Vous vous demandez, ou au contraire, pourquoi toutes ces candidatures farfelues à l’élection du président de la République. C’est à cause de l’exploit de mon cousin. Lequel n’a rien réussi de mieux que de renforcer en le citoyen lambda le sentiment qu’il valait mieux que lui-même. Et pourtant, c’est vrai.
Alors, pourquoi pas moi, président de la République ? L’actuel s’est révélé être un moineau. Pourquoi, ne serais-je pas président de la République, si cela me confère la possibilité de faire manger, avant tout le monde, ma famille d’abord ? Pourquoi, ne prétendrais-je pas à la magistrature suprême, si cela me donne les attributs d’un demi-dieu, voire d’un messie ?
Pourquoi, n’ambitionnerais-je pas d’occuper le fauteuil présidentiel, si ça peut m’assurer l’impunité de ma désinvolture ; si ce fauteuil peut me conduire à me conduire comme un gamin, s’il peut m’assurer l’absolution de mon irresponsabilité ?
Alors, pourquoi, ne permettrais-je pas à ma camarilla de manger à «s’en péter la sous-ventrière» ? Ceux qui sont là ne font guère mieux. Mon cousin l’a déclaré il y a peu : «…Beaucoup accourent quand le plat est servi, mangent à satiété, et de peur d’avoir à participer à la vaisselle, bien rassasiés, se retirent piteusement…».
«J’ai été à la Mecque, j’ai fait les sept tours pendant que ceux qui disent Boua ka bla dormaient…». Un gamin saurait faire preuve d’une plus grande agilité d’esprit. Pas mon cousin. Bouffé par l’irresponsabilité, il pense être bien fondé de «dégainer» une telle absurdité.
Tu as beau traiter les autres d’opportunistes et d’avoir un singulier sens de la dignité, crois-moi, cousin, tu as tout autant toutes les raisons de raser les murs. Toi qui as trouvé en Tiébilé Dramé ta propre qualité : un petit monsieur.
Issiaka SISSOKO
Le Reporter