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Vente prétendue de sang au CSREF de Koutiala : Les responsables de l’hôpital démentent et s’expliquent

En voulant coûte que coûte honorer le serment d’Hippocrate qui lui exige d’employer tous les moyens nécessaires afin de sauver la vie des patients, l’équipe sanitaire du Csréf de Koutiala, dirigée par Dr Youssouf Sidibé, subit aujourd’hui une campagne médiatique visant à saper son moral.

Le seul péché reproché à la Direction de l’hôpital est d’avoir appliqué une recommandation du Comité de gestion du Csréf qui a fixé à 6000 F CFA la somme forfaitaire à payer par poche pour chaque demandeur de sang. Cette décision du Comité de gestion intervient après la rupture de la livraison des dotations transfusionnelles par l’Etat malien depuis 2012. Et elle vise à aider la Direction de l’hôpital, débordée par la croissance démographique galopante de la ville, à pérenniser le stock de sang au sein de l’établissement sanitaire. « Il n’est guère question de vente de sang, mais de faire contribuer les demandeurs de sang dans la prise en charge des frais de traitement du sang qui s’élèvent à plus de 27000 F CFA par poche de sang. Au regard de la croissance démographique de la ville, les caisses du Csréf de Koutiala n’arrivent plus, seules, à faire face à toutes ces dépenses après 8 ans de résistance», indiquent les responsables de l’hôpital.

Selon le président du Comité transfusionnel du Csréf de Koutiala, Dr Mahamadou Coulibaly, le calvaire de son hôpital a commencé en 2012 lorsque l’Etat malien a décidé de faire un recouvrement des coûts par rapport à tout ce qui concerne la transfusion en envoyant la dotation initiale des kits (les poches, les tests). « Mais, depuis 6 ans, le Csréf n’a plus reçu de dotations de la part de l’Etat.  Mais, malgré cela, la Direction du Csréf s’est efforcée à respecter la décision de l’Etat en prenant l’argent des dotations dans sa caisse. Et si la banque de sang du Csréf continue encore à fonctionner de 2012 à nos jours, c’est grâce à un effort financier supplémentaire que sa direction a bien voulu consentir d’une part pour respecter coûte que coûte la décision de l’Etat mais aussi pour sauvegarder la vie de ses patients », explique le président du Comité transfusionnel du Csréf. Car selon lui, la collecte d’une poche de sang nécessite forcément une dépense d’environ 27000 F CFA. « Il faut d’abord tester les donneurs. Et chaque donneur subit plusieurs tests tels que le Sida, l’hépatite… Ensuite, le médecin vérifie le sang du donneur pour voir s’il a la quantité suffisante pour donner. Il vérifie aussi son groupage pour voir de quel groupe il est. Bref, l’ensemble des tests qu’on réalise chez le patient et le donneur coûte extrêmement très cher», informe le médecin.

Mais à l’en croire, au regard de la croissance démographique de plus en plus forte de la ville, le Csréf n’arrive plus à satisfaire correctement la demande des patients nécessiteux de sang. Partant, il dira que sur une prévision de 5000 poches en 2018, le centre est déjà, et qu’au moment où il  parle, à plus de 6000 poches transfusées.

Selon le président du comité transfusionnel du Csréf de Koutiala, Mahamadou Coulibaly, c’est pour faire face à ce déséquilibre entre la demande et l’offre que la comptabilité de l’hôpital n’arrive plus à gérer. Vu ses moyens financiers limités, le Comité de gestion du Csréf s’est réuni le 8 août 2018 pour plancher sur la question. « C’est ce Comité de gestion du Csréf, composé de maires, de conseillers, de représentants de l’hôpital, de patients et d’associations qui a fixé à 6000 F CFA la somme forfaitaire que le patient demandeur de sang doit débourser en  plus du  sang utilisé », explique le président du comité transfusionnel du Csréf de Koutiala.

