À l’initiative du bureau de la jeunesse de l’Alliance démocratique pour la paix (ADP-Maliba) dirigée par Cheick Oumar Diallo, la jeunesse malienne a tenu une cérémonie de recueillement en la mémoire des victimes de Sobane Dah. C’était le samedi dernier au monument de la paix.
«La jeunesse malienne en deuil ; 24 enfants lâchement tués à Sobane Da ; Je suis malien ; je suis Dogon ; je suis Peul… », voilà ce que scandaient des jeunes venus de partout à travers la ville de Bamako et appartenant à tout bord politique (majorité, opposition) et de la société civile. Ces jeunes leaders dénoncent, avec la dernière rigueur, l’insécurité grandissante avec son lot de tueries au centre du Mali. Pour eux, il n’y a aucun conflit interethnique entre « Dogon et Peul ». Cette guerre est, selon eux, un complot contre le Mali et les Maliens.
« Nous sommes ici au monument de la paix pour dénoncer les tueries barbares, particulièrement celles de Sobane Dah le 10 juin dernier », a déclaré Cheick Oumar Diallo, président de la jeunesse de l’ADP-Maliba, initiateur de la cérémonie. Pour lui, la jeunesse malienne ne doit plus croiser les bras face aux tueries « lâches, barbares, que rien ne pourraient justifier ». À en croire COD, les enfants sont trop victimes de ces carnages. Ogossagou, Koulogon et Sobane Dah, des enfants innocents ont été tués de manière les plus cruelle. « Des enfants, certains, moins d’un an, ont des têtes littéralement écrasées avec des machettes .Des enfants qui ont été brulés, calcinés sans aucune raison, parce que rien ne peut justifier ce qui s’est passé dans notre pays », déplore-t-il, d’un ton pathétique. Avant de terminer, le président de la jeunesse de ADP-Maliba a invité tous les jeunes maliens à mettre de côté leurs considérations politiques pour combattre, ensemble, ces tueries à grandes échelles contre les populations maliennes. « Plus jamais ça au Mali ! Ces tueries ne peuvent et ne doivent pas continuer ! Que nous, jeunes maliennes, nous nous donnions la main pour combattre ce mal qui menace l’existence de notre pays », a-t-il lancé un appel d’engagement à tous les jeunes maliens. Avant de terminer, Cheick Diallo a prêché pour la paix et la cohésion sociale au Mali. « Le symbole recherché a été obtenu. Les Maliens ont vu la majorité, l’opposition et la société civile se donner la main pour dénoncer la barbarie des attaques qui ont eu lieu non seulement à Sobane-Da mais aussi à Ogossagou, Dioura et partout au Centre et au Nord du Mali. Peulhs, Dogons, Bambara, Touareg, Arabes, en somme toutes les ethnies étaient ensemble », a-t-il dit.
Présent sur le lieu, le président des jeunes de l’Union pour la république et la démocratie (URD), Abdramane Diarra a dénoncé, comme l’a fait Cheick Oumar Diallo, les tueries au centre du Mali. Dans un langage franc, il a appelé les Maliens à ne pas tomber dans le piège des ennemis de ce pays. « Il n’y a pas de conflit entre Dogon et Peul, ces communautés frères, qui ont toujours vécu ensemble .Ne tombons pas dans le piège des ennemis de l’unité de ce pays », conseille-t-il aux Maliens qui qualifient l’insécurité au centre du Mali d’un conflit « Dogon-Peul ». Ce n’est pas tout, le président des jeunes du parti de la poignée de main est contre l’appellation « centre ou nord du Mali ». « Je pense sincèrement qu’on doit arrêter de dire centre du Mali ou nord du Mali. On doit seulement appeler la localité affligée par son nom, tout cela pour prouver l’unité des fils de ce grand pays, le Mali », a-t-il laissé entendre devant des dizaines de jeunes venus pour pleurer les victimes de Sobane Dah et de toutes les autres attaques.
Par ailleurs, Abdramane Diarra a invité les autorités du Mali à sécuriser les populations maliennes et leurs biens.
Pour sa part, le Rappeur Ismaïla Doucouré dit Master Soumy fustige la mauvaise communication du gouvernement malien. À ses dires, la cellule de la communication de la présidence de la République du Mali, dans son communiqué, parle d’un village de la confession chrétienne parlant de Sobane Dah ; chose qui, selon lui, est très dangereuse. Master Soumy estime que, dans ces genres d’attaques, on ne doit pas parler de « village dogon », « village peul », « village musulman », ou « village chrétien ». « Au Mali, il ne peut y avoir de guerre entre dogon et peul ; entre musulman et chrétien. Nous devons nous donner les moyens pour combattre les ennemis de notre pays, les terroristes », a-t-il dit haut et fort.
Boureima Guindo