En deux décennies, l’organisation sous-régionale a tracé la voie d’un développement solidaire, mais les Etats doivent encore relever d’immenses défis
Créée en 1994, l’Union économique monétaire ouest africaine (UEMOA) a 20 ans. Pour commémorer cet 20è anniversaire, la Commission de l’institution a organisé hier à Ouagadougou, une cérémonie solennelle à laquelle ont participé plusieurs chefs d’Etat dont le président Ibrahim Boubacar Keïta.
Cette grande messe était coprésidée par le président du Bénin, Boni Yahi, président en exercice de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, et Blaise Compaoré, président du Burkina Faso.
Un 20è anniversaire mérite d’être bien fêté. C’est pourquoi, les organisateurs n’ont pas lésiné sur les moyens. La salle de conférence de l’hôtel Laïco qui abritait l’événement était richement décorée et remplie de monde. Tous les chefs d’Etat, excepté le président de la Guinée Bissau, étaient présents.
La cérémonie commémorative avait pour thème : « UEMOA, 20 ans : les voies d’un développement solidaire en Afrique de l’Ouest ». La célébration de ce 20è anniversaire a permis de mettre en exergue les acquis de l’intégration sous-régionale, de réfléchir sur les succès et les obstacles auxquelles se trouve confrontée l’Union. Les chefs d’Etat et de gouvernement en ont aussi profité pour faire une projection sur l’avenir afin de relever les défis nouveaux posés aux pays et à la sous-région.
Le président de la Commission de l’UEMOA, Cheickhe Hadjibou Soumaré, a évoqué dans son intervention deux étapes qui ont marqué le parcours de l’institution. La première décennie de l’Union (1994-2004) a permis de bâtir et d’asseoir une architecture institutionnelle solide et fonctionnelle, d’adopter et de mettre en œuvre des réformes essentielles. Il s’agit entre autres des organes opérationnels, en constante adaptation à l’environnement socio-économique régional et international, d’une monnaie commune stable, d’un pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité.
Le marché commun caractérisé par la libéralisation des échanges intracommunautaires, la politique commerciale commune, le code de douanes et la libre circulation des personnes et le droit d’établissement des professions libérales, constituent d’autres acquis importants. Des politiques et programmes communs ont été adoptés et développés dans les domaines de l’agriculture, l’industrie, l’énergie, les mines, l’environnement, tourisme, la culture, l’enseignement supérieur et des transports.
Aujourd’hui, l’espace a une monnaie stable et le taux de croissance est passé en moyenne à 6%, avec des pointes de 10%, même si le niveau des échanges intracommunautaires reste encore en deçà de 20%.
La deuxième décennie (2004-2014) a mis l’espace régional sur les rails de réalisations concrètes au profit des populations, afin d’assurer la visibilité et la crédibilité du processus. Ainsi grâce au programme économique régional (PER I et II), l’UEMOA côtoie au quotidien, ses citoyens dans les villes et les campagnes, à travers la mise en œuvre des programmes sectoriels intégrateurs. Soixante trois projets, pour un coût global de 3000 milliards de Fcfa au titre du PER I et cent projets du PER II, donnent plus de visibilité, d’efficacité et de pertinence au processus d’intégration dans nos pays.
Les objectifs essentiels poursuivis demeurent l’amélioration des conditions de vie des populations de l’Union et la croissance en exploitant les avantages comparatifs de chaque pays en vue de les mettre à la disposition de la communauté, a précisé le patron de la Commission.
« Deux décennies ont ainsi permis à l’institution économique de tracer les voies d’un développement solidaire, qu’il convient de renforcer et pérenniser. Nul doute, les acquis sont nombreux, mais il reste encore des défis à relever tels la pauvreté persistante, les crises alimentaires récurrentes, le manque de compétitivité des économies, crises et instabilité politiques menaçantes. De nombreux textes, instruments et mécanismes dont la mise en œuvre devrait faciliter l’approfondissement de l’intégration et l’amélioration de la gestion de nos économies souffrent encore de réticences injustifiées dans nos pays. Aussi l’initiative de la mise en œuvre d’une revue annuelle, débutée cette année, peut être un moyen efficace pour y parvenir. Un autre défi est lié à la mobilisation des ressources financières nécessaires au financement des projets structurants pour les économies de l’Union. C’est dans cette perspective que l’UEMOA a organisé à Dubaï le 9 septembre dernier, la conférence des investisseurs, pour diversifier ses partenaires et mobiliser des ressources supplémentaires pouvant permettre à ses Etats membres d’avancer dans la réalisation de leurs projets qui ont un impact réel sur l’intégration. Avec vingt années d’existence, l’UEMOA est à la phase de maturité. Elle doit se projeter dans l’avenir, si elle veut demeurer une organisation de référence en Afrique et dans le monde », poursuivra Cheickhe Hadjibou Soumaré.
Rappelons que c’est le 10 janvier 1994 que les chefs d’Etat et de gouvernement des pays d’Afrique de l’Ouest, ayant en partage l’usage du Franc CFA ont signé a Dakar le Traité portant création de l’UEMOA.
Envoyée spéciale
C. DIALLO