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VENTE DE CHAUX AGRICOLE A LA CMDT Diawara de Stone-sa, Bakari Togola et Kalifa Sanogo ex-Pdg de la Cmdt accusés de surfacturations

Selon des informations insistantes qui auraient même fait l’objet d’un tract, la société Stone-sa aurait procédé à de la surfacturation, en profitant d’un marché de gré à gré de vente de chaux agricole à la Cmdt. A l’appui de cette affirmation, deux documents permettant de constater la différence des prix. D’abord le contrat n°030/2014/DA relatif à la fourniture de chaux agricole et signé entre la Cmdt et la Société carrières et chaux de Toukoto (Cct-sa) au titre de la campagne agricole 2014-2015. Ensuite, le contrat n° 002/2015/GIE relatif à la fourniture de chaux agricole et signé entre, d’une part, l’ex-Pdg de la Cmdt et Bakari Togola, tous deux au nom du GIE Un-Scpc/Cmdt/Ohvn et d’autre part Ibrahima Diawara, pour la société Stone-sa.  Comme d’habitude, Le Sphinx a mené des investigations sur les différentes objections émises par les dénonciateurs.

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C’est encore une dénonciation des faits de mauvaise gouvernance de l’ex-Pdg de la Cmdt, Kalifa Sanogo, faisant suite à des sorties médiatiques de thuriféraires de son clan, défendant que Kalifa, un bosseur avec des résultats tangibles, ne devait pas être ainsi relevé de ses fonctions. Ce serait une erreur de la part des autorités du pays. Dès lors, les langues ont commencé à se délier et les travers de sa gestion sont exposés publiquement.

Cette histoire de prétendue surfacturation exagérée sur une opération d’achat de chaux agricole avait fait l’objet d’une question orale lors d’une interpellation de l’ex-ministre du Développement rural, Bocari Tréta, à l’Assemblée nationale. Mais il n’avait pas fait autant de tollé que ces derniers jours.  Le marché mis en cause fait l’objet du contrat n° 002/2015/GIE relatif à la fourniture de chaux agricole au titre de la campagne agricole 2015/2016 entre le GIE Un-Scpc/Cmdt/Ohvn et la société Stone-sa. Ce GIE, rappelons-le, est celui-là même qui était cité dans l’histoire des engrais hors normes appelés abusivement «engrais frelatés » de la campagne agricole 2014-2015. Ce GIE regroupe les producteurs de coton, la Cmdt et l’Office de la Haute vallée du Niger. Il est présidé par Bakary Togola au nom des cotonculteurs qu’il est censé y représenter. Ce contrat est signé le 16 mars 2015 entre Ibrahima Diawara de Stone-sa en tant que fournisseur, Kalifa Sanogo Pdg de la Cmdt et Bakary Togola, président du GIE Un-Scpc/Cmdt/Ohvn. Que reproche-t-on au juste à cette opération ?

Selon les détracteurs, Stone-sa aurait profité de ce marché de gré à gré pour procéder à de la surfacturation. En effet, selon eux, 458,75 tonnes de chaux agricole ont été achetées avec la société Carrières et chaux de Toukoto (Cct-sa) à 16 239 750 Fcfa, soit 30 000 FCFA la tonne suivant contrat n° 030/2014/DA du 24 juillet 2014, signé entre Hady Ly comme fournisseur et Kalifa Sanogo, Pdg de la Cmdt.

Pour la campagne suivante, 2015-2016, 17 000 tonnes de la même chaux agricole ont été achetées avec la société Stone-sa à 4 250 000 000 FCFA, soit 250 000 FCFA la tonne, suivant contrat n°002/2015/GIE du 16 mars 2015, signé entre Ibrahima Diawara, fournisseur, Kalifa Sanogo, Pdg et Bakary Togola, président du GIE Un-Scpc/Cmdt/Ohvn qui est l’acheteur.

Pour ceux qui contestent cette opération, Cct-sa est la seule société qui produit de la chaux agricole au Mali. Par conséquent, pour eux, Stone-sa n’est donc qu’un intermédiaire qui a acheté la chaux chez cette dernière  pour la livrer à la Cmdt. En comparant les prix unitaires des deux contrats, ils en ont déduit une surfacturation qui s’élève à 220 000 FCFA la tonne d’où une surfacturation totale de 3 740 000 000 FCFA.

