Accusé de mal gouvernance au sein de la Banque africaine de développement, le président Akinwumi Adesina continue d’être rassuré par des soutiens qui, de jour en jour, pleuvent sur lui. Après la décision du Conseil des gouverneurs rejetant les allégations contre le président de la Bad, l’ancien chef d’Etat nigérian avec d’autres dirigeants africains, ont apporté leur soutien à M. Adesina. Le dernier soutien de Adesina en date demeure l’actuel président nigérian à qui le patron de la Bad rendu visite à Abuja.
Le président Akinwumi Adesina se sent-il rassuré malgré cette pluie de soutiens à son encontre ? En tout cas, en dépit du soutien de la ministre des finances nigériane, il a jugé nécessaire de rencontrer en personne l’homme fort du Nigéria, Muhammadu Buhari. Que se sont-ils dit ? Une chose est sure, Buhari n’a pas manqué de lui assurer le soutien de son pays. « Le Nigeria soutient fermement Akinwumi Adesina dans sa candidature à la réélection en tant que président de la banque africaine de développement. Nous travaillerons avec tous les dirigeants et parties prenantes de l’AFDB pour nous assurer qu’il soit réélu, sur la base de ses réalisations au cours de son premier mandat », a tweeté le président nigérian après sa rencontre avec Adesina.
Les africains sont unanimes quant à l’innocence de Akinwumi Adesina par rapport aux allégations portées par des « non régionaux » contre lui. En effet, les gouverneurs ont fait leur travail conformément aux règles de la Banque selon Olusegun Obasanjo. Pour lui malgré les réalisations, le leadership impressionnant de la banque et sa passion pour le développement accéléré de l’Afrique, et son approbation claire par tous les pays africains pour sa réélection pour un deuxième mandat, il y a quelques tentatives menées par certains pays membres non régionaux, pour lui empêcher de rediriger l’institution.
Malheureusement, remarque M. Obasanjo remarque que le gouvernement américain, par l’entremise du secrétaire de son Trésor, a écrit une lettre publique (qui a également été distribuée à la presse dans le monde) pour contester les conclusions du comité d’éthique du conseil d’administration et du président du conseil des gouverneurs de la Banque.
Au lieu d’accepter l’exonération du président de la banque, ajoute-t-il, les américains ont appelé à une «enquête indépendante». Ce qui est d’après eux en dehors des règles, lois, procédures et systèmes de gouvernance de la Bad. En conséquence, l’un des soutiens de Adesina relève que le secrétaire du Trésor américain a dénigré la banque et ridiculisé l’ensemble de son système de gouvernance, en place depuis 1964. « Si nous ne nous levons pas et ne défendons pas la banque africaine de développement, sa gouvernance sera détournée de l’Afrique », prévient l’ancien président nigérian qui appelait les anciens présidents africains à soutenir Dr Adesina.
« Qui donc veut la tête du président Adesina ? », s’interroge un autre soutien de l’ancien ministre des finances nigérianes. Qui, répondant à sa propre interrogation, indique qu’ « ils pourraient être une légion. Mais un homme est probablement le cerveau ».
Ainsi Elijah Olusegun pointe du doigt Stephen Dowd, directeur exécutif et représentant américain au Conseil d’administration de la Bad qui, dit-il, « avait déclaré lors d’une réunion du Comité consultatif de l’Afrique subsaharienne de l’Import-Export Bank of the US qui s’est tenue à Washington, le 21 octobre 2019 que les Africains veulent en effet faire des affaires avec les États-Unis et ce n’est pas si facile. Car, la Chine est très agressive. Et pour moi, il y a quelque chose qui cloche ».
« La Banque est l’institution clé sur le continent pour le commerce et l’investissement. Je dois le dire pour mémoire. Et nous ne sommes pas à l’aise avec certains types de prêts, etc. Je n’entrerai pas dans les détails », a confié Dowd à Daniel Runde, président du comité qui a animé la réunion. Elijah Olusegun trouve ainsi que l’américain a quelques inquiétudes. « Deux d’entre eux: la Chine dépasse les États-Unis en investissant en Afrique et les prêts de la Bad et d’autres banques interventionnistes régionales sont trop généreuses à son goût. « Le continent est devenu le champ de bataille des politiques étrangères pour les deux membres non régionaux qui sont représentés au Conseil d’administration de la Bad pour défendre leurs intérêts nationaux dans le commerce et l’investissement », soutient-il enfin.
Bassirou MBAYE
LEJECOM