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» Une tentative d’assassinat » très mal venue

En attendant que l’enquête ouverte sur la tentative d’agression au couteau contre le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, nous en dise plus, l’hypothèse la plus plausible, au regard de la qualité d’enseignant attribuée au présumé agresseur par le commissaire de la police du 3ème arrondissement, nous oriente vers la piste d’un acte inspiré par la frustration. Laquelle pourrait être liée à l’adoption par le gouvernement, le 30 juin, d’un projet de loi relatif à l’harmonisation des grilles indiciaires de la fonction publique suivie, le 16 juillet, de la signature d’une ordonnance d’application par le chef de l’Etat.

 

Cette mesure ouvre la voie à la matérialisation d’une disposition majeure de l’accord gouvernement-UNTM signé depuis 2014 mais resté dans les cartons notamment pour des contraintes financières. Elle fait donc le bonheur de la principale centrale syndicale du pays tout en éloignant le spectre d’une reprise de la grève générale illimitée (elle avait été suspendue suite au coup d’Etat du 24 mai) pouvant compromettre la réussite de la transition.

En revanche elle a été accueillie comme « une déclaration de guerre » par la Synergie des syndicats des enseignants signataires du protocole du 25 octobre 2016, en ce qu’elle met fin aux avantages attachés à leur statut particulier conquis de haute lutte. Aussi avait-elle réagi en annonçant la rétention des notes et le boycott des épreuves anticipées des examens de fin d’année, prévus en août. Son programme de mobilisation comporte également une assemblée générale le 27 juillet et un meeting national le 29 suivant.

Dans sa déclaration à chaud après l’attentat manqué, Assimi Goïta semble privilégier la piste d’un acte solitaire : » Quand on est leader, il y a toujours des mécontents, des gens qui, à tout moment, peuvent vouloir tenter des choses pour déstabiliser, tenter des actions isolées « . A priori donc il exclut l’existence de groupe organisé derrière cette entreprise hardie de lui ôter la vie, ce qui induit aussi bien un syndicat qu’une organisation terroriste. Mais, à l’évidence, c’est à l’enquête de faire la lumière sur ces zones d’ombre.

Si celle-là confirme que le présumé agresseur, dont l’identité même est tenue au secret, a agi par frustration professionnelle (il aurait crié  » nous avons trop souffert » en se jetant sur sa cible) il faudrait s’attendre à ce qu’il bénéficie de la solidarité de ses collègues enseignants. Sans aller jusqu’à cautionner la tentative d’assassinat, ils ne peuvent pas ne pas lui exprimer leur sympathie ou lui apporter leur concours dans la procédure judiciaire qui devrait s’ouvrir comme cela sied dans tout Etat respectueux des droits humains.

Une chose est certaine: le Mali n’avait pas besoin, avec cette tentative d’homicide qui a d’autant plus frappé les esprits qu’elle a eu lieu dans la mosquée Fayçal et à l’occasion de l’aïd-el-kebir, de se donner en spectacle au monde. Après le double coup d’Etat en neuf mois qui l’avait déjà singularisé sur la scène internationale.

Il faut espérer que les développements de ce triste épisode ne génèrent pas un impact négatif sur une transition qui, à sept mois de son terme, n’a pas encore trouvé ses repères.

Saouti HAIDARA

Source : l’Indépendant

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