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Tucanogate : quand la France nous empêche de nous armer

Si la France nie servir un autre intérêt que celui d’aider le Mali à retrouver sa stabilité et recouvrer sa souveraineté. Elle devrait en revanche expliquer aux Maliens pourquoi elle a dissuadé les Américains, dans le cadre de l’achat des super-Tucano, de ne pas fournir la licence des appareils de visée, qui sont indispensables pour permettre aux pilotes de faire des tirs de précision. Retour sur une histoire pas nette.

C’est Jeune Afrique qui l’a annoncé, en premier, sur son site internet, parlant de notre outil de défense : «Quatre de ces avions de combat, les Super Tucano, ne sont pas opérationnels depuis des mois à cause d’un défaut de la pièce qui sert à éjecter la chaise du pilote en cas de crash». Ainsi, les avions achetés au frais du contribuable et présentés en grande pompe, à la veille de la présidentielle de 2018, sont tous en panne et non fonctionnels. Ils ne peuvent plus être utilisés.

 

Ceci pourrait peut-être répondre aux questions que les uns et les autres se posent, depuis un certain temps, depuis que nos militaires sont attaqués et que la riposte se fait attendre longtemps. Cette information, nous avons essayé de la recouper en vain. Au niveau du ministère de la Défense, c’est le black-out total.

 

Toute l’année écoulée, l’actualité (défense) a été  focalisée sur l’achat des hélicoptères pourris, cloués au sol, à coup de milliards. Ce scandale a, tellement, fait la Une que l’on a eu tendance à reléguer au second plan les autres grandes arnaques relatives à la formation des pilotes (que nous évoquions dans ces colonnes, ici, souvent) et à l’achat des super-Tucano. Nous parlions, on s’en souvient, des six Tucano ramenés, comme par magie, à deux, et ce au vu et au su de tout le monde.

 

Ces acquisitions avaient été accueillies par l’ensemble des populations maliennes avec tellement de joie et de fierté avant que l’on ne découvre que certains venaient de jouer avec les deniers du pays, nos impôts et autres taxes ; que les avions étaient de très mauvaise qualité et que le discours du président de la République n’était que du vent ; qu’il s’était, encore une fois, prononcé sur un dossier qu’il ne maîtrisait pas du tout.

 

Quelques heures seulement après la réception officielle des appareils, c’est le cabinet du chef d’état-major de l’armée de l’air qui a découvert l’arnaque : les quatre aéronefs sont en réalité «dépourvus d’appareils de visée et d’éjecteurs du pilote en cas de sinistre».

 

Qu’est-ce qui s’est passé ? La raison, apparemment, est toute simple. Le Mali a commandé ces aéronefs au Brésil qui a, à son tour, dû se procurer la licence de fabrication des appareils auprès des États-Unis. Problème : après avoir pris connaissance du client final de cette commande -le Mali-, les États-Unis se seraient tournés vers la France qui aurait conseillé aux Américains de ne pas fournir la licence des appareils de visée, qui sont indispensables pour permettre aux pilotes de faire des tirs de précision. Résultat : les avions réceptionnés par le président malien étaient inutilisables. Et lui n’en savait, encore une fois, rien !

 

L’information a été révélée, selon nos sources, par l’ex-chef d’état-major de l’armée de l’air, le général Bamba (aujourd’hui voué aux gémonies), lors d’une réunion qui s’est tenue le lendemain de la réception des 4 appareils. Dès lors, celle-ci aurait été classée «secret défense» sur ordre du ministre de la Défense, afin de ne pas fragiliser le moral des troupes et surtout pour ne pas entacher la candidature d’Ibrahim Boubacar Keïta à la prochaine présidentielle (celle de 2018), avec un nouveau scandale.

 

Moussa Touré

 Nouvelle Libération

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