L’intérêt des jeunes filles à vouloir redevenir vierge dans notre pays est un phénomène qui prend de l’ampleur. A Mopti, les jeunes filles ont recours à des moyens médicalement déconseillés pour éviter le déshonneur.
La virginité est un sujet difficile à aborder avec la gente féminine quand on est un homme, mais aussi parce que c’est une affaire de secret de famille. Aujourd’hui, beaucoup de foyers sont fondés sur ce qu’ on pourrait appeler le « mensonge sur la virginité ».
Longtemps considéré comme un sujet assez préoccupant, qui ne se limitait qu’à la campagne, la question de la virginité est revenue sur le devant de la scène avec l’engouement des jeunes couples à vouloir perpétuer une tradition qui semble de plus en plus loin de leur portée. Au début, dans nombre de sociétés, la virginité était considérée comme étant l’ordre normal des choses. Une jeune fille doit attendre son mari pour connaître son premier rapport sexuel. Mais, cet ordre semble être inversé avec le temps. La virginité est devenue une véritable obsession aujourd’hui.
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« Maya Dialan »
Elles sont nombreuses les jeunes filles qui cherchent à resserrer leur vagin partiellement ou tout simplement à « redevenir » vierge au grand bonheur de leurs parents et futur mari. Ce statut de fille vierge, conférant aux parents l’honneur, le respect, la fierté dans la société. Dans certains milieux, ce statut rapporte gros et à la fille et aux parents : « Ma belle-famille m’avait promis un million de francs CFA et beaucoup d’autres cadeaux à mes parents, au cas où je serais vierge avant mon mariage », témoigne Fanta, une jeune étudiante.
À Mopti, les magnamakas, ces femmes qui encadrent et donnent des conseils de vie conjugale à la mariée, semblent avoir encore plus de poids dans l’union des jeunes couples. En plus de leur rôle traditionnel pour accompagner la jeune nouvelle mariée, lors des trois nuits de la chambre nuptiale (communément pratiquée à Mopti et dans plusieurs autres localités du Mali), elles proposent d’autres services, à savoir des produits qui permettent de « conserver » son mari.
Selon elles, ces produits permettent de resserrer le vagin ou de redevenir vierge. Elles les appellent « Maya Dialan » (qui met du sel dans la vie) : ces produits faits à base de feuilles de goyave, de beurre de karité, d’argile verte… B. D. est femme au foyer. Elle a deux filles qui se sont mariées en 2018. Elle affirme avoir eu recours aux services d’une magnamaka pour ses filles : « J’ai failli perdre la tête lorsque j’ai su que mes enfants n’étaient pas vierges. Dans notre communauté, on ne badine pas avec cette question. J’ai donc décidé, à travers une amie, de recourir au service d’une vieille dame qui m’a aidé avec des produits que mes filles ont utilisé », déclare-t-elle.
Une pratique déconseillée
Elle ajoute qu’à de nombreuses reprises, lors de ses discussions, ses clientes lui ont expliqué avoir utilisé un produit en poudre qu’on place préalablement dans le vagin avant d’aller au lit : « Après plusieurs tentatives auprès de quelques magnamakas pour en savoir plus sur le produit, je n’ai pas pu connaître sa composition. Mais, une amie m’en a proposé avec leur prix qui varie entre 20000 FCFA et 30000 FCFA, plus un pagne », témoigne-t-elle.
Pour en avoir le cœur net, j’ai décidé de demander à un pharmacien de la place, s’il vend des produits qui peuvent permettre de redonner la virginité. « Nous n’avons pas de produits en vente qui puisse redonner à la femme sa virginité», répond-il de façon claire et nette. Du côté de la médecine moderne, les professionnels sont unanimes sur le fait qu’il faille recourir à la chirurgie pour rétablir l’hymen : l’hyménoplastie.
Assa Tangara, gényco-obstétricienne au Centre de santé de Goundaka déconseille aux filles de recourir aux produits vendus sur le marché pour resserrer le vagin, car ceux-ci peuvent avoir des conséquences néfastes sur leur sexualité. Elle estime que l’utilisation de ces produits peuvent provoquer des infections vaginales qui, à force de se répéter, peuvent aboutir au cancer du col de l’utérus.
Source : benbere.org