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Tué par l’armée française Al-Sahraoui était un des plus intraitables chefs djihadistes au Sahel

Bamako) Depuis plus d’un an et demi, il était la cible « prioritaire » de la France et de ses alliés au Sahel. Adnan Abou Walid al-Sahraoui, dont Paris a annoncé la mort, était considéré comme le plus impitoyable chef djihadiste de la zone.

 

SERGE DANIELAGENCE FRANCE-PRESSE

Des informations sur la mort du chef du groupe « État islamique dans le Grand Sahara » (EIGS) circulaient depuis près d’un mois.

C’est dans la nuit de mercredi à jeudi que Paris a annoncé qu’il avait été « neutralisé par les forces françaises », lors d’une opération menée à la mi-août dans la forêt d’Angarous, dans le Liptako malien, aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso, ont précisé les responsables militaires français.

Cet homme d’une quarantaine d’années, à la barbe et au turban noirs selon les rares photos connues de lui, a appartenu à la jeunesse du Front Polisario, en lutte pour l’indépendance du Sahara occidental, où il est né.

Après des études en Algérie, où il rejoint des groupes islamistes armés, selon plusieurs experts, il participe aux premiers attentats du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO).

Le MUJAO se fait notamment connaître par l’enlèvement en octobre 2011 de deux coopérants espagnols et d’une Italienne dans un camp de réfugiés sahraouis près de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie.

À l’époque, Adnan Abou Walid al-Sahraoui lui-même revendique le versement d’une « rançon considérable » de 15 millions d’euros au MUJAO, pour leur libération en juillet 2012.

Le Mujao fait partie de la coalition djihadiste liée à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui prend en mars-avril 2012 le contrôle du nord du Mali. Il en est alors le porte-parole, basé à Gao, principale ville de la région, où il a laissé le souvenir d’un partisan inflexible de l’application de la charia, en particulier des châtiments corporels.

« Si à Gao plus qu’ailleurs on a coupé les mains des personnes accusées de vol, c’est à cause des instructions d’Abou Walid », affirme à l’AFP un élu local, qui a requis l’anonymat.

« Coopérer ou se faire tuer »

Après le lancement en 2013 de l’opération française Serval qui chasse les djihadistes des villes et localités du nord du Mali, le Mujao défait fusionne avec l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, pour créer le groupe Al-Mourabitoune.

Mais en 2015, Adnan Abou Walid al-Sahraoui fait dissidence du groupe de Belmokhtar, toujours affilié à Al-Qaïda, pour prêter allégeance au groupe État islamique (EI).

Selon le spécialiste mauritanien du djihadisme Isselmou Ould Salihi, il a ainsi cédé aux « sirènes de Daesh » (acronyme arabe de l’EI) alors en expansion face à Al-Qaïda et exploité l’éloignement de Belmokhtar, qui à cette période s’est « éternisé en Libye ».

En 2017, alors que les groupes se réclamant d’AQMI fusionnent au sein du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim, selon l’acronyme arabe) dirigé par le Touareg malien Iyad Ag Ghaly, il frappe un grand coup avec l’embuscade de Tongo Tongo au Niger, dans laquelle périssent quatre soldats américains et quatre militaires nigériens.

Le groupe monte en puissance dans cette zone dite des « trois frontières ». De nombreuses attaques meurtrières contre les communautés touareg sont imputées à l’EIGS, recrutant largement parmi les Peuls et accusé de jouer délibérément la carte ethnique.

Les spécialistes prêtent à la fois à Adnan Abou Walid al-Sahraoui un commandement très personnalisé — le « maître absolu » de l’EIGS selon une source de sécurité malienne — et une apparente indifférence aux morts de civils.

Sur ce point, il applique le modèle de l’EI, face auquel « les populations civiles n’ont qu’un seul choix : coopérer, payer la zakat (impôt) et fournir des combattants, ou se faire tuer », selon Isselmou Ould Salihi.

Entre fin 2019 et janvier 2020, une série d’attaques attribuées pour l’essentiel à son groupe contre des camps militaires nigériens, maliens et burkinabés dans la zone des « trois frontières », fait des centaines de morts.

Cette escalade amène la France et les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) à désigner en janvier 2020 l’EIGS comme leur « ennemi prioritaire », sur lequel se concentrent leurs efforts.

Malgré les pertes qu’il subit, le groupe persiste dans sa volonté d’imposer une vision intransigeante de la charia, accusant parfois ses rivaux de tiédeur sur ce plan.

Ainsi en mai, lors du marché hebdomadaire de Tin Hama, près d’Ansongo (nord), des membres de l’EIGS ont publiquement amputé d’une main et d’un pied trois « coupeurs de route » présumés.

Source: lapresse

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