Au Mali , où les maladies de la peau sont répandues et les dermatologues rares, les médecins se sont tournés vers la technologie pour traiter les patients à distance.
Dans son bureau de Bamako, le professeur Ousmane Faye, l’un d’un rares dermatologues au Mali, examine les photos d’un bras et d’un torse affligé par un trouble de la pigmentation de la peau.
Les photos sont arrivées le même jour où le patient a été chez son médecin à Koulikoro, à 57 kilomètres.
Le programme pilote du Pr Faye, mis en place pendant 18 mois, permet aux médecins généralistes travaillant dans les régions les plus reculées de consulter un spécialiste.
Dans un pays qui compte environ un dermatologue par million de personnes, c’est une aide précieuse.
Au Mali, selon les estimations, près de 30% de la population souffre de maladies de la peau, telles que la lèpre, le psoriasis et l’eczéma.
« Le patient de Koulikoro souffre de lésions d’hypochromie avec des taches saines de peau », explique Ousmane Faye, responsable de la dermatologie au centre national de lutte contre la maladie (CNAM) du Mali.
« Il y a deux mois, le patient avait un traitement qui a aggravé les lésions », ajoute-t-il. Par traitement, le Pr parle des remèdes traditionnels.
Mais grâce à l’application « Bogou », conçue par un développeur malien, le professeur peut apporter ses connaissances spécialisées sur les informations envoyées par les médecins généralistes, en utilisant son ordinateur ou même son téléphone mobile.
En utilisant une plate-forme sécurisée protégée par un mot de passe, le spécialiste assure qu’il peut voir des images postées par le médecin généraliste à Koulikoro. « Ensuite, je peux confirmer le diagnostic du médecin et même donner des conseils », indique le Pr Faye.
À condition que des images claires soient disponibles, la ligne de travail du Pr Faye est particulièrement adaptée au diagnostic à distance, car la dermatologie est basée sur l’observation par l’œil humain. « Il y a un triple avantage: temps, argent et formation », pour les médecins sur le terrain », explique-t-il.
À Banamba, à environ 140 kilomètres (90 milles) au nord-est de Bamako, la patiente Fatoumata Konare en a récolté les bénéfices. « J’avais des démangeaisons depuis longtemps », dit-elle concernant son état de peau.
Son docteur a pris des photos et les a envoyées via « Bogou » et lui a demandé de revenir le lendemain pour une prescription. « Je suis allé acheter les pilules et la lotion et j’ai été guéri. Je n’ai pas besoin d’aller nulle part ailleurs, tout a été pris en charge à Banamba », dit-elle.
La fondation Pierre Fabre qui finance le programme a déclaré que les résultats ont été «solides», avec 175 cas complexes diagnostiqués à distance.
La fondation favorise l’utilisation de nouvelles technologies pour améliorer le diagnostic et le traitement des maladies de la peau en Afrique, l’idée est d’étendre le projet du Mali à d’autres pays africains.
Déjà, 20 médecins et infirmières ont été formés dans le but d’étendre le service au Mali au cours des deux prochaines années.
Ils se concentreront d’abord sur les zones les plus défavorisées et éloignées qui ont une couverture Internet.
Source: journaldumali