Les magistrats tunisiens ont débuté mardi une grève générale de deux jours pour dénoncer l’ingérence du pouvoir, dirigé par les islamistes d’Ennahda, dans les affaires de la justice.
La grève est menée à l’appel du Syndicat des magistrats tunisiens (SMT) et du Conseil national de l’association des magistrats tunisiens (AMT).
Elle vise à « unir les rangs des magistrats en cette phase cruciale, le corps subissant une offensive visant son indépendance », a dénoncé le SMT dans un communiqué.
L’AMT a de son côté appelé à la grève « pour faire front face à l’offensive menée contre la magistrature dans le but de la domestiquer ».
« Il faut que le pouvoir exécutif cesse de se mêler des affaires de la magistrature », a déclaré à l’AFP la présidente du SMT, Raoudha Laabidi, en dénonçant sa « volonté de contrôler » la justice.
Le 14 novembre, les magistrats avaient déjà mené une grève de deux heures pour protester contre l’ »ingérence des autorités » dirigées par le parti islamiste Ennahda au pouvoir depuis octobre 2011.
Les organisations professionnelles critiquent depuis l’année passée les nominations et mutations, jugées abusives ou partisanes. Le gouvernement dirigé par Ennahda rejette systématiquement ces accusations.
Le ministère de la Justice, contacté mardi par l’AFP, s’est néanmoins refusé à tout commentaire sur le débrayage. Aucune information n’a par ailleurs été donnée sur l’ampleur de la grève.
La justice tunisienne était largement sous le contrôle du régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali et constituait l’un de ses instruments pour réprimer l’opposition, en particulier les islamistes d’Ennahda.
Mme Laabidi accuse les nouveaux dirigeants d’user des « mêmes méthodes que celles qui ont servi Ben Ali ».
Depuis la révolution de janvier 2011, aucune réforme d’ampleur n’a été menée au sein de la justice et des forces de l’ordre.