La décision avait été prise par la Cour Pénale Internationale (CPI) en novembre 2021. Condamné, en 2016, pour son rôle dans la destruction des mausolées de Tombouctou, en 2012, Ahmad Al Faqi Al Mahdi est libre, depuis hier, dimanche. Sa peine de neuf ans avait été réduite de deux ans pour » la bonne conduite » qu’il aurait affichée lors de sa détention, ainsi que les » remords » exprimés pour ses agissements.
Rappelons que la décision de réduire sa peine de neuf ans d’emprisonnement avait été prise par la Chambre d’Appel de la Cour, basée à La Haye, en novembre 2021. Dans un communiqué, rendu public pour la circonstance, cette instance de la CPI avait indiqué que » cette peine sera donc purgée au 18 septembre 2022 « .
Rappelons que c’est en octobre 2021 qu’Ahmad Al Faqi Al Mahdi avait demandé à être libéré, affirmant être devenu un autre homme en détention. Il avait été condamné, en septembre 2016, à neuf ans de prison pour avoir dirigé intentionnellement des attaques contre la porte de la Mosquée Sidi Yahia et neuf des mausolées de Tombouctou (Nord du Mali), classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco et détruits à coups de pioche, de houe et de burin.
Pour prononcer cette libération, les juges de la CPI » ont tenu compte de plusieurs éléments tels que l’instabilité sociale que pourrait causer une libération anticipée dans le Nord du Mali, les possibilités de resocialisation et de réinsertion de M. Al Mahdi et la coopération dont il a fait preuve depuis qu’il a été remis à la Cour, en septembre 2015 « .
» Gardant à l’esprit les vues exprimées par la République du Mali et par les victimes, les juges ont estimé que la réduction ne devait pas s’appliquer à la totalité du temps qui reste à purger par M. Al Mahdi « , a-t-elle ajouté, précisant que » les dispositions nécessaires à la libération de M. Al Mahdi seront prises, le moment venu « , soit en septembre 2022. Il convient de préciser que le Mali et d’autres représentants de victimes s’étaient opposés à toute réduction de peine, estimant que » les populations
maliennes, dans leur généralité, et celles de Tombouctou, n’ont pas fini de panser leurs blessures suite aux agissements d’Ahmad Al Mahdi « . Ils craignaient que sa libération et son possible retour au Mali, notamment dans la région de Tombouctou, » impliquent un renouement avec le(s) groupe(s) armé(s) sévissant dans la région ».
Soulignons aussi que cette libération ne remet pas en cause le processus d’indemnisation des victimes à travers le Fonds alloué pour la circonstance. On se souvient qu’outre sa condamnation par la CPI, à 9 ans d’emprisonnement, Ahmed Al-Mahdi devait également verser la somme de 2,7 millions d’euros (soit environ 1 milliard 770 millions FCFA) comme réparation en faveur des victimes de son crime. Puisqu’il n’avait pas les moyens de s’acquitter de cette condamnation, la CPI dispose d’un mécanisme pour ce faire, financé par des contributions volontaires versées par des États parties, des fondations et des particuliers. Par ailleurs, il faut aussi indiquer que, depuis son transfèrement à la Haye, en septembre 2015, Ahmed Al-Mahdi » est passé aux aveux et a souhaité coopérer pleinement avec la Cour « . Tout en plaidant coupable à son procès, il a coopéré pendant toute la procédure et » n’a entrepris aucun acte de nature à prolonger les procédures ou semer l’incertitude « , selon les juges. Ce qui a, sans doute, favorisé cette libération prématurée.
Massiré DIOP
Source: l’Indépendant