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Traque des djihadistes dans le centre du pays: la communauté peule crie à l’amalgame de l’armée

Les Wuwarbe, une communauté peule du centre de pays accuse l’armée d’exactions sommaires contre ses membres. C’est, du moins, ce qui ressort d’une la conférence de presse animée, hier jeudi, par les cadres et ressortissants de cette communauté vivants à Bamako, au marché à bétail du quartier Sanfil.

Cette conférence de presse était animée par le président de l’Association Wuwarbe, Ibrahim DIALLO, qui avait à ses côtés, le secrétaire général, Sékou BAH ; le président du parti FAD, Nouhoum SARR, membre de ladite communauté ; l’honorable Oumar MARIKO, président de la SADI, du représentant de l’Association Tabital Pulaku, Abdramane DIALLO, ainsi que plusieurs autres ressortissants de cette communauté.
La traque des djihadistes engagée, ces derniers temps, par l’armée malienne dans le centre du pays fait polémique. Malgré le fait que beaucoup d’observateurs voient dans cette opération d’envergure, une volonté affichée des FAMas de faire face à la menace djihadiste, des populations, en occurrence les Peuls, ressortissants de ces zones d’opérations militaires, accusent et dénoncent ce qu’ils qualifient d’épuration ethnique, dont sont victimes les membres de leurs communautés.
Pour dénoncer cette situation, les ressortissants de cette communauté vivant à Bamako, regroupés au sein de l’Association Wuwarbe, étaient face à la presse hier, au marché à bétail du quartier Sanfil pour partager sa vision de la situation sécuritaire actuelle dans plusieurs communes du centre.
Les Wuwarbe, a-t-il fait savoir, ont toujours vécu en parfaite harmonie avec l’ensemble des autres communautés nationales avec lesquelles elles partagent des liens d’amitié, de fraternité, de voisinage et surtout de sentiment d’appartenance au même terroir.
Suite à la crise multidimensionnelle de 2012 qui a vu la dégradation de la situation sécuritaire dans de nombreuses parties du Mali, les populations civiles, notamment les Wuwarbe, ont été victimes de plusieurs violences de la part des différents groupes armés et aussi du vol de leur bétail. Ceci a conduit une grande partie de la population à se déplacer vers l’intérieur du pays et d’autres à se réfugier en Mauritanie.

Rappels de quelques faits
Dans sa version des faits, il ressort qu’avec la multiplication des attaques perpétrées par des extrémistes sur les forces de défense et de sécurité, les populations des différentes localités avec la psychose liée à l’amalgame ont fui plusieurs localités.
En 2015, a-t-il rappelé, 57 personnes de la communauté ont été arrêtées, sur dénonciation, pour suspicion d’appartenance à des organisations terroristes et déférées devant les autorités judiciaires. Toutes ces personnes détenues ont été libérées par le juge par la suite. À l’époque, l’association Dental Wuwarbe avec d’autres associations de culture peule (Tabital, Dental etc.), avait saisi les autorités nationales compétentes pour demander d’éviter l’amalgame qui fait croire que tout peul est un terroriste, et la stigmatisation d’une ethnie. Elle avait saisi aussi plusieurs ONG de défense de droit de l’homme et la MINUSMA (Division des Droits de l’Homme). Elle dénonçait que ces arrestations étaient arbitraires et ne devraient pas se faire dans un État de droit.
En 2016, malgré des protestations et dénonciations des violations des droits de l’homme auprès des autorités du Mali, des associations de défense des droits de l’homme, de la Minusma, l’hécatombe s’est réalisée la nuit du 30 avril au 1er mai 2016. À Maleymana (commune de Kareri, cercle de Teninkou, région de Mopti) avec le massacre de plus de 20 personnes par des donso, chasseurs. Les auteurs présumés ont été arrêtés et jugés et condamnés par la justice.
En 2017, des donzos armés se sont attaqués à des hameaux peuls dans le cercle de Macina, incendiant plusieurs habitations et faisant plusieurs morts. C’est ainsi que plus de 1000 familles peules avec plus de 9000 personnes ont été chassées et se sont réfugiées dans les cercles de Teninkou et de Niono. Le gouvernant et ses partenaires ont apporté des assistantes à ces personnes.
En 2017, trois personnes sont portées disparues, dont les responsables de l’association sont toujours sans nouvelles.
Le 18 février 2018, un marabout bien connu a été arrêté dans sa famille à km 39 (Niono) avec 5 autres personnes dans la Commune de N’Debougou. Heureusement, le marabout a été libéré le 27 février 2018, après plusieurs interventions.
Le 21 février 2018, un détachement de l’armée malienne basé à Sokolo s’est rendu à Nangarabakam (Darsalam) dans la commune de Sokolo où elle a procédé à l’arrestation de 7 personnes civiles non armées, dont le chef de village de Diadian au cours d’une cérémonie de baptême. Le même jour, l’armée a perquisitionné les maisons de deux Peuls et incendié leurs motos garées dans les maisons.
Le 21 février 2018, une autre patrouille de l’armée de DIOURA, s’est rendue à Finadje (commune de Dioura, cercle de Teninkou) dans la commune de Dioura. Elle aurait procédé à la fouille systématique de l’ensemble de familles peules selon les témoignages sur place. Les éléments ont incendié trois motos dans le village et auraient dérobé des bijoux dans 3 familles selon les mêmes témoins. Ils ont aussi arrêté Hassana BAH, fils du chef de village de Finadje. Vers 14 h, l’armée a quitté le village et s’est rendue à Soribougou (Dioura) où elle a aussi arrêté M. Modibo Abiri et Hamadi BAH.
À la lumière de tout ce qui précède, l’association Dental Wuwarbe s’est inclinée devant la mémoire des victimes a présenté ses condoléances les plus attristées aux familles endeuillées avant de réclamer la remise des corps aux familles pour faire leur deuil. Elle a dénoncé des arrestations arbitraires à caractère ethnique.
De même, elle a condamne les exécutions sommaires des personnes civiles avant d’exiger de rendre publique le traitement réservé aux autres personnes arrêtées et disparues à (Niono, Dioura) sans délai.
Par ailleurs, les responsables de l’association réaffirment leur attachement à l’unité nationale du Mali et réitère également leur confiance en la justice du pays.

Par Abdoulaye OUATTARA

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