Dans les hautes sphères politiques ouest-africaines, Umaro Sissoco Embaló est décidément un chef d’État à part. Le Bissau-Guinéen participait jeudi 20 août à la visioconférence de la Cedeao consacrée au coup d’État ayant eu lieu au Mali deux jours plus tôt. Et il n’a pas hésité à prendre le contre-pied de certains de ses homologues.
Lors d’un premier tour de prise de parole des chefs d’États, alors que Mahamadou Issoufou, président en exercice de la Cedeao, rappelait la nécessité de condamner le coup d’État et qu’Alassane Ouattara et Alpha Condé affichaient leur soutien à Ibrahim Boubacar Keïta, qu’ils espèrent toujours réinstaller à la présidence malienne, Sissoco Embaló a jeté un froid lors de l’assemblée virtuelle.
En effet, si le président bissau-guinéen s’est déclaré favorable à la condamnation du coup d’État au Mali, il a ajouté que la Cedeao devrait adopter la même attitude pour « tous les coups d’État ». Et d’ajouter que, selon lui, « les troisièmes mandats » étaient également des coups d’État.
« Fiston »
Si le Nigérian Muhammadu Buhari a souri à cette pique, les principaux intéressés, Alpha Condé, candidat présumé pour la troisième fois à la présidentielle en Guinée, et Alassane Ouattara, officiellement en lice en Côte d’Ivoire, n’ont guère apprécié la sortie du Bissau-Guinéen.
Alpha Condé a préféré garder le silence, mais Ouattara, lui, a fait part de son mécontentement à son cadet, qu’il a alors nommé « fiston ». Loin de se laisser démonter, Sissoco Embaló a répondu qu’il était un homologue du chef de l’État comme les autres et qu’il n’y avait « pas de petit pays ».
La réunion s’est poursuivie sans que le malaise ne disparaisse tout à fait.
Les relations entre Umaro Sissoco Embaló et ses homologues ivoirien et guinéen sont exécrables.
Durant la dernière présidentielle en Guinée-Bissau, en décembre 2019, Condé et Ouattara avaient en effet soutenu l’adversaire d’Embalo, Domingos Simões Pereira.
Lors de sa dernière interview à Jeune Afrique, en janvier 2020, Sissoco Embaló déclarait au sujet d’Alpha Condé : « Il n’a aucun respect pour moi, et je n’ai aucun respect pour lui. »
Source: Jeune Afrique
Source: L’Enquêteur