Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

YOUNOUS HAMEYE DICKO, PRESIDENT DU RDS : « La survie du Mali dépend de la tenue correcte des élections programmées….»

Le mandat du Président IBK tire vers sa fin. A quelque encablure de cet événement, il est question d’organisation des élections présidentielles en juillet. Mais auparavant, des élections locales et régionales sont programmées au mois d’avril dans un contexte sécuritaire préoccupant.

C’est pourquoi, selon le Président du Rassemblement pour le Développement et la Solidarité(RDS), Professeur Younous Hamèye Dicko, 2018 constitue pour le Mali comme une année délicate. Vice-président de la CMP, le doyen Younous, non moins Président du Conseil d’Administration de la SOMAGEP-SA, estime qu’il faut être réaliste face à ces enjeux. Dans cette interview, cet ancien ministre et ancien DG de l’ORTM expose sa lecture de la situation et adresse un message fort à la communauté internationale. La Lettre du Peuple : Quelle analyse politique faites-vous des enjeux sécuritaires et électoraux en République du Mali ? Younous Hamèye Dicko Je ne sais pas quelle devrait être la démarche du Gouvernement. Je pense que 2018 est une année délicate. Elle est délicate sur beaucoup de plan. La sécurité pose problème. Les enjeux électoraux qui arrivent cette année constituent un défi majeur pour la nation malienne. Je crois qu’il faut être réaliste. Nous avons des situations graves dans le pays depuis des années et particulièrement depuis 2012. Nous avons vu le pays pratiquement occupé jusqu’à Konna par des djihadistes. Ce n’est même pas les indépendantistes. Ce sont des combattants religieux qui ont envahi le pays et qui ont même chassé les indépendantistes. Nous avons fait face à un type nouveau de conflit et de trouble dans notre pays. Nous avons fait face ou vu des gens qui veulent se tailler un morceau dans notre pays pour en faire leur siège et leur QG de conquête de l’ensemble de ce territoire sahélo-saharien. Sur ce, un coup d’Etat est arrivé qui a également perturbé l’ensemble des choses. Nous pensions que ce coup d’Etat devait être un atout pour empêcher les terroristes, les djihadistes et les indépendantistes de perturber davantage notre pays. Malheureusement, cela n’a pas été pour des raisons que nous connaissons tous. Tout simplement, il y a eu une coalition internationale en rapport avec l’ancien régime pour que ces militaires n’aient une seule arme pour pouvoir défendre le pays et pour pouvoir sécuriser le reste du territoire. Cela a vu l’intervention des troupes étrangères pour nous aider. C’est le cas de la France qui est intervenue pour stopper avec nos forces armées l’invasion des djihadistes. On se rappelle aussi des attaques qui sont venues jusqu’au sein de Bamako, dans nos hôtels, quartiers etc. Tout cela a constitué des troubles majeurs dans notre pays et accentué l’insécurité et le terrorisme dans le pays. Tout cela a constitué une insécurité grave. Ensuite, une autre insécurité est arrivée. C’est celle qui est portée par des guerriers au centre du pays au point où, on n’a pas oublié ce qui se passe à Gao, Tombouctou et Kidal. Mais on a fait un terrible réveil lorsque nous avons vu que dans le centre du pays, Mopti et Ségou sont terrorisés. Ne parlons pas de Nioro et Kayes et aussi du sud du pays vers Kadiolo et consort. A cela, il faut ajouter le problème du referendum qu’on a voulu organiser pour modifier la Constitution. Cette fois, c’est des troubles sociaux, politiques qui ont été créés et qui n’ont pas tenus compte de la fragilité du pays, du tissu social et même de la gouvernance et de la politique de la nation. Tout ceci réuni a constitué un tissu d’insécurité qui s’est établi dans le pays. Cette situation a donné l’impression qu’en vérité nous n’existions pas. On porte des coups partout. Aucun coup n’est rendu. C’est là tout le désespoir pour les populations qui ne comprennent pas comment on peut nous maltraiter à ce point-là sans que nos armées réagissent vigoureusement et remettre les insolents à leur place. Tous ces voyous qui se promènent dans le pays pour couper les routes et qui empêchent les gens de circuler ne sont mêmes pas des rebelles. Ce sont des bandits qu’il faut arrêter. C’est pour cela que nous nous sommes retrouvés dans une situation où personne ne croit en rien, et en personne. Dans ces conditions, le