Le colonel Issiaka Ouattara plus connu sous le pseudo de Wattao a-t-il été empoisonné ? La rumeur circule, certains de ses proches y croient.
Il est un fait indéniable. L’un des soldats les plus médiatisés de l’ex-rébellion après le sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit IB (tué quelques jours après la prise de pouvoir d’Alassane Ouattara) est souffrant.
Son état de santé qui se dégradait a contraint les autorités à l’évacuer d’abord au Maroc, puis aux États-Unis. Depuis samedi, Saha Bélé-Belé (gros serpent en Malinké), comme ses soldats l’appelaient dans la rébellion, est au pays de Donald Trump.
Il a choisi cette destination, pour être principalement aux côtés de son épouse et de ses enfants qui y vivent. De fait, le commandant des Unités placées sous le commandement du Chef d’État-major, le Général Lassina Doumbia, souffre depuis plusieurs années de diabète. Ce n’était un secret pour personne dans son entourage. Il suivait les prescriptions médicales et n’avait jusque-là pas fait de crise majeure.
Mais une maladie nouvelle est venue compliquer cet état auquel il avait fini par s’habituer. Et c’est cette maladie qui a fait soupçonner un empoisonnement, à certains de ses proches. « On l’a vu lundi, il était un peu souffrant mais as mourrant. Jeudi on ne le reconnaissait pas. Il avait perdu tellement de poids qu’on se demandait si c’était la même personne. Comment en trois jours, une personne au physique fort, peut être aussi amaigrie ? », dévoile un proche de Wattao.
Pour cet ancien rebelle qui a vécu des histoires empreintes de mysticisme et de morts brutales, il ne fait l’ombre d’aucun doute que Wattao a été empoisonné. Difficile à prouver par contre. Une chose est certaine, selon des informations recoupées auprès de diverses sources, Wattao a été contaminé par l’épidémie de dengue qui a sévi en Côte d’Ivoire, entre janvier et novembre 2019.
Une maladie dans la maladie
En juin, les autorités avaient annoncé 130 cas, principalement à Abidjan. Wattao ne faisait pas partie de ceux-ci. Mi-novembre’ l’Institut national d’hygiène publique (INHP) a annoncé la fin officielle de l’épidemie de dengue et de fièvre jaune. Une fin officielle qui apporte de l’eau au moulin des tenants de la théorie de l’empoisonnement de Wattao.
La dengue est une maladie qui provoque de fortes fièvres et peut aboutir sur des hémorragies, outre les nausées et la.perte d’appétit. Ce qui explique l’amaigrissement spectaculaire de cet athlète qui a été vice-champion d’Afrique de judo, dans les années 80.
La dengue contractée par Wattao (si elle est toutefois prouvée) est-elle le résultat d’un empoisonnement ? Seuls des résultats cliniques peuvent l’attester. Une chose est certaine, pour les anciens rebelles qui croient encore aux pouvoirs surnaturels, l’empoisonnement, c’est aussi être victime d’un sort.
Qui aurait donc intérêt à lancer un sort à Wattao ? Mystère. Mais dans les faits et dans la réalité, la dengue qu’il a contractée a aggravé son diabète.
Pour un homme sain, la glycémie (taux de glucose dans le sang) oscille en permanence entre 0,50 et 1,50 g par litre de sang. Lors du dernier contrôle effectué sur Wattao, il avait jusqu’à 7 g par litre. Un niveau anormalement élevé. Surtout pour un patient qui suivait ses traitements.
« C’est bien parce qu’il est costaud. À ce niveau, de nombreuses personnes ont tout simplement trépassé », commente un médecin spécialiste de diabète. En attendant, les commentaires vont bon train.
À une semaine du retour annoncé en Côte d’Ivoire de Guillaume Soro, candidat à la présidentielle d’octobre 2020 et son ancien patron. Wattao n’était plus en parfaite odeur de sainteté avec le Président Alassane Ouattara, depuis que l’un de ses proches, Kader Doumbia a été interpellé dans une affaire jamais élucidée (était-ce un vrai ou faux complot ?) d’atteinte à la sûreté de l’État.
Emmanuel Gautier
Source: Afriksoir