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Trêve sociale : Le oui…mais de certaines organisations syndicales

Bamako, 06 janvier (AMAP) Dans son discours à la nation, à l’occasion du nouvel an, le président de la République a demandé, avec insistance, une trêve sociale, tout en précisant qu’il ne s’agit nullementde remettre en cause la légitimité ni la légalité des revendications matérielles des organisations syndicales. Ibrahim Boubacar Keïtaa cité nommément les syndicats de l’Education qu’il considère comme essentiels dans la vie de la nation.

L’appel à la trêve du chef de l’Etat est motivé par le fait que l’Etat est actuellement pris à la gorge par l’effort de guerre.  Afin de lutter contre le terrorisme qui ébranle le pays dans ses fondements, 24% des ressources budgétaires sont consacrées à l’équipement, au recrutement, à la formation et la montée en puissance de nos forces de sécurité et de défense. Il s’est dit favorable à une conférence sociale ou à l’adoption consensuelle d’un nouveau pacte de croissance et de solidarité, si cette trêve sociale doit passer par là.

Dans les lignes qui suivent, nous avons recueilli les réactions de certains syndicalistes.

Le patron de la principale centrale syndicale explique qu’il est déjà dans la logique d’une trêve sociale. « Il y a un bon bout de temps, nous pouvions réagir par rapport à certains événements, mais nous ne l’avons pas fait compte tenu de la situation du pays », indique le secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali. Pour lui, l’esprit de la trêve sociale, c’est surtout de comprendre que chaque année, un bon syndicat doit logiquement pouvoir faire l’évaluation de ses actions. « C’est ce que nous faisons. Cela nous permet de nous projeter dans l’avenir, en faisant souvent l’élaboration des cahiers de doléances pour présenter de nouvelles revendications par rapport à la situation des travailleurs. Nous avons décidé au niveau de l’UNTM de surseoir à tout cela, compte tenu de la situation du pays que nous sommes en train de vivre », souligne Yacouba Katilé qui précise que pour autant sa centrale ne va pas renoncer à ce qui a fait déjà l’objet d’accord entre le gouvernement, le patronat et l’UNTM et dont la mise en œuvre a déjà commencé. Il exige donc la poursuite de la mise en œuvre intégrale de cet accord. « En refusant de continuer la mise en œuvre de cet accord, c’est comme s’il y a une trahison de notre part vis-à-vis de nos militants », fait remarquer le syndicaliste.

Yacouba Katilé rappelle qu’aujourd’hui, il y a principalement la situation des compressés et celle des partants volontaires à la retraite. « Il faut vraiment qu’on puisse finir carrément avec ces situations », dit-il tout saluant le gouvernement par rapport à la mise en œuvre de certains éléments importants, notamment l’âge de départ à la retraite et la  grille indiciaire. « Nous n’allons pas déposer de nouveaux cahiers de doléances compte tenu de la situation du pays. Pour autant, nous devons travailler pour finir avec la mise en œuvre des accords que nous avons avec le gouvernement », conclu le secrétaire général de l’UNTM.

«Nous réclamons l’application de l’article 39»

Le leader de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali rappelle que le gouvernement avait prévu en février 2019 d’aller à une conférence sociale, qui n’a pas eu lieu. Hammadoun Amion Guindo  croit savoir que le ministre du Dialogue social et du Travail se prépare depuis 2 ou 3 mois pour réaliser effectivement cette conférence sociale. « J’estime que la conférence sociale est le cadre le mieux indiqué pour le gouvernement, les employeurs et les organisations syndicales de mettre tout sur la table, discuter et voir si l’environnement ou les engagements actuels permettent d’aller à une trêve sociale. « Nous ne pensons pas que ce soit à une organisation syndicale de répondre à une déclaration du chef de l’Etat, alors que nos partenaires sont effectivement le Conseil national du patronat et le gouvernement », objecte le secrétaire général de la CSTM.

