Il a débuté la journée par une parade militaire dans la cour du palais présidentiel, aux côtés du chef de l’Etat hongrois Tamas Sulyok, sous un grand soleil.
Accompagné de son épouse Peng Liyuan, Xi Jinping avait été accueilli la veille à l’aéroport par le Premier ministre nationaliste Viktor Orban et sa femme Aniko Levai, avant un dîner autour de spécialités traditionnelles hongroises.
Pour cette visite qualifiée d’”historique” par Budapest, la capitale pavoisée aux couleurs de la Chine a été placée sous haute sécurité et les rares drapeaux déployés par des manifestants tibétains soigneusement cachés de la vue du président chinois.
Avant son arrivée, Xi Jinping a comparé les relations bilatérales à une “croisière dorée”, dans une tribune publiée par le journal favorable au pouvoir Magyar Nemzet.
“Aussi suave et riche qu’un vin de Tokay” : dans un élan lyrique, il a rendu hommage à “l’amitié” cultivée par les deux pays à travers “les épreuves”.
“Nous avons défié l’ordre géopolitique ensemble dans un contexte international instable”, traçant notre voie “d’Etats souverains en toute indépendance”, a-t-il écrit.
– 16 accords –
Un clin d’oeil à la stratégie de cavalier seul menée par le Premier ministre Viktor Orban au sein de l’Union européenne.
Tout en ferraillant avec Bruxelles, le dirigeant nationaliste s’est résolument tourné vers l’Est ces dernières années. Et quand Bruxelles a pris ses distances avec Pékin, lui a au contraire resserré les liens, rejetant l’affrontement idéologique des “blocs”.
Cette visite de quasiment trois jours est l’occasion de “porter notre partenariat stratégique à de nouveaux sommets”, a estimé le chef de l’Etat chinois, des échanges culturels à la coopération économique, alors que la superpuissance asiatique est devenue le premier investisseur en Hongrie l’an dernier.
De l’avis des experts, c’est un “succès diplomatique” pour Budapest qui a d’ores et déjà annoncé la signature d’au moins 16 accords, dans les infrastructures ferroviaires et routières, l’énergie nucléaire ou encore l’automobile.
Partout dans le pays, les usines de batteries et de voitures électriques poussent à une vitesse impressionnante, pour des investissements de dizaines de milliards d’euros.
De quoi susciter les inquiétudes de l’opposition qui dénonce l’opacité entourant les contrats, l’impact environnemental des usines et la corruption, les constructions enrichissant, selon elle, “le cercle d’Orban”.
– Message à l’UE –
Accueilli lundi sous les ors de l’Elysée à Paris, Xi Jinping avait eu des échanges “francs” avec le président français Emmanuel Macron sur les différends commerciaux Chine-Europe ou encore les liens Pékin-Moscou, vus avec suspicion par les Occidentaux sur fond de guerre en Ukraine.
Mais lors de cette ultime étape hongroise, pas de sujets qui fâchent et des médias tenus à l’écart.
Très peu de détails ont filtré sur le programme.
Xi Jinping a rendez-vous à partir de 17H30 (15H30 GMT) au monastère des Carmélites, la résidence du Premier ministre, pour rencontrer Viktor Orban et faire une déclaration à la presse.
“C’est l’occasion de montrer au reste de l’UE” les vertus d’une coopération avec la Chine, souligne Ja Ian Chong, politologue de l’université de Singapour. “Il n’aura pas non plus à affronter de délicates conversations sur sa relation avec Moscou”.
Car Pékin et Budapest sont sur la même longueur d’onde, plaidant pour un règlement pacifique en Ukraine tout en restant proche du Kremlin.
Dans les rues de Budapest, si certains pointent les droits humains, Laszlo Toth, un agent de sécurité de 52 ans, demande pourquoi faire la fine bouche face à la venue du président chinois.
“L’argent n’a pas d’odeur comme on dit, et je suis sûr que même en Europe de l’Ouest, ils seraient ravis de bénéficier de tels investissements”, estime-t-il.
Pour son premier voyage en Europe depuis 2019, Xi Jinping a également fait escale en Serbie, autre pays très amical, où le président Aleksandar Vucic lui a réservé un accueil sous le signe du “respect” et de “l’amour”.