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Veille de Ramadan à Ségou : La valse des étiquettes

Les prix des produits de première nécessité comme les légumes ont augmenté au grand dam des ménagères

 

Les consommateurs sont confrontés à la dure réalité de la spéculation sur les produits de première nécessité en ce mois béni

La communauté musulmane du Mali à l’instar de toutes celles du monde a commencé le jeûne ce vendredi. Moment de recueillement et de prières par excellence, ce mois est aussi un grand moment de solidarité et d’entraide. Sur le plan des préparatifs matériels, le mois béni rime avec une plus grande consommation de produits alimentaires. Il impose au chef de famille de faire un surcroît d’efforts pour rendre les moments de rupture de jeûne agréable aux siens.
Ainsi comme un peu partout dans notre pays dans les marchés de Ségou, règne une atmosphère toute spéciale. Les étals sont exceptionnellement bien fournis pour accueillir l’arrivée des clients venus s’approvisionner en produits de première nécessité comme le riz, le mil, le sucre, le lait, l’huile alimentaire, etc.
Cependant, comme le dit un adage de chez nous « gnon bè gnobougou n’gan takan bala» pour dire que la disponibilité n’est pas forcément synonyme d’accès. Cette réalité résume parfaitement la situation des marchés de Ségou en ce début du mois béni.
Ce jeudi matin, l’affluence était très grande malgré la forte chaleur. Ici les uns et les autres se bousculent notamment devant les grands magasins de céréales, de lait et autres produits de première nécessité. Au regard des observations faites dans certains marchés, le constat est pour l’instant inquiétant. Selon plusieurs consommateurs, ce mois de ramadan risque d’être le plus dur jamais vécu. En effet, en plus de la dure loi du marché s’y ajoute une crise économique due à la pandémie et à la crise sécuritaire que connaît notre pays. Malgré les dispositions prises par les autorités pour fixer les prix des denrées de première nécessité, force est de reconnaître que les mesures ne sont pas respectées.

Les prix des denrées de première nécessité diffèrent selon les endroits. Au grand marché, les grandes boutiques proposent en majorité le kilogramme du riz entre 350 et 375 Fcfa. Le boutiquier Drissa Coulibaly explique que la situation est indépendante de leur volonté. « Nous ne voulons pas de cette cherté à chaque veille de ramadan, mais nos fournisseurs ne nous facilitent pas la tâche. Malgré la fixation des prix, nous marchands n’avons d’autre choix que de nous plier aux diktats de nos fournisseurs », soutient notre interlocuteur. Devant son magasin, il y avait un grand attroupement et aucune mesure contre le Covid-19 n’était respectée. À la question de savoir pourquoi, il ne met pas le dispositif de lavage des mains au savon devant sa boutique peut-on signaler au passage, notre commerçant répond qu’il n’y a pas de quoi. Pour la simple raison que Ségou n’a pas encore enregistré de cas. Par ailleurs, dit-il comme pour se défendre que ce n’est pas tous les jours que sa boutique est envahie de la sorte. Nous avons rencontré Massa Makan Cissé. Il était venu acheter des kits pour le ramadan à savoir le riz, le sucre, le lait, la datte, le thé Lipton. Très remonté il ne cache pas sa colère. « Avons-nous le choix de ne pas acheter ces produits ? Personnellement, je suis obligé et ces commerçants nous tiennent au cou à chaque ramadan et veille de fête et l’État assiste à notre malheur sans y trouver une solution. Nous sommes dans quel pays où les prix diffèrent d’une boutique à une autre quand le gouvernement annonce publiquement que les prix sont maîtrisés ? », s’interroge notre interlocuteur. Dans cette boutique Massa Makan a acheté 50 kg de riz à 17.500 Fcfa, soit 350 Fcfa le kilo. Le sac de sucre de 50 kg lui a été cédé à 20.000 Fcfa, soit 400 Fcfa le kg. Il faut retenir qu’une semaine auparavant, le kilo du sucre était vendu entre 320 et 350 Fcfa. Le kilo de la datte est aussi passé de 1000 Fcfa à 1100 Fcfa, soit une augmentation de 100 Fcfa. Pour le boutiquier, les clients de dernière minute ont fait le mauvais choix d’attendre les dernières heures pour faire leurs achats. Il a oublié que les salariés attendaient leurs salaires pour enfin faire leurs achats pour le ramadan.