Le chef de l’Etat est au dessus de tout cela, estime-t-il, ajoutant que c’est après  normalement cette conférence sociale que le ministre du Dialogue social doit rapporter au chef de l’Etat, sinon au Premier ministre ce qui a été arrêté avec les organisations syndicales. « Le président doit faire une déclaration par apport à cela, mais a priori ça ne relève pas de lui », relève Hammadoun Amion Guindo.

« Je suis d’accord qu’aujourd’hui, tout le peuple malien souhaite la paix, la réconciliation, la sécurité et une cohésion nationale. Chacun a sa petite pierre à apporter là-dessus. Mais une trêve relève de la responsabilité première du ministre du Dialogue social, du Conseil national du patronat et des organisations syndicales », fait remarquer le leader syndical.

Pour elle, les syndicats sont les plus concernés par cette demande de trêve sociale. La secrétaire générale de la CDTM rappelle que l’année 2019 a été marquée par des grèves à tous les niveaux qui ont affecté les entreprises et, surtout, le secteur très sensible de l’éducation. « Jusqu’à présent, il y a des préavis déposés sur la table du gouvernement qui tente d’y trouver des solutions », souligne-t-elle, ajoutant qu’il est dans l’intérêt de tout le monde qu’il y ait une trêve sociale.  « Je crois que tout citoyen, tout Malien aujourd’hui a besoin de quiétude, de tranquillité et de justice sociale », dit Mme Sidibé Dédéou Ousmane qui fait remarquer cependant que la trêve sociale ne peut pas être une réalité tant qu’il n’y a pas une justice sociale.

Elle rappelle à ce propos que des engagements ont été pris par l’Etat. « Jusqu’à présent, nous ne pouvons pas dire que nous sommes satisfaits du traitement réservé à toutes nos doléances », déplore la patronne de la CDTM, rappelant avoir signé avec le gouvernement, il y a bientôt 3 ans, un procès-verbal de conciliation portant sur 33 points. « Il y a eu accord sur les 30 points, un point a été retiré et les 2 autres sont en suspens à la date d’aujourd’hui. Mais  la  mise en œuvre des points d’accord n’est pas encore effective », souligne la responsable syndicale.

BD/ABD/MD (AMAP)

Le responsable syndical apprécie le souhait du président de la République à sa juste valeur. Seulement, il estime qu’une trêve sociale a des préalables qu’il ne faut pas oublier. « Au moment où on demande une trêve sociale, au même moment on devrait avoir le point de tous les accords avec les partenaires sociaux. C’est quand on aura épuisé ces points d’accord qu’on peut parler de trêve sociale », soutient le secrétaire aux revendications duSNEC.

Pour lui, tant qu’il y a un seul point d’accord qui n’est pas appliqué, on ne peut pas parler de trêve sociale. Le leader syndical estime qu’au niveau des syndicats de l’éducation, on ne peut pas parler de trêve tant que l’article 39 du statut des enseignants n’est pas appliqué. « Cet article nous accorde 180 points d’indice », souligne-t-il.

En effet, le 26 janvier 2019, le gouvernement a signé un accord avec l’UNTM et le Conseil national du patronat du Mali (CNPM) qui a octroyé 180 points d’augmentation aux fonctionnaires relevant du statut général. Le statut des enseignants que nous avons arraché en 2018, dans son article 39, dit que lorsqu’il y a une augmentation sur le statut général, les enseignants régis par le statut particulier bénéficient également de la même augmentation.

« À partir de janvier 2019, les fonctionnaires régis par le statut général ont bénéficié d’une majoration de 180 points d’indice. Donc aujourd’hui, nous réclamons l’application de cette augmentation et cela à compter du premier janvier 2019. Nous avons droit à cette augmentation au même tire que les fonctionnaires du statut général », soutient notre interlocuteur. Quand le gouvernement sera dans la dynamique de nous accorder cela et également les autres points qui ont été accordés l’année passée et qui ne sont pas encore épuisés, dit-il, nous pouvons parler de trêve.

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