Au Zimbabwe, nouveau coup de théâtre ce vendredi matin. Le président Robert Mugabe a fait sa première apparition publique depuis le coup de force de l’armée, mercredi. Il s’est rendu à une cérémonie de remise de diplômes universitaires à Harare. Et alors qu’on le croyait en résidence surveillée, il est apparu libre.
C’est une véritable surprise. Le chef de l’Etat Robert Mugabe s’est rendu, ce matin, à une réception organisée par l’université Zimbabwe Open à Harare. Il le fait chaque année, pour remettre un diplôme de fin d’étude aux étudiants qui terminent leur cycle. Et ce matin, personne ne s’attendait à ce qu’il soit présent. Il était vêtu d’une robe universitaire jaune, d’une toge bleue et d’une coiffe assortie. Cela ressemble à un véritable coup de communication.
En effet, avec cette visite, Robert Mugabe montre qu’il est libre qu’il est toujours le chef de l’Etat et qu’il est toujours aux manettes. Côté militaires, qui affirment depuis le début que ce n’est pas un coup d’Etat, le message est clair. « Vous voyez le chef de l’Etat est libre, nous n’avons pas suspendu la Constitution. Nous sommes en discussion, en négociation ».
Négociations difficiles
Des négociations qui n’ont pas encore abouti. On sait que le président a rencontré les responsables de l’armée, jeudi après-midi, ainsi que les deux envoyés spéciaux de l’Afrique du Sud et un médiateur ; Il ne s’agit pas de n’importe qui puisque ce prêtre est le confident de Robert Mugabe depuis 20 ans.
Il est très difficile de savoir ce qui est ce qui est ressorti de la négociation. Visiblement, il y a des blocages et c’est pour cela qu’il n’y a pas d’annonce. Les militaires exigent la démission de Robert Mubage et qu’il laisse sa place à son ex-vice-président Emmerson Munangagwa. Mais Mugabe s’accrocherait et ne voudrait pas partir du moins pas tout de suite.
Les sources les plus fiables parlent d’un accord, mais ce qui bloquerait ce serait le calendrier. Difficile de s’entendre sur la date du départ de Robert Mugabe : immédiatement, après le congrès de la Zanu-PF, le parti au pouvoir le mois prochain, ou encore après les élections présidentielles l’année prochaine. Tout cela reste encore très incertain.
Et si Mugabe refuse de démissionner. Ce sera un véritable problème, car les militaires poussent pour avoir une transition constitutionnelle avec un ex-vice-président restauré dans ses fonctions et qui succèderait à Mugabe. Une transition acceptable pour tout le monde, y compris l’Union africaine, la SADC. Mais si Mugabe refuse, cela va devenir difficile pour l’armée de rester dans cette situation et de prétendre qu’il ne s’agit pas d’un coup d’Etat.
Enfin, dans le même temps, le chef des anciens combattants de la guerre d’indépendance a exhorté le président Robert Mugabe à quitter le pouvoir et appelé la population à manifester samedi à Harare pour soutenir l’armée.
RFI