Fidèle à sa ligne éditoriale, « Le Sphinx » a mené des investigations relatives à tous ces griefs. Il s’avère que Stone-sa n’a jamais acheté la chaux chez Cct-sa comme indiqué : «Je n’ai jamais vendu de la chaux à Diawara (Stone) qui est d’ailleurs un concurrent puisque chacun de nous a son usine de production de chaux » affirme Hady Ly de Cct-sa que nous avons pu joindre au téléphone. Et il ajoute que s’agissant du prix de 30 000 FCFA la tonne qu’il avait appliqué, il ne s’agissait pas de chaux vive comme celle livrée par Stone, mais de de la simple dolomie. La différence, explique-t-il, c’est qu’il prend une roche, la broie et la réduit ainsi en une poudre utilisée pour la correction de l’acidité des sols. Selon lui, ce procédé, comme pour l’application de la chaux vive, sont tous deux appelés «chaulage agricole» dans le jargon.

Et M. Ly de préciser la différence : la chaux produite par Stone passe par des procédés de fabrication qui impliquent l’utilisation de fours fonctionnant à base de gasoil, pour brûler la même roche qu’il utilise aussi. C’est pour obtenir de la chaux vive.  Finalement, Hady conclura que même lui ne vend pas la dolomie au même prix que la chaux dont il a une unité de production. C’est clair donc qu’il dément l’information, selon laquelle, Stone est sous-traitant et se serait approvisionné chez lui. En même temps, il affirme que «le prix pratiqué par Stone n’est pas abusif » puisque tous les deux sont dans la même fourchette de prix en ce qui concerne la chaux. A ne pas confondre avec la dolomie qui coûte  30 000 FCFA la tonne, c’était un prix de lancement du produit pour permettre des tests au niveau de la Cmdt. Mais le prix normal qu’il a finalement appliqué lors de la commande de l’année suivante, c’est 67 000 FCFA la tonne.

Nous avons tenté de voir sur le marché un commerçant en mesure de proposer de la chaux vive comme celle produite par Stones à 30 000 FCFA, mais nous avons été pris pour des farceurs. Très souvent d’ailleurs, cela se vend conditionné par 25 ou 50 kg et sur le marché, on retrouve facilement les 25 kg vendus entre 6 500 et 7 000 FCFA. La tonne faisant 40 fois 25 kg, nous allons nous situer donc à un prix de 260 000 FCFA la tonne (40 fois 6 500) selon la démonstration faite par un tenancier de quincaillerie qui a l’habitude de vendre de la chaux vive.

Cette question de la surfacturation évacuée, en attendant d’avoir des preuves plus convaincantes de la part des contradicteurs, venons-en maintenant à l’objection selon laquelle, le contrat de Stone aurait été signé un samedi par le Pdg de la Cmdt. Vérification faite, la date de signature du contrat, le 16 mars 2015, c’était un lundi et non un samedi comme avancé.

Le débat devrait donc se situer ailleurs, notamment sur l’opportunité de l’utilisation de la chaux par le monde rural et les conditions à créer pour faciliter ce genre d’opérations, notamment le matériel, les précautions d’usage et surtout l’information et la formation pour éviter des accidents lors des manipulations.

Ceux qui remettent en cause ce contrat, au-delà de la question du prix, ont aussi souligné que la chaux a été introduite à la Cmdt, à l’insu du ministère de l’Agriculture et de l’Institut d’économie appliquée (IER). Cependant, il convient de préciser que des études menées au Mali par l’IER ont permis d’affirmer que la chaux permet d’augmenter considérablement le rendement des sols à un niveau très satisfaisant.

Nos recherches permettent d’avancer que l’utilisation de la chaux au Mali n’est pas un phénomène nouveau, puisqu’ayant commencé depuis les années 1980, avec une expérimentation sur le mil. Vers 2000, il y a eu beaucoup d’expériences sur l’arachide. C’est en 2013 qu’on a commencé une série d’expérimentations sur le coton et le maïs. On a trouvé que lorsqu’on utilise 500 kg de chaux à l’hectare, on a une augmentation de résultat qui va jusqu’à 26% pour le coton, mais pour le maïs, en général, c’est 10% d’augmentation.

En 2014, dans la région de Koutiala, on a enregistré des augmentations de rendement jusqu’à 47% dans le vieux bassin cotonnier, Kita 29%, Fana 27%. Il a été aussi démontré qu’avec 400 kg de chaux, on diminue l’aflatoxine de 48%. L’aflatoxine, c’est un champignon qui pousse quand l’arachide ou le maïs moisit. C’est un champignon noir, cancérigène que l’utilisation de la chaux sur l’arachide permet de diminuer.

Ces études menées par l’IER prouvent à suffisance que l’utilisation de la chaux agricole est un processus préparé, mais reste à mettre l’accent sur la formation et l’information des utilisateurs dans le cadre d’une utilisation encadrée par les services techniques compétents.

ABN

 

Source: sphynx

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