problème est posé particulièrement à partir du premier janvier 2018 jusqu’aux élections. C’est cette période qu’il va falloir gérer heure par heure, centimètre par centimètre sur notre territoire. En ce qui concerne l’insécurité, je pense que les autorités sont très engagées et déterminées à en découdre avec tous les ennemis de la paix pendant ces mois à venir pour assurer la sérénité et l’apaisement des populations. Tout a été mis en place pour cela. Les plus hautes autorités sont sur la question. Un nouveau gouvernement vient d’être mis en place. Je pense que c’est un gouvernement de combat. Quel que soit ce qu’on peut penser, personne ne peut douter du professionnalisme du Premier ministre qui a été nommé. Je crois que personne ne peut douter même de sa capacité d’appréhender les problèmes. Mais la solution ne dépend pas que de lui. La solution ne dépend même pas que du Président de la République. La solution dépend de l’union de toutes les forces vives du pays, du ralliement du Peuple malien à sa propre sécurité. Aussi bien au niveau de la défense nationale. Je crois que l’armée malienne a été aujourd’hui plus préparée que par le passé. Chacun sait qu’elle est en force aujourd’hui et qu’elle apparait de plus en plus déterminée à défendre son honneur et son pays. Les équipements sont là. Les matériels militaires sont là. Tout le monde voit la préparation des forces armées et de sécurité. Maintenant, c’est l’action qui reste. Et l’action n’est pas seulement le militaire sur le terrain. C’est aussi son commandement. Nous avons vu dans le passé que les militaires qui étaient sur le terrain cernent l’ennemi, le prennent. Mais c’est de Koulouba qu’on téléphone pour faire libérer les chefs bandits, les criminels au détriment des militaires qui sont en face d’eux et qui ne peuvent plus opérés comme il faut. Comme dans toutes les armées du monde, lorsqu’on est sur le théâtre de l’opération, ce sont les officiers qui commandent et qui décident et non les politiques dans leurs bureaux. Nous sommes dans une situation extrêmement grave. Il faut que l’armée fasse son travail et qu’on la laisse libre dans son action. On ne peut plus accepter ce qui s’est passé par les années précédentes. Je crois que l’armée elle-même ne devrait plus accepter qu’on l’empêche de faire son devoir sacré de défendre son territoire, ses femmes et ses enfants. On ne peut voir recommencer ce qui s’est passé. On n’avait jamais vu nos hommes en tenues qui quittent leur théâtre d’opération et qui laissent leurs femmes et enfants à la merci des ennemis. Un homme digne ne peut pas laisser sa femme et ses enfants à la merci de l’ennemi. C’est tout cela qu’il faut rétablir. Je crois qu’on est en voie de le rétablir. Aujourd’hui, je suis convaincu que nos autorités comme nos populations s’attendent à obtenir de meilleurs résultats. On ne doit plus montrer la nuque à l’ennemi. Il faut faire face. Des dispositions sont prises sur le plan sécuritaire. Il reste à les exécuter. Je suis optimiste. La Lettre du Peuple: Que pensez-vous de la faisabilité des élections prévues pour cette année 2018 ? Younous Hamèye Dicko Les Maliens et les autorités veulent qu’il y ait des élections. Sans élections, on n’a pas de régime. Tous ceux qui se sont amusés à perturber le climat social, à empêcher les actions et les préparations des élections doivent s’entendre, s’unir pour aller à ces échéances. Il n’y avait aucune raison objective pour que les élections reportées la dernière fois n’aient pas lieu. Ce qui est intéressant à observer, c’est que la majorité et l’opposition veulent qu’il y ait les élections. Je ne vois pas ce qui empêche les élections de se tenir. Mais il y a un autre jeu. Tout le monde joue le double jeu. Ceux-là mêmes que ceux qui crient qu’il faut les élections, ce sont ceux-là mêmes qui sèment l’intoxication dans le pays en disant que le Gouvernement ne peut pas organiser les élections. Officiellement tout le monde soutient les élections, mais en dessous, la plupart des gens sont contre. Ce n’est pas seulement l’opposition. Il y a aussi au sein de la majorité, des gens qui soufflent le chaud et le froid. Le ministre de l’Administration qui a organisé les communales de 2016 occupe aujourd’hui le même poste. Je suis convaincu qu’il peut bien faire les élections aujourd’hui comme en 2016. Il n’y a aucune raison objective qui empêcherait