Et depuis cette décision prise par le Comité de gestion de l’hôpital, poursuit Mahamadou Coulibaly, des opérations de sensibilisation ont été menées par le personnel du Csréf dans toutes les radios de proximité de la ville et environnants bien avant la mise en œuvre de la mesure pour expliquer à la population que les 6000 F CFA ne sont guère le prix de vente du sang. Mais seulement une contribution de la famille dans l’achat des matériels et réactifs pour le conditionnement du sang. « C’est pour dire que même avec les 6000 F payés par les demandeurs, le Csréf est obligé de compléter les frais de matériels et réactifs pour le conditionnement du sang qu’ils utilisent », précise le président du Comité transfusionnel de l’hôpital qui ajoute que la sensibilisation des populations est toujours en cours. « Même aujourd’hui, avant de donner du sang à un patient nécessiteux, le médecin leur explique comment leur argent est utilisé. Mais, malgré tout, certains n’arrivent pas à comprendre. Ils s’attendent toujours à voir que tout soit gratuit », regrette le médecin.

A l’en croire, le jour où  la Direction du Csréf décidera de suivre la volonté des demandeurs de sang, la banque de sang de l’hôpital de Koutiala risque d’être fermée.

 

Les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes en situation de complication d’accouchement dispensés !

Selon le Surveillant général du Csréfde Koutiala, Guesséro Konaté, l’imposition du payement des 6000 F CFA aux demandeurs de sang n’est pas du tout souhaitée par les responsables de l’hôpital. « Mais, nous nous sommes aussi dit qu’il vaut mieux avoir du sang même s’il faut payer une somme forfaitaire que de ne pas en avoir du tout à l’hôpital. Les conséquences du manque de sang dans un hôpital sont catastrophiques. J’avoue que le choix du Comité de gestion de l’hôpital à faire contribuer les demandeurs de sang dans la collecte et le recouvrement des frais de conditionnement du sang est un choix salutaire», félicite le Surveillant général de l’hôpital.

A l’en croire, pour continuer à montrer sa bonne foi à la population, la Direction de l’hôpital a décidé de livrer des poches de sang gratuitement aux enfants âgés de 0 à 5 ans et aux femmes enceintes en situation de complication d’accouchement. « Ceux-ci ne déboursent pas un rond », informe notre interlocuteur.

Par ailleurs, Guesséro Konaté ajoute que la somme forfaitaire payée par les demandeurs de sang à Koutiala est l’une des plus basses dans la région de Sikasso. « Imaginez un jour qu’on demande le transfert d’un patient de Koutiala à Sikasso juste pour faire la transfusion. Le coût est très cher. Rien que le transport. Le payement de la somme forfaitaire  de 6000 F CFA n’est pas une décision pour faire plaisir au personnel de l’hôpital. C’est pour arranger les demandeurs eux-mêmes et faciliter leurs prises en charge. C’est le lieu aussi de remercier les médecins sans frontière. Si le Csréf de Koutiala a pu satisfaire au besoin en sang de ses patients de 2012 à nos jours, c’est en partie grâce à eux. Mais, c’est évident qu’ils ne resteront pas tout le temps à nos chevets. Il faut aussi préparer le terrain pour faire face aux réalités le jour où ils ne seront pas là. D’où l’idée de trouver une solution pérenne au problème de la transfusion», insiste le Surveillant général de l’hôpital.

Mieux, le Csréf de Koutiala est aujourd’hui doté d’un solide comité de transfusion. Au regard de la rigueur que recommande le traitement du sang, seuls les médecins siègent dans le comité. « Seuls les médecins ont la capacité de satisfaire les demandes de sang. Mieux, la somme forfaitaire de 6000 F CFA demandée aux demandeurs est payée par eux-mêmes au guichet et on leur délivre le reçu. Tout le processus de payement est transparent. C’est aussi dire que nous n’avons rien à cacher.  Personne ne peut vendre du sang dans ce Csréf. Le demandeur vient avec le reçu délivré au guichet pour se voir doté en sang par le laborantin. Donc, personne ne peut se cacher pour vendre du sang. Et le Csréf n’a jamais refusé de donner le sang face à un cas d’urgence. A chaque fois qu’une telle situation se présente, le médecin se déplace ou envoie quelqu’un pour prendre la poche de sang pour le patient. C’est après avoir traité l’urgence que nous demandons aux parents du malade de prendre des mesures pour remplacer le sang utilisé et payer la somme forfaitaire qui nous permet de pérenniser la banque de sang», confirme le superviseur du laboratoire du Csréf, Gnantoutié Konaté.

Bamey Diallo

 

Source:  La Lettre du Peuple

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