Le Quotidien National, qui s’est jadis singularisé par la mesure dans ses approches et le traitement des sujets, a récemment étonné par une démarche très inhabituelle au point de jeter un peu plus de doute sur son impartialité déjà si relative. C’était à la faveur du récent congrès ordinaire de l’ASMA-CFP. L’appartenance de ce parti au Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga lui a valu de bénéficier d’un traitement dont aucune formation politique n’a probablement jamais bénéficié par le passé : occuper la manchette du journal le plus audiencé du pays. Une première sans doute, depuis le démantèlement du pari unique au Mali. C’est dire que même le prestigieux Quotidien National n’a pu résister à la tentation de faire allégeance au Président-Premier ministre – dont le parti n’a de cesse de ratisser depuis son accession à la Primature. Sauf que l’AMAP et l’Essor crée en même temps un précédent. Égal Accès Aux Médias d’Etat exige, tout parti politique régulièrement constitué est désormais en bon droit d’exiger un traitement similaire pendant leurs différentes assises. Notons qu’ils sont plus d’une centaine parmi lesquels l’UDD de Tiéman Hubert Coulibaly dont les assises quelques jours auparavant n’ont pas mérité un égard de même dimension.
Le Pm SBM face aux assauts du député Belco, à la connivence des pro-Treta et à l’indifférence de Karim KEÏTA
Lors de l’interpellation du gouvernement sur la problématique du Centre-Mali, la tension était palpable dans l’atmosphère à l’hémicycle. En atteste la fin très froide d’un épisode à l’issue duquel le chef du Gouvernement est reparti de l’hémicycle sans avoir été raccompagné par un officiel de l’Assemblée nationale. La froideur découle sans doute du ton très peu amical sur lequel le Premier ministre d’IBK a pris congé de l’hémicycle, lundi dernier, après sa vive escarmouche verbale avec le député Belco Bah. L’intervention du député élu à Niono n’était qu’une face visible de l’iceberg que le Pm a dû affronter lors des débats. Comme pour lui rendre l’épreuve le moins surmontable possible, les pro-Tréta (son adversaire) n’ont pas manqué d’entrer sournoisement dans la danse en prêtant main-forte au plus gênant de ses interlocuteurs par des rajouts de temps de parole. Belco Bah s’en est naturellement servi pour désaxer l’illustre visiteur et détricoter ses arguments devant les élus de la nation. Toutes chose que le président de la Commission Défense et Sécurité semble avoir avoir savouré dans une indifférence certes mesurée mais qui cache mal sa passive complicité avec la dure épreuve infligée au chef du Gouvernement.
Qui a prise sur le mandat présidentiel ?
La question est d’autant moins superflue que le Premier ministre s’est illustré par des propos très intrigants lors des assises de son parti, l’ASMA-CFP. Devant les centaines de militants et les partis politiques invités pour la circonstance, Soumeylou Boubeye Maiga a pris l’engagement d’œuvrer à la fusion d’un certain nombre de formations politiques liés par l’histoire, à savoir : l’ASMA, l’Adema, l’Urd et l’Udd. La curiosité de sa déclaration tient au fait que le Premier ministre parle de son projet en liant l’échéance de sa réalisation au quinquennat du président de la République. Or le Premier ministre n’a logiquement aucune prise sur le mandat pour autant que les chefs de gouvernement au Mali sont faits et défaits par le chef de l’Etat. A moins que SBM ait des assurances d’inamovibilité pendant tout le quinquennat pour être lui aussi le faiseur du second mandat de son employeur.
La Rédaction
Source: Le Témoin