Le dispositif de défense comporte plusieurs points. Sur les 530 km de frontières entre la Tunisie et la Libye, une zone tampon a été créée depuis août 2013. Ainsi, sur une ceinture de 30 km, la garde nationale, qui dépend du ministère de l’intérieur, et l’armée travaillent conjointement sous commandement unique de l’armée. Ils travaillent également en partenariat avec la douane qui surveille le transport de marchandises.
Un système d’obstacles renforcé par des miradors a été mis en place. Finalisé au début de l’année, il s’étend sur 200 km. Les autorités tunisiennes insistent : « Ce n’est pas un mur. » En l’état, des digues de sables et des tranchées d’eau, ce système ne forme pas une barrière infranchissable, mais, selon le ministre, il sera consolidé dans les semaines à venir par une surveillance électronique tout le long de la frontière. Ce sont les coopérations américaine et allemande qui prennent en charge ce projet, ainsi que la formation de l’armée à son utilisation pour permettre son autonomisation. Un point important pour le ministre, qui insiste sur le transfert de compétences. Il n’y aura pas besoin de contrats avec des sociétés de sécurité privées pour la protection de la frontière.
La surveillance électronique renforcera les capacités de renseignement de l’armée. L’armée et le ministère de l’intérieur comptent cependant sur d’autres ressources comme la collaboration des informateurs civils, notamment les bergers, et la coopération internationale. Selon le porte-parole de la défense, cette coopération est d’ores et déjà très active, que ce soit avec les autorités libyennes à la frontière ou avec d’autres pays.
Laisser-faire et paix sociale
La surveillance renforcée de la frontière, selon Farhat Horchani, permet de mieux lutter contre la contrebande. La valeur des biens saisis est passée de 500 000 dinars (250 000 euros) en janvier 2015 à 2 500 000 dinars en décembre 2015.
La contrebande et le commerce informel, souvent dénoncés comme un fléau qui plombe l’économie officielle et permet le trafic d’armes, assurent toutefois la survie de toute la région frontalière marginalisée depuis l’indépendance du pays. Depuis des décennies, des réseaux puissants se sont formés où argent, solidarités tribales et connivence avec les agents de l’Etat jouent un rôle important. Un laisser-faire permettait de maintenir la paix sociale à faible coût. Mais la guerre en Libye et la chute du régime de Kadhafi ont introduit les djihadistes dans l’équation.
L’enjeu aujourd’hui est de trouver un équilibre entre une stabilité sociale et sécuritaire. « On ne peut pas lutter contre le terrorisme avec une approche uniquement sécuritaire, assure le ministre de la défense. Il faut s’attaquer aux racines du terrorisme en investissant dans le développement économique. »