Un bras de fer oppose le Premier ministre, Boubou Cissé, au mouvement Dana Ambassagou, suite à la décision du premier de lever les check-points sur la route nationale N°15, appelée ‘’route de poisson’’. Une décision qui a suscité la colère de la communauté dogon qui sent sa sécurité menacée en l’absence des chasseurs sur ledit tronçon. Des réactions ont fusé de partout sur les réseaux sociaux. La dernière fut celle du premier responsable de Dana Ambassagou, Youssouf Toloba.
«Tout le monde sait comment était la situation le jour où on a installé ces check-points au bord de la route. Les djihadistes interceptaient les véhicules, faisaient descendre les passagers et les tuaient. Tout cela s’est déroulé au temps de Boubou Cissé. Mais il n’a dit aucun mot », a déclaré Youssouf Toloba dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le jeudi dernier. En effet, le Premier ministre Boubou Cissé a décidé de lever tous les check-points des chasseurs sur la route nationale N°15 lors de sa visite dans la région de Mopti, la semaine dernière. Le Gouverneur de Mopti, quelques jours après la décision du gouvernement, a informé de la levée de tous les check-points « sans incident ». Voilà ces deux sorties qui ont suscité la colère de Youssouf Toloba.
Selon le premier responsable de Dana Ambassagou, les check-points des chasseurs sont installés sur ce tronçon parce que les djihadistes profitaient de l’absence de l’État pour faire attaquer les passagers. « À l’installation de ces check-points, j’ai instruit aux chasseurs de contrôler les patrons, ceux qui passent avec de belles voitures, car ce sont eux qui font entrer les armes », a affirmé le chef d’état-major de Dana qui dément tout racket de la part de ses éléments.
Parlant de la prétendue levée des check-points comme annoncée par le Gouverneur de Mopti, Toloba a démenti l’information et affirme contrôler toujours les check-points en question. « Là où ils veulent vraiment qu’on quitte, c’est le lieu de passage direct des djihadistes qui traversent le fleuve pour semer la terreur de l’autre côté. Si on abandonne ces postes, rien ne les empêchera plus de rentrer à Bandiagara et ailleurs », a expliqué Youssouf Toloba, qui a précisé avoir sollicité, auprès du Gouverneur de Mopti, de la présence de l’armée dans le secteur lors d’une rencontre, le 25 février dernier, sur la question de la levée des check-points.
« Nous leur avons dit de faire venir l’armée malienne dans toutes les zones que nous occupons. Et nous les chasseurs, nous allons entrer dans la forêt pour fouiller où se trouvent les forces du mal. Au lieu de cela, ils ont dépêché quelques éléments à notre poste de Mandoli. Et dès que ceux-ci sont arrivés, j’ai ordonné aux chasseurs de se replier dans la ville », a-t-il déclaré dans sa vidéo. Sur la question de la levée de tous les postes, le chef d’état-major de Dana Ambassagou a été on ne peut plus clair : « Nous n’allons lever nos check-points qu’à l’arrivée des FAMa ».
Selon Toloba, des villages ont été attaqués après le retrait de ses éléments de certains check-points sur demande des autorités. « Cette fois-ci, nous ne tomberons pas dans cette erreur. Si l’armée s’installe, nous on abandonne la localité sur place. Dans le cas échéant, nous ne bougerons pas d’un iota », a-t-il laissé entendre. Youssouf Toloba a aussi affirmé qu’il est prêt à montrer à l’État tous les nids des djihadistes au pays dogon. « Si l’État est prêt à combattre les djihadistes, nous pouvons lui montrer tous leurs nids. Ils sont sur la côte et l’État les trouvera là-bas », a-t-il révélé.
Parlant de l’attaque de Ogossagou, Toloba nie l’implication de ses éléments. « Tout ce que je sais, c’est que Dana Ambassagou n’a pas attaqué Ogossagou », dit-il avant de préciser que les véritables coupables sont ceux qui ont abandonné le village. « Si des coupables doivent être arrêtés après l’attaque de ce village ce sont les militaires qui ont quitté le village », a affirmé le chef de la branche militaire du mouvement d’autodéfense Dana Ambassagou.
Toloba appelle au dialogue
Pour le premier responsable du mouvement d’autodéfense Dana Ambassagou, il est temps d’aller au dialogue avec tout le monde. « Ce que nous demandons aujourd’hui, c’est le dialogue. Appelez les chefs djihadistes pour que nous discutions. Il faut que l’État fasse cela, c’est tout ce qui peut ramener la paix dans la zone », a proposé Toloba.
Boureima Guindo
Source: Journal le Pays- Mali