Nous y voilà, la Cour Suprême et le VEGAL ont chacun rendu leurs rapports à propos de l’achat de l’avion présidentiel et le scandale des surfacturations liées à l’achat d’équipements militaires pour les forces armées et de sécurité. Nul doute que Certains ont escaladé l’ascenseur social par le fait du prince du jour et le ridicule du court terme est en train de les rattraper. Le scénario était bien ficelé, des hommes avaient été désignés pour une mission bien précise: spolier le trésor public malien sur le dos du pauvre contribuable.
Des pièces à conviction sont en train de sortir au grand jour et le constat est tout simplement sans appel: la République fait face au plus grand scandale politico financier de ces vingt dernières années, tant les irrégularités graves décelées par ces différents rapports relèvent du détournement de fonds publics.
Nous avions parlé de désenchantement lorsque l’espoir suscité par l’avènement au pouvoir du président IBK a laissé peu à peu la place à la déception, aux illusions perdues tant les couacs, les affaires liées à l’entourage présidentiel, les erreurs de casting, les choix des hommes, les pratiques ayant la vie dure au sein de l’administration ont appris au peuple malien que les discours politiques, aussi volontaristes qu’ils soient n’engagent que ceux qui y croient.
Et dire que la communauté internationale avait les yeux doux pour notre pays au sortir de la crise multidimensionnelle d’une gravité sans précédent, la plus grave de l’histoire de la République! Qu’a fait le pouvoir de cette dynamique qui devait remettre le pays sur une véritable rampe de lancement? Au lieu de cela, nous assistons à une véritable descente aux enfers et pour cause…
C’est le récent séjour de la mission du FMI dans notre pays qui a permis de mettre à nu le plus gros scandale politico financier de ces vingt dernières années; avec une somme avoisinant les 38 milliards de F CFA de surfacturations liées aux différents marchés de fournitures d’équipements à l’armée malienne, les zones d’ombre et les remous provoqués par l’achat de l’avion présidentiel qui fait encore du bruit avec des ramifications internationales autour du sulfureux corse Michel Tomi, c’est l’humiliation pour la République, c’est tout le discours politique faisant de la lutte contre la corruption qui se trouve en porte à faux et qui aggrave la fracture morale entre les citoyens électeurs et la classe politique dirigeante, hélas!
Un tel scandale appelle des sanctions exemplaires de la part de l’autorité dans n’importe quelle République et nous osons espérer qu’il reste encore une réserve d’honneur et de dignité au « Mali d’abord » afin que les mains de fer ne puissent plus rester dans les gants de velours lorsque la responsabilité des uns et des autres sera établie par l’institution judiciaire à moins que nous ne soyons tombés définitivement dans les bas-fonds du statut de République bananière!
Qu’est- ce qu’il allait en être si le FMI n’avait pas mis la pression afin que toute la lumière fut faite sur ces différentes affaires?
La réponse paraît évidente: certains individus peu scrupuleux agissant dans le cadre d’une véritable « kleptocratie » pour des intérêts sordides allaient s’enrichir à coups de milliards sur le dos du pauvre contribuable malien à un moment où la situation économique est difficile pour l’ensemble de nos compatriotes.
Pendant ce temps, le front social est en ébullition; le septentrion est en proie à la résurgence des mouvements terroristes et djihadistes sur fond d’irrédentisme Touareg et ce problème de Kidal, puisque c’est de cela dont il s’agit, prend tout le pays en otage et paralyse l’activité gouvernementale suspendue aux négociations d’Alger; les projets de développement des régions Nord sont renvoyés aux calendes grecques…
La République est notre bien commun à tous et nul n’a intérêt à voir le Pouvoir affaibli dans cette crise multidimensionnelle qui est toujours d’actualité dans notre pays. Nous ne pouvons-nous résoudre à tenir le discours qui consiste à dire que les choses ne pourront jamais changer, nous ne pouvons et ne devons-nous réfugier dans la résignation de voir la médiocrité, l’incompétence, le népotisme s’ériger en mode de gestion des affaires publiques et prendre le pas sur la rigueur, l’honnêteté, l’exemplarité, le sens de l’état car les hommes passent, la République demeure. La fatalité et l’amnésie collective ne sauraient être les leviers de notre destin collectif!
Il appartient au Président de la République, garant des institutions, de l’unité nationale, de la cohésion sociale, et qui s’est défini lui-même dans son projet présidentiel « le Mali d’abord » comme un homme honnête et libre, ayant un sens élevé de l’Etat et pour lequel la chose publique est sacrée, de reprendre rapidement la main de manière réfléchie par des décisions fortes conformément à ses engagements, et seul l’intérêt supérieur de la nation doit prévaloir dans ces futures décisions. Il y a eu des fautes énormes et il doit y avoir des sanctions, s’il est vrai que « Nul n’est au-dessus de la loi » dans le Mali d’abord…
Allons-nous assister à une situation du genre:
– Circulez, il n’y a rien à voir avec une chancellerie tétanisée devant la gravité de ces affaires au point de perdre de sa superbe et qui faisait feu de tout bois au début du quinquennat?
– y aura-t-il une parodie de justice avec un ou des procureurs « Enterre net » pour dissiper les nuages d’imputabilité et sans aucun doute de culpabilité des auteurs (car les limites de la présomption d’innocence semblent avoir été allègrement franchies) ?
L’attente est très forte et les regards désespérés des maliens sont tournés vers la colline du pouvoir; l’exigence de clarté et la quête de justice n’ont jamais été aussi présentes dans les esprits.
Le pouvoir doit prendre garde: lorsque la désespérance ronge le peuple et que l’injustice le dévore, il faut s’attendre à une véritable éruption qui peut vite se transformer en insurrection populaire, à défaut, la sanction s’exprimera tôt ou tard dans les urnes et elle sera dévastatrice.
La République mande et ordonne à la chancellerie, au nom du peuple souverain du Mali que l’action publique soit déclenchée et menée à son terme en toute indépendance!
La crédibilité du pouvoir est à ce prix!
SIS.
Sory Ibrahim SAKHO
Docteur en droit , Sarcelles France