À l’instar de leurs compatriotes au pays, les 10.000 Sénégalais recensés au Mali se sont rendus aux urnes, hier dimanche, pour élire leur futur Président. Nous, nous sommes rendus dans le plus grand lieu de vote pour vous faire vivre cette journée électorale de la diaspora sénégalaise au Mali.
Il est 9 heures passées de trente minutes, dans l’enceinte de l’école publique Nelson Mandela de l’Hippodrome. Les Bureaux de votes, selon Cissé, Conseiller à l’Ambassade du Sénégal au Mali et en charge des élections, les Bureaux ont ouvert tous à l’Heure. Un tour dans les 14 Bureaux qui doivent recevoir les 8000 électeurs sénégalais recensés à Bamako, on se rend compte que le personnel et le matériel sont au grand complet. Sur une table, posée un peu à l’écart, sont exposés les bulletins de vote sur lesquelles sont inscrits les cinq noms des différents candidats : Macky Sall, Idrissa Seck, Ousmane Sonko, Madické Niang et Issa Sall. Juste à côté des bulletins de vote, un tas d’enveloppes blanches avec la mention « Élection présidentielle du Sénégal ». C’est dans ces enveloppes que seront logés les bulletins avant d’atterrir dans les urnes.
Si l’affluence est faible aux premières heures de la journée, le Conseiller en charge des élections reste optimiste quant au grand rush en milieu et fin de journée. Les premiers votants, eux, sont soulagés d’avoir accompli leur devoir citoyen. Habillé d’un t-shirt à l’effigie des «Colcheneros» de l’Athlético de Madrid, Amadou Diallo fait partie de ces électeurs de premières heures. Sans encombre, il se présente devant les agents de son bureau de vote. Muni de sa carte d’identité qui fait office de carte d’électeur, son nom est vite retrouvé, il signe, se dirige vers les bulletins, prend les cinq candidats, va dans l’isoloir. En moins d’une minute, il a fait son choix et déposé le bulletin dans l’urne. Ultime étape, il plonge son doigt dans l’encre indélébile. Il a voté. Pour qui ? Il nous fait un large sourire et répond : «C’est secret». Ce qui n’est par contre pas un secret, c’est son plaisir d’avoir accompli son devoir de citoyen. Il le dit et appelle les autres Sénégalais à l’imiter.
Si à l’intérieur de la cour, un détachement de policiers d’un commissariat voisin veille au grain, à l’extérieur, c’est une ambiance bon enfant qui règne entre les adversaires du jour. On se chahute, on se lance des piques autour du fameux « café Touba » fumant. Les vendeurs qui ont flairé le coup se font de l’argent ce jour. Moussa Gueye ne nous dira pas ce qu’il a gagné en seulement deux heures, mais c’est plus que ce qu’il gagne en une passée à sillonner les rues de Bamako en temps normal.
Grosses lunettes de soleil, casquette bien vissée sur des tresses en dreadlocks, Jean plaqué mettant en valeur ses belles rondeurs, Sokhna Fall, harangue. Elle ne jure que par « DamalKadhior », le Thiéssois, Idrissa Seck. «Nous ne voulons plus de cette gestion qui nous est imposée par Macky et sa clique depuis sept ans. Nous voulons un nouveau Président. Et celui qu’il faut au Sénégal aujourd’hui c’est Idrissa Seck», tonne-t-elle au milieu d’un groupuscule acquis à la cause du candidat. Juste, à quelques mètres, le Groupe de soutien au Président sortant, Macky Sall, tient lui aussi à se prononcer. «Nous avons beaucoup travaillé pendant 22 jours ici au Mali pour mobiliser. Nous sommes sûrs que nous serons les grands vainqueurs de cette élection», dit Waly Diagne, un des Responsables du parti présidentiel (APR) au Mali.
Députée au nom de la diaspora sénégalaise au Mali, Mariama Badiane, bien qu’étant membre du parti présidentiel, appelle ses compatriotes à voter dans le calme tout en mettant l’intérêt supérieur du pays au-dessus des contingences politiques. En bon Démocrate, elle va jusqu’à souhaiter que « le meilleur gagne ».
En tout, ce sont près de 10.000 Sénégalais recensés au Mali qui vont participer à ce scrutin à Bamako, Sikasso, Ségou, Koutiala, Kouniakary, Kayes et Samè Wolof.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO
Source: Le Combat