A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré qu’il fallait remplacer l’impunité par la justice.
« La violence sexuelle en temps de conflit, qui menace notre sécurité à tous, est une honte pour l’humanité », a dit M. Guterres dans un message pour cette Journée.
« Utilisée comme tactique de guerre, elle terrorise les populations et déstabilise les sociétés. Ses conséquences – traumatismes, stigmatisation, pauvreté, problèmes de santé à long terme et grossesses non désirées – peuvent se répercuter sur plusieurs générations », a-t-il ajouté.
Selon le chef de l’ONU, en cette Journée, « nous devons être à l’écoute des victimes et prendre acte de leurs besoins et de leurs revendications ».
Les victimes, qui sont pour la plupart des femmes et des filles, comptent aussi des hommes et des garçons. Elles ont besoin d’être aidées, d’accéder aux services de santé nécessaires à leur survie et d’ obtenir justice et réparation.
Remplacer l’indifférence par l’action
M. Guterres a rendu également hommage à celles et ceux qui travaillent en première ligne pour aider les victimes à reconstruire leur vie.
« Nous devons mener une action plus concertée au niveau mondial pour amener les auteurs de ces actes à en répondre et lutter contre l’inégalité de genre, qui alimente ces atrocités », a-t-il conclu. « Ensemble, nous pouvons et nous devons faire en sorte que l’impunité fasse place à la justice et l’indifférence, à l’action ».
Le 19 juin 2015, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté par consensus une résolution proclamant le 19 juin Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit afin de sensibiliser à la nécessité d’y mettre un terme, de manifester de la solidarité envers les victimes et de rendre hommage à celles et ceux qui luttent en première ligne pour éliminer ces crimes.
Cette date a été choisie pour commémorer l’adoption décisive, le 19 juin 2008, de la résolution dans laquelle le Conseil de sécurité a condamné l’utilisation de la violence sexuelle comme une arme de guerre pouvant faire obstacle à la consolidation de la paix.
Déclaration commune de l’Union européenne et de l’ONU
La violence sexuelle en temps de conflit constitue « une violation grave des droits humains avec des conséquences physiques, psychologiques et sociales dévastatrices » qui « entravent le développement économique, la cohésion sociale ainsi qu’une paix et une sécurité durables », ont dit dans une déclaration commune Federica Mogherini, Haut-Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, et Pramila Patten, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU sur la violence sexuelle en temps de conflit.
« La violence sexuelle est un crime qui n’est pas inévitable », ont-elles affirmé, ajoutant que l’ONU et l’UE s’engagent à renforcer leurs efforts en matière de « prévention, de protection et de poursuites », ainsi qu’en termes de soutien holistique aux victimes, pour les aider à reconstruire leur vie et leurs moyens de subsistance au sein de leurs familles et de leurs communautés.
Les deux responsables ont noté que l’appel du Conseil de sécurité en faveur d’une « approche centrée sur les victimes » vise à orienter la prévention et la riposte avec pour objectif d’autonomiser les personnes affectées et de minimiser les risques d’ostracisme social, de stigmatisation et de représailles.
« Garantir aux victimes l’accès à des services complets et de qualité, notamment des soins médicaux, des soins de santé sexuelle et reproductive, un soutien psychosocial, des conseils juridiques et une assistance en matière de moyens de subsistance est donc essentiel », ont expliqué Mme Mogherini et Mme Patten.
Cependant, à terme, ces mesures ne peuvent créer un changement durable « que si elles s’accompagnent d’un changement d’attitude » au sein de la société, grâce par exemple à des programmes de sensibilisation. Cela passe aussi par des mesures pour amplifier la voix des victimes et pour assurer la participation des femmes au processus de paix et de prise de décisions.
« Les États, les organisations internationales et régionales, le secteur privé et la société civile ont tous un rôle à jouer pour s’attaquer aux normes préjudiciables liées au genre et prévenir les violences sexuelles », ont dit Mme Mogherini et Mme Patten, soulignant la nécessité de continuer à travailler ensemble pour « mettre fin à l’impunité des auteurs » et « garantir un accès à la justice, à la protection et aux services pour les survivantes ».
« Leurs voix, leurs droits et leurs besoins doivent guider notre réponse pour favoriser des sociétés plus équitables et pacifiques », ont-elles conclu.
Un.org