Tandis que des jeunes manipulés et insouciants de leur propre avenir, à plus forte raison celui du pays, saccageaient le tribunal de la Commune IV de Bamako, des centaines de leurs camarades venus de la toute la République sont à l’école de la citoyenneté. Au service donc de différentes communautés dont ils partagent le quotidien pour mieux connaître ce pays et ses habitants. Et cela à l’occasion de la 7e édition des «Vacances citoyennes» officiellement lancée le 12 août 2016 à Bandiagara (Mopti). Une caravane de citoyenneté qui va aussi poser ses camps à Bla (Ségou) et Yanfolila (Sikasso) du 12 août au 05 septembre 2016. Cette initiative tire sa pertinence du fait que l’éveil des consciences est ce qui manque le plus aujourd’hui à notre jeunesse pour avoir sa propre vision des challenges de la République.
«Rôle de la jeunesse dans la construction citoyenne» ! Tel est le thème de la 7e édition des «Vacances citoyennes» (12 août-25 septembre).
Lancée officielle à l’occasion de la Journée internationale de la Jeunesse (JIJ) par le ministre Amadou Koïta à Bandiagara, cette édition rassemble 10.000 jeunes de toutes les régions du Mali. Les campeurs vont poser leurs tantes sur 3 sites que sont le cercle de Bandiagara (Mopti), le cercle de Bla (Ségou) et le cercle de Yanfolila dans la région de Sikasso.
Cette initiative lancée par le ministre Hamane Niang, sous le régime du président Amadou Toumani Touré, vise à éveiller chez les jeunes le sens de la responsabilité, la culture de la citoyenneté et de l’excellence, l’esprit de la paix et de la cohésion sociale. Les activités programmées sont destinées à développer en eux le goût des travaux d’intérêt collectif.
Le patriotisme chez les jeunes, la célébration de la Journée internationale de la jeunesse, le rôle de la jeunesse dans la construction citoyenne à travers le brassage interculturel sont aussi des objectifs assignés à ces vacances citoyennes.
Le ton des activités a été donné le 12 août 2016 à Bandiagara par l’exécution de l’hymne national. Ce camp ambulant donne l’occasion aux jeunes de fabriquer des briques en ciment (5.000) au profit du foyer des jeunes de Bandiagara, d’entreprendre une vaste campagne de reboisement et de sensibilisation sur le lavage des mains au savon.
Des travaux d’assainissement, des conférences débats sur la lutte contre la maladie hémorragique à virus Ebola, le VIH/Sida… figurent parmi les activités prévues sur les 3 sites durant la période des vacances citoyennes dont les participants séjournent présentement à Bla, une ville carrefour dans la région de Ségou.
Les activités porteront aussi sur l’information et la sensibilisation des jeunes sur la construction Citoyenne, l’accord pour la paix et la réconciliation, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, l’éducation, la culture, l’enseignement de l’esprit patriotique chez les jeunes, la citoyenneté, la circulation et la formation sur le code de la route, la santé de la reproduction et le sport.
«Nous allons parcourir le Mali durant ces vacances citoyennes pour aller aux contacts de nos concitoyens de toutes les confessions religieuses et obédiences politiques et idéologiques. Chaque vacancier doit noter ce qu’il aura vu et entendu, car sur chaque parcelle de notre vaste pays se trouvent des enseignements à tirer des hommes, des camarades, de la faune et de la flore», a conseillé le président du Conseil national de la jeunesse du Mali (CNJ/Mali), Mohamed Salia Touré.
«Soyons conscients de tout ce qu’il nous reste encore à découvrir des riches cultures et vieilles traditions de notre pays. Partageons avec les autres des moments intenses dans le respect de leurs règles et modes de vie. Vivons et donnons aux autres l’espoir et l’envie de vivre», a-t-il ajouté.
Renouveau citoyen pour sortir de l’impasse
Pour le ministre Amadou Koïta, «Bandiagara est le condensé de l’équilibre, de la symbiose et du vivre ensemble dont le socle est la tolérance, surtout religieuse et d’opinion». Et d’après lui, «c’est de cela que le Mali a besoin pour mettre fin définitivement à la crise pour une paix durable», dit-il.
Pour le ministre Koïta, «le renouveau du pays passera par la construction citoyenne».
Et cela est indéniable en cette période où le Mali traverse une phase critique de son histoire. Il est indispensable de préparer les jeunes à être des citoyens soucieux du bien public et conscients qu’ils doivent s’imposer une nouvelle mentalité avant d’attendre un quelconque changement des décideurs.
L’éveil des consciences est ce qui manque le plus aujourd’hui à notre jeunesse pour avoir sa propre perception des défis de la République et de leurs enjeux pour elle et l’ensemble des Maliens.
Les jeunes du Mali, comme ceux de la diaspora, doivent apprendre à voir, à analyser… donc à penser par eux-mêmes au lieu de se laisser téléguider sur le terrain de la destruction par des discours politiques démagogiques ou des tribunes animées par des camarades qui sont tout sauf indépendants d’esprit. Des objecteurs de conscience manipulés dans l’ombre.
En cette période critique de l’histoire de notre pays, aucune colère, aucun sentiment d’injustice ou de révolte ne doit nous pousser à la violence gratuite, à détruire le peu que les autorités parviennent à réaliser à la sueur du pauvre contribuable toujours sollicité et exploité.
N’oublions pas surtout que c’est l’attribution des marchés d’équipement, de réalisations de divers ouvrages… qui alimentent la corruption, la délinquance financière. Agir comme les jeunes l’ont aveuglement fait le 17 août dernier, c’est donner l’occasion au pouvoir de justifier ses carences, son incapacité à combler nos attentes.
Refusons de jouer le jeu des politiciens dont la seule aspiration est de conquérir le pouvoir pour l’utiliser à des fins inavouables. Et projetons-nous vers l’avenir en nous appropriant cette citation de Zanele Mbeki (Epouse de l’ancien président Thabo Mbeki d’Afrique du Sud, une militante anti-apartheid, féministe et femme d’affaires prospère) qui nous rappelle que «tous les matins en Afrique une antilope se lève. Elle sait qu’elle devra courir plus vite que le plus rapide des lions. Autrement, elle se fera tuer. Tous les jours en Afrique un lion se lève. Il sait qu’il devra courir plus vite que le plus lent des lions. Autrement il mourra de faim. Peu importe que vous soyez antilope ou lion Quand le soleil se lève vous feriez mieux de courir» !
Courrons donc en nous préoccupant d’abord de sortir notre pays de cette impasse politico-sécuritaire. En 2018, nous aurons toutes les cartes en main pour sanctionner ou adouber !
Moussa Bolly
Source: le Matin