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Une coopération militaire renforcée, enjeu majeur de la visite de Bolsonaro à Washington

En visite officielle à Washington à partir de dimanche, le président brésilien Jair Bolsonaro doit sceller avec son homologue américain Donald Trump le rapprochement entre les deux pays, qui passe notamment par une coopération militaire renforcée.

 

Pour sa première visite officielle bilatérale, le président brésilien Jair Bolsonaro, qui a toujours clamé son admiration pour Donald Trump, a choisi de se rendre aux États-Unis. Ce séjour à Washington, du dimanche 17 au mercredi 20 mars, devrait metttre l’accent sur la coopération militaire entre les deux pays, qui va s’intensifiant depuis quelques années.

Le renforcement de cette coopération passera par un nouveau statut accordé au Brésil : celui d’ »allié majeur non-membrede l’Otan » (« major non-NATO ally » ou MNNA en anglais). Sans appartenir à l’Otan, l’État sud-américain va revêtir l’habit d’allié privilégié de Washington dans la région. L’Argentine était jusque-là le seul pays de la région à bénéficier de ce statut, par ailleurs accordé à 16 autres nations dans le monde. Ce titre, qui se négocie depuis un an entre les deux États, selon des officiels brésiliens cités par Reuters, permet un accès préférentiel à l’achat d’équipements militaires et technologiques, des procédures plus rapides pour leur exportation, et des coopérations en termes d’entraînements militaires.

Ce nouveau statut va faciliter les transferts technologiques dans les domaines de la défense et de l’aéronautique, à l’heure où un accord entre Boeing et l’avionneur brésilien Embraer pour des avions militaires et commerciaux est en cours de finalisation, le président brésilien ayant donné son feu vert à ce projet début janvier.

Une opération intéressante pour les États-Unis, qui souhaitent booster les ventes d’équipements militaires. Si, dans ce secteur, le Brésil est leur premier client sud-américain, les ventes d’équipements militaires à Brasilia n’ont pas dépassé les 40 millions de dollars en 2017 (35 millions d’euros). Ce commerce est un enjeu de taille pour l’administration Trump, qui a lancé en avril 2018 une réforme de la politique d’exportation d’armes visant à faciliter et accélérer les ventes à ses alliés, afin de soutenir l’industrie américaine. Washington cherche également à être plus compétitif face à la concurrence de la Chine et de la Russie, qui ont adopté des politiques commerciales agressives dans la région, y compris en matière de vente d’armes.

La base d’Alcantara, autre enjeu stratégique

Avant Boeing, l’avionneur Embraer s’était déjà rapproché d’un autre acteur de l’industrie aéronautique américaine, Rockwell Collins, en signant en 2017 un accord de collaboration lui permettant de poursuivre la fabrication conjointe d’équipements de défense comme certains avions militaires.

Ces rapprochements entrent dans le cadre d’un accord de coopération pour développer des technologies communes dans le secteur de la défense, le « Master Information Exchange Agreement » (MIEA) signé entre les deux pays en mars 2017, avant de l’arrivée de Jair Bolsonaro au pouvoir.

Autre enjeu stratégique de cette visite, la base d’Alcantara, dans l’État septentrional de Maranhão. Le 14 mars, sur Facebook, Jair Bolsonaro a expliqué qu’il signerait à Washington un accord sur le lancement de satellites américains depuis cette base, idéalement située en raison de sa proximité avec la ligne de l’équateur.

L’utilisation de la base, que les deux pays avaient commencé à négocier dès 2000, doit passer par un accord de protection des droits de propriété intellectuelle des fusées et satellites. Les Brésiliens espèrent ainsi profiter du « business » des lancements de satellites, qui représente 300 milliards de dollars par an (265 milliards d’euros), en attirant des entreprises américaines.

« Formidable opportunité »

Ce statut d’ »allié majeur non-membrede l’Otan » permettra enfin d’accentuer la coopération entre les deux armées. « C’est une formidable opportunité de renforcer notre partenariat avec le Brésil » a ainsi déclaré à Reuters l’amiral américain Craig Faller, chef du commandement de l’armée américaine chargé de l’Amérique latine, précisant que cela pourrait aboutir à approfondir la collaboration au plan du renseignement, des exercices militaires conjoints ou encore de la formation militaire.

Le président brésilien avait même affirmé début janvier qu’il était ouvert à la discussion au sujet de l’installation d’une base militaire américaine sur son territoire.

Les militaires américains de Southcom – chargé de toutes les actions militaires des États-Unis en Amérique centrale, Amérique du Sud et les Caraïbes – et l’armée brésilienne collaborent étroitement depuis 2017 et la mise en place de l’opération « culminating », qui consiste en des manœuvres et entrainements conjoints.

« Peu probable » que le Brésil intervienne au Venezuela

Cette coopération militaire renforcée intervient au moment où les deux pays ne cessent d’affirmer leur opposition au président vénézuélien Nicolas Maduro. Sur ce plan, Donald Trump et Jair Bolsonaro devraient réaffirmer ensemble une ligne dure. Les États-Unis ont été à la proue de la cinquantaine de pays ayant reconnu le président autoproclamé Juan Guaido, opposant du président chaviste Nicolas Maduro, dont ils ont appelé à la chute. Le Brésil a suivi de près.

Donald Trump n’a pas exclu une intervention militaire, cette option n’est pas envisageable pour Jair Bolsonaro, ni pour la douzaine de pays latino-américains du groupe de Lima qui inclut aussi le Canada. « Il est peu probable que le Brésil prenne des actions militaires pour régler la situation au Venezuela, mais il est possible qu’il se montre plus ferme publiquement avec ce voyage à Washington », a expliqué à l’AFP Roberta Braga, du centre latino-américain de l’Atlantic Council, basé à Washington.

Pour sa part, Donald Trump souhaite conserver un allié de poids comme le Brésil, première puissance d’Amérique latine, « pour continuer à exercer des pressions sur Maduro et s’assurer que la vague d’appuis qu’a reçus Guaido ne diminue pas au fil du temps », a indiqué Thomaz Favaro, analyste chez Control Risks.

Outre le Venezuela, le renforcement de la coopération militaire souhaitée par les deux présidents nationalistes est aussi le moyen pour eux de donner un signal fort de l’importance de la sécurité nationale dans leur politique.

Avec AFP et Reuters

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