le cercle de Dire, région de Tombouctou. Le matériel électoral a été enlevé la veille du scrutin par des individus armés non identifiés. Pour le bon déroulement du vote de ce second tour, 36 mille éléments des forces armées et de sécurité ont été déployés dans le pays pour assurer la sécurité des agents électoraux et de la population. Et selon le ministre de la sécurité et de la protection civile, par mesure de vigilance, le dispositif restera en place jusqu’à la proclamation des résultats.
Le Sadi dénonce « l’achat de conscience »
Le parti SADI de son côté dénonce « l’achat de conscience et les nombreuses fraudes qui ont marqué le premier tour de la présidentielle ». Le parti appelle ses militants à boycotter le second tour et à rester mobiliser pour obtenir « l’annulation pure et simple de ces élections ».
Un deuxième tour sur fond de violence
Le président d’un bureau de vote encadrant la tenue du second tour de l’élection présidentielle a été tué dimanche par balles par des hommes armés au sud-ouest de Tombouctou, dans le nord du pays, ont indiqué des sources sécuritaires et un élu local.
“Des jihadistes sont venus vers 13H30 (GMT et locale) dans un bureau de vote d’Arkodia”, une localité située à quelque 100 km au sud-ouest de Tombouctou, dans une zone régulièrement visée par des attaques de groupes islamistes, a indiqué un élu local. «Ils ont demandé à tout le monde de lever les mains. Le président du bureau de vote a voulu fuir. Les jihadistes ont tiré sur lui et l’ont tué”, a-t-il ajouté. «Ils ont molesté tout le monde. Ils ont interdit le vote”, a-t-il poursuivi. Les groupes jihadistes, chassés en 2013 de cette région par une intervention militaire française, avaient qualifié “d’illusion” cette élection. “Six personnes sont entrées dans le bureau de vote et ont assassiné le président”, a confirmé une source proche de la police. «Les quatre assesseurs ont été molestés et le bureau de vote a été brûlé”, a précisé le Pool d’observation Citoyenne du Mali (POCIM), qui a déployé sur le terrain plus de 2.000 observateurs. Egalement dans le nord du Mali, dans le village de Kiname, à 120 km de Tombouctou, “des hommes armés sont venus et ont emporté tout le matériel électoral au bord du fleuve et l’ont incendié, avant de repartir”, a déclaré un habitant. Lors du premier tour le 29 juillet, quelque 3% des 23.000 bureaux de vote étaient restés fermés en raison de violences, empêchant près de 250.000 Maliens de se rendre aux urnes, surtout dans le Centre et le Nord.
L’Aube