Non loin de cette boutique, Issa un chef de famille n’arrivait pas à expliquer cette soudaine flambée des prix des denrées de première nécessité. « Je ne peux pas comprendre qu’en moins d’une semaine que les prix grimpent de la sorte. Nous assistons impuissants à ce phénomène chaque année à la veille du ramadan. C’est du déjà vu sauf que les commerçants ne doivent pas perdre de vue que la population peine à joindre les deux bouts. J’en connais des chefs de famille qui ne ferment plus les yeux tellement les temps sont durs », explique Issa avant de s’introduire dans un magasin où l’on vend du lait, de l’huile et du sucre, des dattes et beaucoup de petites choses utiles pour la rupture du jeûne. Dans ce marché le kg de la farine est cédé entre 350 et 375 Fcfa, l’huile entre 600 à 625 Fcfa et le lait à 2000 Fcfa et plus selon la qualité.
Au marché de Médine, un autre quartier de Ségou, le constat est presque le même. Sauf qu’ici les commerçants semblent s’accorder sur un même prix en ce qui concerne le riz et le sucre. Dans ce marché, le kilo du riz est cédé à 375 Fcfa et le sucre à 425 Fcfa. Pour les clients rencontrés dans ce marché, rien ne justifie ce brusque changement si ce n’est la cupidité. Malgré les plaintes et les sautes d’humeur les clients achètent et s’en remettent à Dieu. Les prix du maïs, du petit et gros mil sont presque les mêmes. Le kilo du maïs était cédé ce jeudi à 200 Fcfa contre 175 Fcfa la semaine dernière. Pour le petit et le gros mil, il faut débourser 250 Fcfa. Ce prix a aussi augmenté de 25 Fcfa.

Le panier de la ménagère n’a pas échappé à cette soudaine hausse de prix. Nous avons rencontré au marché de « Médine » de Ségou, Mme Djénébou Diarra. Elle y était venue pour faire ses provisions. Comme elle, bon nombre de femmes s’insurgent contre la cherté des prix en cette veille de ramadan. Notre interlocutrice nous explique que la situation du marché était différente, il y a moins d’une semaine. Elle indique que le kilogramme de l’échalote était cédé la semaine dernière entre 140 à 150 Fcfa. Ce jeudi dans les marchés de Ségou le kilo de l’échalote était cédé entre 175 Fcfa à 185 Fcfa par endroit. Les ménagères peuvent avoir la tomate à des prix abordables. Malgré l’abondance du légume, on constate une légère augmentation. Un petit panier d’échalote était cédé entre 500 et 600 Fcfa. Présentement il faut 750 Fcfa pour avoir la même quantité. « A part la viande, dont les prix restent inchangés (2000 Fcfa avec os et 2500 Fcfa sans os), les prix de tous les autres produits nécessaires pour la cuisine ont été revus à la hausse », souligne notre interlocutrice. Elle indique que le kilo de la pomme de terre a changé du jour au lendemain « Hier, dans ce marché avec le même marchand j’ai acheté le kilo de la pomme de terre à 350 Fcfa aujourd’hui il me réclame 375 Fcfa. Comment expliquer cet état de fait ?», s’interroge-t-elle visiblement remontée. Les amateurs de gros oignons doivent débourser 170 Fcfa pour le kilo contre 150 Fcfa, il y a quelques jours.
La situation est d’autant plus frustrante que les gens n’ont pas assez de moyens car, écrasés par une double crise sanitaire et sécuritaire. Les femmes ont du pain sur la planche pour faire le marché car, on ne peut rien acheter, le prix de presque tous les produits nécessaires a augmenté. Le tas de gingembre qui était cédé à 100 Fcfa est à 150 Fcfa. Le kilo est cédé à 1000 Fcfa. Dans les différents marchés de Ségou acheteurs, commerçants, revendeurs et autres se côtoient et aucune mesure contre le coronavirus n’est respectée.

Mariam A.
TRAORÉ
Amap-Ségou

Source : L’ESSOR

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