L’éducation financière fait l’objet d’une attention particulière sur le plan international depuis la crise économique de 2008. Elle est devenue au fil des ans un outil indispensable pour améliorer l’accès, lutter contre le surendettement et contribuer à la réduction des inégalités et de la pauvreté. Dans l’espace Uémoa, l’éducation financière est le processus qui consiste à informer, sensibiliser et former les populations sur les concepts financiers.
Le but étant l’amélioration de leur connaissance en vue de guider le choix en matière financière à chaque étape de leur vie. À cet effet, la Banque centrale pour le Mali a, dans le cadre de la 2è édition de la Semaine de l’inclusion financière, organisé une session nationale de sensibilisation sur l’éducation financière et la protection des consommateurs, jeudi à l’Université de Kabala. La rencontre, présidée par le conseiller technique au ministère de l’Économie numérique et de la Prospective, Mme Mariko Assa Simbara, a enregistré la présence du directeur national de la BCEAO pour le Mali, Konzo Traoré.
Cette séance répond à un besoin réel. L’état des lieux de l’éducation financière dans l’Uémoa révèle que de nombreuses initiatives sont entreprises dans les pays en faveur de l’amélioration de la culture financière des populations. Ces idées ont conduit à la mise en place, en 2018 au Mali, d’un programme national d’éducation financière et d’un manuel d’éducation financière, à l’intention des institutions de micro-finance.
Cependant, des défis restent à relever. Entre autres challenge à relever : l’absence d’un cadre de coordination des interventions en éducation financière, l’insuffisance de compétences techniques en la matière dans les États, l’absence d’actions structurantes d’éducation financière, l’insuffisance de ressources financières pour la mise en œuvre des actions identifiées.
Des difficultés pouvant être résolues grâce aux opportunités qu’offre le numérique. Mme Mariko Assa Simbara a, dans son allocution d’ouverture, expliqué que dans tous les pays du monde, notamment ceux en développement, les télécommunications et les Technologies de l’information et de la communication (Tic) constituent des moyens indispensables pour le développement social, économique et culturel des populations. Au Mali, le numérique fait partie du secteur tertiaire qui impacte positivement la croissance économique du pays, a affirmé la conseillère technique. L’enjeu pour le Mali est non seulement de pérenniser les avancées déjà réalisées, mais aussi et surtout de permettre l’insertion de notre pays dans la société de l’information, via une intégration amplifiée et largement diffusée du numérique au niveau de tous les acteurs de la société : administration publique, entreprises et citoyens.
Face à ce défi, a-t-elle indiqué, le gouvernement à travers le département de l’Économie numérique et de la Prospective, entend impulser une nouvelle dynamique dans la création de valeur ajoutée, «sans laquelle aucun développement durable ne peut être réalisé». Pour concrétiser cette volonté, l’exécutif national a approuvé le 15 février 2016, la Politique nationale de développement de l’économie numérique et son plan d’actions 2016-2020. Elle vise à renforcer l’utilisation des Tic au service du développement.
À sa suite, le directeur national de la BCEAO pour le Mali a souligné que l’élargissement de l’accès aux services financiers, basé essentiellement sur l’utilisation des nouvelles technologies, ne peut être dissocié de l’éducation financière des populations et de leur protection. Il est donc primordial, dira Konzo Traoré, de placer l’éducation financière et la protection des consommateurs au cœur des stratégies visant à accroître l’inclusion financière.
Des statistiques publiées par les Nations unies, il ressort que dans les pays de l’Union, plus des 2/3 de la population sont jeunes. 45% des personnes âgées de plus de 15 ans ne sont pas alphabétisés. La présente session sera donc l’occasion de rechercher les voies et moyens pour atteindre ces cibles dans le domaine du renforcement de leur culture financière, gage d’une utilisation efficace et éclairée des services financiers digitaux, a expliqué le patron de la BCEAO pour le Mali. « L’éducation financière permet en effet de renforcer la confiance des populations envers les institutions financières, de contribuer à accroître leur accès aux services financiers et d’en faciliter l’usage », a soutenu Konzo Traoré. Pour lui, elle est devenue la clé de voûte pour un système financier numérique profond et inclusif. C’est pourquoi, rappellera-t-il, la Banque centrale s’est investie, dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie régionale d’inclusion financière, dans l’élaboration d’un programme régional d’éducation financière» a-t-il dit. Avant de souligner que la BCEAO, en tant que régulateur, ne ménagera aucun effort pour fournir aux usagers des services financiers, les informations nécessaires sur leurs droits et obligations afin de leur permettre de prendre des décisions financières avisées, en connaissance de cause et réduire l’asymétrie d’information.
Aminata Dindi
SISSOKO
Source: L’Essor-Mali