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VINDICTE POPULAIRE AU MALI : Mais à qui la faute finalement ?

Dans la capitale Bamakoise, bruler vif ou frapper à mort un voleur (ou pire, un présumé voleur) est devenu tellement banal, que cela ne heurte plus la sensibilité (sauf de quelques rares personnes). Cela se fait régulièrement au vu et au su de tout le monde. À l’analyse de la situation, il convient de dire sans détours, que la mauvaise conduite de certains acteurs de la justice aggrave cette situation.

Les limites du droit citoyen face à l’auteur d’un crime ou d’un délit faut-il l’ignorer, l’article 73 du code de procédure pénale, donne en effet, le droit au citoyen d’appréhender l’auteur d’un crime ou délit, en ayant recours à la violence mais non un homicide même par imprudence. Cependant, cet article du code de procédure pénale est en pleine contradiction avec la vindicte populaire appliquée au Mali.

A qui incombe la faute ?

Face à la recrudescence de la vindicte populaire au Mali, il convient de chercher à connaitre les raisons qui poussent les hommes à être autant violents. Pourquoi, avons-nous pris l’habitude de donner la mort aux voleurs en les frappant si violements ou en les brulants vifs ? La réponse que nous avons eu à cette question, demeure la même et remets en cause le système judiciaire de notre pays. En effet, selon des témoignages concordants, les voleurs appréhendés et remis à la justice sont aussitôt relaxés après le paiement d’une somme d’argent. Au cas où cette information s’avère réelle, il est plus que jamais urgent d’interpeller le ministère public. Les voleurs remis à la justice doivent être sanctionnés à hauteur de leurs forfaitures.

En effet, il y a de cela seulement quelques jours, deux présumés voleurs ont été brulés vifs sous une fine pluie à Magnambougou. Quelques mois avant, 4 présumés voleurs ont été entrainés sur la colline du Point-G pour être tués et dont l’un fut brulé vif. Le même jour, un autre présumé voleur a été lynché au niveau du marché Médine (Sougounikoura). Qui d’entre nous a déjà oublié le cas des deux voleurs qui ont été brulés vifs au niveau du même marché Médine (Sougounikoura) dont la scène avait été filmée et mise en ligne par plusieurs internautes.

Toute chose qui avait fait réagir le ministre de la justice de l’époque, Mamadou Ismaila Konaté, sur la chaine nationale ORTM. Il disait que, toutes les personnes qui seront identifiées sur les photos et vidéos seront traduites devant la justice. À cause de cette déclaration, nous avions fait une analyse à l’époque à travers laquelle on écrivait dans nos colonnes, que la réaction du ministre Konaté allait en sens unique. Au lieu de déclarer seulement que les personnes impliquées dans les lynchages des voleurs devraient répondre devant la justice, il devrait aussi mettre l’accent sur la part de responsabilité de la justice de notre pays. Il aurait dû mentionner que si jamais, un garant du pouvoir judiciaire libère un voleur ou n’importe quel type de malfrat sans argument valable, que la loi s’appliquera sur ce dernier.

Enfin, si l’ex ministre Konaté, a lui au moins eu le courage d’aborder, même en sens unique la question, les autres ministres qui l’ont précédé ou succédé n’ont jamais voulu faire de cette question une priorité. Pourtant, n’ayons pas peur de le dire : c’est l’insouciance de certains acteurs de la justice qui pousse la population à tuer les voleurs. Nous parlons ici, de ceux d’entre eux qui prennent de l’argent en échange d’une liberté provisoire offert aux malfrats conduits en prisons. Qu’il nous plaise de saluer les efforts de la CNDH sous l’égide de M. Aguibou Bouaré pour endiguer le fléau.

Loin de nous toute prétention d’encourager la vindicte populaire, au contraire, des anecdotes de personnes prises pour cible à tort sont monnaie courante. Nous le condamnons avec vigueur. Cependant vue l’ampleur de la pratique, les autorités judiciaires doivent rapidement prendre des dispositions idoines afin de réinstaurer la confiance entre la justice et les justiciables. Sans quoi, la situation ne fera que s’aggraver davantage. Et ce serait dommage !

Drissa KANTAO

Source: Le Combat

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