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Vœux de nouvel an 2021 : Réflexions d’un citoyen malien

Notre histoire ancienne ou récente au Mali peut se lire selon moi comme cette fable de Jean de La Fontaine : « Les Voleurs et l’Ane ». Vous me demanderez surement : qui est l’âne et qui sont les trois voleurs ?

Ici, l’âne, c’est le pouvoir, lequel dit-on est le bien, la propriété du peuple malien dans son ensemble.

Les « trois voleurs » peuvent être représentés par les parties en conflits : d’abord le régime d’Ibrahim Boubacar Kéita avec tous ses alliés de toute nature, mêmes ceux de la dernière heure, ensuite les acteurs du M5-RFP toutes tendances confondues de façon durable ou circonstancielle et enfin les acteurs de l’armée et des forces de sécurité dans toutes leurs composantes en lien avec des acteurs civils comme ce fut le plus souvent, le cas, ici, au Mali.

Les contours d’un tel schéma ne sont cependant pas infranchissables comme il est possible de le constater, les alliances se formant et se réformant au gré des intérêts du moment. A tous ces acteurs s’ajoute le public, simple témoin, observateur amusé ou partie prenante d’une des tendances.

La suite des évènements depuis la chute du régime d’IBK, nous permet de mieux redéfinir le profil du troisième « larron », celui qui s’est enfui avec l’âne, aliboron, et qui en avait d’ailleurs l’habitude, ici au Mali, depuis 52 ans.

Voyons tout simplement le choix du Président de la Transition, la formation du Gouvernement et celle du Conseil national de Transition, (CNT), les nominations aux différents postes de responsabilité à Bamako et à travers le pays.

C’est peut-être pour cette raison que des voix se font de plus en plus entendre aujourd’hui pour déclarer que nous assistons à présent à une militarisation de la gestion du pouvoir à travers l’appropriation par la junte du pouvoir exécutif, du pouvoir législatif et pourquoi pas aussi du pouvoir judiciaire, tant que nous y sommes. Car au Mali, tout est possible, il n’existe plus en effet aucune norme et ce depuis des années. Cela ne date donc pas d’aujourd’hui.

N’oublions pas que sur les 60 années d’indépendance du pays, l’armée à elle seule compte trente et 35 années de gestion du pouvoir en complicité, il est vrai, le plus souvent avec des acteurs de la « société politique » ou de la « société civile » ou les deux à la fois. Ce à quoi nous assistons alors aujourd’hui n’a rien d’inédit, ni dans la forme, ni dans le fonds. C’est une tradition dans notre pays. Cette histoire, à notre connaissance, n’a tout simplement pas encore été mise à jour par nos historiens. Est-ce sans raison ?

Qu’est-ce qui peut résulter de la situation dite « transitoire » que nous vivons actuellement ? Telle devrait être à notre humble avis, la question à poser en termes d’interpellation ou en termes d’alerte. Des lendemains qui déchantent, nous en avons malheureusement l’amère expérience ici au Mali. Ce qui me surprend, c’est cette absence de mémoire qui affecte de plus en plus notre société. Il arrive même parfois inconsciemment ou à dessein que des faits de l’histoire récente du pays soient falsifiés. Cela pour quelle fin ?

Il est compréhensif à notre avis que des citoyens se perdent parfois dans un ensemble de crises qui troublent jusqu’à l’existence elle-même de notre pays. Nous restons cependant convaincus pour notre part que toutes ces crises ont entre elles, un même et seul dénominateur commun : l’éternelle lutte entre les trois « voleurs » de « l’âne ».

Comment mettre un terme durable à cette lutte fratricide sans fin, pour nous consacrer ensemble et enfin à la construction d’un meilleur vivre ensemble dans un pays riche de sa diversité ? C’est là à mon humble avis, le véritable défi à relever.

Que la symbolique de la fable n’offense personne ! Apprenons à rire ensemble !

Je vous remercie, chère lectrice, cher lecteur. Bonne et heureuse année 2021 à tous !

 

Bamako, le 15 janvier 2021

Dr. Georges Diawara

enseignant-chercheur à la retraite

Source: Journal Mali Tribune

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