Dans ce même dossier, où sont jugées plus de 700 personnes, figure le photojournaliste connu sous son pseudonyme Shawkan, qui a, lui, été condamné à cinq ans de prison.
Un tribunal du Caire a confirmé, samedi 8 septembre, les condamnations à mort de 75 personnes, le plus grand nombre de condamnations à la peine capitale dans une seule affaire. Les juges avaient prononcé ces peines, le 28 juillet. Elles ont été depuis confirmées par le grand mufti d’Egypte qui a donné son avis consultatif.
Parmi les 75 personnes condamnées, 44 étaient présentes samedi et 31 ont été condamnées par contumace. Les condamnés peuvent encore faireappel. De hauts dirigeants des Frères musulmans, comme Mohammed Al-Beltagui, Issam Al-Aryane et Safwat Hijazi figurent parmi les personnes condamnées à mort samedi. Le tribunal a aussi confirmé la condamnation à perpétuité du guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badei
C’est dans ce même dossier, où sont jugées plus de 700 personnes, que figure le photojournaliste Mahmoud Abou Zeid, connu sous son pseudonyme Shawkan. Il avait été arrêté en août 2013 pour avoir pris des clichés d’une manifestation de soutien au président islamiste Mohamed Morsi, réprimée dans le sang. Poursuivi pour « meurtre, tentative de meurtre et appartenance à un groupe terroriste », le photographe qui risquait la peine de mort a été condamné à cinq ans de prison.
Shawkan bientôt libéré
Présent au tribunal samedi, Shawkan devrait pouvoir sortir de prison « dans quelques jours » après le prononcé de sa peine couverte par sa détention, selon son avocat Me Karim Abdelrady. Selon Me Abdelrady, qui se réjouit de la remise en liberté prochaine de Shawkan, la peine est toutefois « injuste parce qu’il n’a fait que son travail ». En mai, Shawkan a obtenu le prix mondial de la liberté de la presse de l’Unesco.
Plusieurs ONG internationales ont milité pour sa libération. A l’approche de la décision de justice, Amnesty International et Reporter sans frontières avaient organisé, jeudi, un rassemblement devant l’ambassade d’Egypte à Paris pour réclamer une nouvelle fois la libération du photographe.
« Le monde vous regarde », titrait Amnesty, en s’adressant aux autorités judiciaires égyptiennes, dans un communiqué évoquant la manifestation jeudi. Selon RSF, 32 journalistes sont actuellement emprisonnés en Egypte, qui figure au 161e sur 180 au classement mondial 2018 de la liberté de la presse.
Après l’éviction le 3 juillet 2013 de Mohamed Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte, le pays avait connu plusieurs mois de violence durant lesquels les forces de sécurité ont réprimé dans le sang les rassemblements de ses partisans. Le 14 août 2013, policiers et soldats avaient ainsi tué par balles plus de 700 manifestants pro-Morsi, en faisant évacuer la place Rabaa Al-Adawiya et une autre du centre de la capitale.
Le Monde