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Une délégation interreligieuse malienne plaide à Paris la cause de l’unité du pays

En visite à Paris, mais aussi à Bruxelles et à Genève, une délégation interreligieuse malienne est venue partager son inquiétude quant à la situation du pays et son avenir.

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Pour ces responsables, accorder une autonomie accrue aux régions du Nord reviendrait à légitimer la violence armée.

 « Trop c’est trop. Aujourd’hui, au Mali, pas une famille n’est épargnée par la guerre, la souffrance : certaines sont réfugiées dans les pays voisins, déplacées à l’intérieur du pays, d’autres ont perdu le père ou le fils qui les faisait vivre… Il faut que 2015 voie la fin de nos misères ! » Ce sont les mots de « l’Éternel » dans le livre de l’Exode que l’archevêque de Bamako au Mali, Mgr Jean Zerbo, est venu porter à Paris, à Bruxelles et à Genève depuis lundi 26 janvier : « J’ai vu les souffrances de mon peuple… »

 

musulmans et chrétiens actifs ensemble

Depuis que « la tempête s’est déclenchée en 2012 », lorsque des mouvements islamistes ont profité de la rébellion touarègue pour prendre le contrôle du Nord du pays, poussant le président Amadou Toumani Touré à la démission, musulmans et chrétiens n’ont cessé d’organiser des rencontres, et même une marche commune en septembre, pour « prier et apaiser », témoigne Mgr Zerbo. « Mais cela ne suffit pas. Nous avons donc décidé de partir en pèlerinage en France pour la remercier pour son intervention et dire que nous attendons davantage : il faut que la violence cesse, sinon la situation ira de mal en pis ! »

C’est à l’appel de Chérif Ousmane Haïdara, le président du Groupement des leaders spirituels musulmans du Mali, qu’une petite délégation de quinze Maliens représentant la société civile s’est rendue à Paris, à Bruxelles et à Genève du 26 janvier au 4 février : religieux donc, mais aussi représentants du patronat et des syndicats, des « jeunes » et des « femmes », venus du Sud du pays – où se trouve notamment la capitale – mais aussi du Nord, en particulier des régions de Kidal, Gao ou Tombouctou.

À Paris, ils se sont rendus au ministère des affaires étrangères, mais aussi au Conseil français du culte musulman (CFCM) et à la Conférence des évêques de France (CEF) où ils ont rencontré le président du Conseil pour les relations interreligieuses, Mgr Michel Dubost, évêque d’Évry. « Tous, nous portons le même message », affirme le pasteur Youssouf Dembele, délégué général de l’Association des Églises et missions protestantes au Mali. « Nous défendons l’indivisibilité du pays, sa forme républicaine, ainsi que sa laïcité. »

 

 « La France doit peser sur les négociations »

Plusieurs éléments du « projet d’accord pour la paix et la réconciliation au Mali » négocié à Alger le 27 novembre 2014 les inquiètent, comme la possibilité « pour chaque région de choisir son nom », ou également la faculté laissée à « plusieurs régions de se regrouper et d’élire une assemblée commune ».

« Nous sommes d’accord pour demander des changements de gouvernance mais en restant dans la logique d’un seul État », insiste Mohammed Ould Mataly, un député de la région de Gao, qui porte le turban blanc des habitants du Nord du pays.

Pour tous, la France – engagée militairement au Mali par le biais des dispositifs Serval puis Barkhane – doit peser sur les négociations, et exiger de la rébellion qu’elle arrête de « tirer sur la corde », selon la formule de Mgr Zerbo.

Présidente de la Coordination des associations et ONG féminines du Mali, Oumou Toure porte un tee-shirt sur lequel est inscrit « Ensemble, nous sommes un peuple » : « En tant que femme, je ne veux plus que les armes parlent, mais que le dialogue prévale. Si les gens veulent vraiment le développement, alors la solution n’est pas la guerre : aucun bailleur international n’enverra des fonds tant que la violence régnera. »

« Moi-même je viens du Nord, ajoute-t-elle. Personne ne m’a jamais consultée pour me demander si je souhaitais l’indépendance ! Je ne suis pas contre certaines revendications des rebelles, par exemple celles qui concernent le développement, mais pour moi, il faut les soutenir de manière légale, et non en portant les armes contre son propre peuple. »

 

touaregs ou islamistes ?

Secrétaire exécutif du Groupement des leaders spirituels musulmans, Adama Kane a des mots particulièrement durs contre la rébellion, dont la part touarègue ne fait en réalité que « maquiller la réalité islamiste », et qu’il compare à « un cancer qui gagne du terrain dans un corps ». « Aujourd’hui, c’est le moment de les arrêter », prévient-il.

Alors que le cinquième « round » de négociations doit reprendre à Alger en février sur la base d’un projet d’accord établi en novembre, tous ces responsables de la société civile craignent qu’il n’envoie un message très négatif à tous les mécontents du pays, en « cédant » aux revendications armées.

À leurs yeux, seule la France peut faire contrepoids à ces dernières, et obtenir que les négociations se fassent dans le cadre constitutionnel existant. « La France doit parachever le travail entamé », estime l’archevêque de Bamako. « Cette guerre qui n’en finit pas réveille le démon de la violence qui sommeille en chacun de nous. Tout n’est pas pourri, même chez les djihadistes, mais ils doivent entendre autre chose que le bruit des armes ! Ces événements doivent provoquer une conversion en chacun de nous. »

Anne-Bénédicte Hoffner

Source: La-croix.com

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