que les élections n’aient pas lieu. C’est pour cela, que les élections prévues en avril doivent se tenir. Il va falloir que tout le monde s’y apprête. Les gens doivent s’entendre pour barrer la route à l’insécurité. Les gens ne doivent pas aller se cacher pour dire que c’est au Gouvernement d’amener la sécurité. La loyauté veut que nous fassions ce que nous disons. Il ne faut pas intoxiquer le milieu pour dire qu’il est incontournable de reporter les élections. A mon avis, les élections peuvent et doivent avoir lieu. De toutes les façons, comme c’est une compétition, il faut un vainqueur et un vaincu. Mais, il faut comprendre que l’organisation des échéances consacre la victoire de la démocratie. Personne ne perd en réalité. La survie du Mali dépend de la tenue correcte des élections programmées cette année. La Lettre du Peuple : Quel message particulier avez-vous à l’endroit de la communauté internationale et en particulier la Minusma ? Younous Hamèye Dicko Ce qu’on observe au niveau national de déloyauté de beaucoup de personnes, on observe la même chose au niveau de la communauté internationale. De tout ce que nous avons vu, il y a un double jeu extrêmement grave. Pendant que nous nous battons pour qu’il y ait la paix, la sécurité, l’intégrité territoriale, au niveau de la communauté internationale elle-même, il y a des gens qui n’acceptent pas que la CMA ne soit pas rappelée à l’ordre. Ils la protègent, la nourrissent, l’arment et la financent. Tout le monde le sait. Même la Minusma le sait. Parmi eux, il y a certains qui soutiennent la rébellion. Il y a d’autres qui croient qu’ils sont venus juste pour s’interposer. Or, en 2012-2013, nous leur avons dit qu’ils ne peuvent pas s’interposer. Il n’y a pas là des gens qui se battent pour le pouvoir. Il y a des gens qui se battent pour diviser le pays. C’est une situation de trahison quelque part de la communauté internationale envers le Mali. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. On ne peut pas soutenir la sécession en dessous et venir se présenter comme voulant l’unité nationale, l’intégrité territoriale, la paix etc. Cela n’est pas possible. Qu’on le veuille ou pas, les uns et les autres ont commencé à comprendre. Le Peuple malien ne se laissera plus faire. Regarder l’autre jour ce qui s’est passé. Une délégation de la CMA s’est rendue à Washington pour aller voir les Nations Unies. Dans ces conditions, il faut que le jeu de double cesse. Si nous voulons faire la paix dans ce pays-là et lui son honneur et sa dignité, on cesse ce petit jeu. Un accord a été signé, il faut l’appliquer. Tout le monde accuse le Mali de ne pas appliquer l’accord. Mais le Mali, c’est qui ? La communauté internationale nous est utile. Elle est même plus notre amie que notre ennemi. Mais, il faut qu’elle cesse le double jeu. Il faut qu’elle regarde dans la même direction que la nation malienne. Le Mali est Un et Indivisible, de Tessalit à Ambidedi. Il faut que la communauté internationale mette cela dans la tête. Le partage qu’ils veulent ne se fera pas aussi longtemps qu’il y a un Malien digne de ce nom. Même l’endroit où les gens ont donné le nom Azawad n’appartient pas à ceux-là qui se réclament de la CMA. Les propriétaires sont là-bas depuis le temps des empires. Ceux qui se réclament de la CMA sont devenus des maitres dans la zone à travers les armes. Ils massacrent les gens. On connait les vrais Touaregs. Depuis l’empire songhoï, ils vivent aux côtés des autres ethnies. Ils n’ont jamais demandé la séparation du territoire. Le rêve sécessionniste ne peut se réaliser. Nous pensons que la communauté doit revenir en arrière. Le nord n’est pas un territoire touareg, mais c’est une terre qui appartient à la nation malienne. Dans cette nation, il y a effectivement des Touaregs, des arabes, des sonrhaïs, des peulhs, des bambara, des bozos, des sénoufos, des dogons, des Sarakolés etc. Ce pays appartient à tous. Tant qu’on ne se lève pas, on n’aura pas la paix. Je crois que notre pays va toujours gagner. Nos ennemis seront toujours vaincus. Il n’y a pas un seul lâche dans ce pays. Chaque Malien peut se battre pour défendre son terroir. La communauté internationale est venue pour nous aider. Si c’est le cas, il faut qu’elle cesse le double jeu. Interview réalisée

par Jean Goïta

La lettre du Peuple

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance