Après trois jours de débats souvent houleux, les rideaux sont tombés, le samedi après-midi, sur la concertation nationale organisée par le CNSP pour préparer la transition. On en sait désormais un peu plus sur les contours de celle-ci.
Pour une partie censée se jouer sur terrain neutre et sans exclusive, les putschistes auront été les plus adroits. En descendants de leur QG de Kati pour venir se mélanger au Peuple sur les berges du Djoliba, pardon au CICB, qui est censé incarner la l’agora où la vox populi s’exprime depuis la révolution de Mars 1991, les prétoriens de Kati ont jeté un gros pavé dans la marre des caïmans politiques qui livraient en sourdine une bataille feutrée pour faire OPA sur la Transition. Et le bon et crédule peuple autoproclamé qui s’est mobilisé corps et âme pour faire vérité la parole de l’Imam en inscrivant dans les Tarikhs le départ du Président IBK s’effondre devant le charme et tombe telle une fille de joie dans les bras de ces jeunes officiers qui n’ont que Mali à la bouche.
Le public gagné à sa cause, le colonel Assimi, en stratège militaire applique la tactique de la guerre anti-terrorisme à ces messieurs qui œuvrent en coulisse pour faire de cette Transition une foire d’empoigne, une chienlit comme le dirait le Général. Avec le peuple du boulevard de l’indépendance (en manœuvres souterraines) et tous les situationnistes de la République tous acquis à sa cause, le CNSP mène les concertations à la baguette. Unilatéralement, les militaires choisissent et imposent : leur date, les délais, les termes de référence, les listes des participants, la feuille de route, la charte…
Voici des «Garçons» qu’on prenait comme des centurions politiques, qui en moins d’un mois sur la scène publique réussissent à brûler la politesse à tous ces vieux dinosaures, requins, crocodiles et caïmans qui infestent la scène politique depuis que la moitié du Mali d’aujourd’hui n’était pas encore née. En ligue des champions, on appelle ça un hold-up parfait ! Bravo, le CNSP ! Et tant pis pour ceux qui ont cru que le Mali se fera avec leurs légendes et leurs chimères, surtout leur échec commun.
En réussissant à faire passer par acclamation leur coup contre la classe politique (vraiment un second coup, très propre et très heureux cette fois), le Comité national pour le salut du peuple prend une option sérieuse pour régenter comme bon lui semble cette Transition. Tous ces messieurs aux longs CV étant blackboulés, il reste maintenant à rallier à leur cause la Communauté internationale en lâchant un peu lest. Concéder un président de Transition et un Premier ministre civils choisis par la junte serait stratégique au moment où l’embargo commence à produire ses effets. Par contre, nous ne pensons pas à Info-Matin, qu’un vice-président soit absolument indispensable. Un semestre au-delà du délai prévu par la CEDEAO est largement négociable par les putschistes dans le cadre d’un accord-cadre, pourvu de ne trop suivre les avis de tous les vautours dont ils se sont faits malheureusement entourés.
En effet, comme le dit l’ancien Premier ministre Moussa MARA, tout n’est pas parfait, mais c’est déjà une bonne base. La Charte adoptée fixe la durée de la transition à 18 mois et charge un comité formé exclusivement par la junte de désigner un président civil ou militaire pour diriger cette transition.
Il prévoit aussi trois organes de transition : le Président et son vice-président ; le Conseil national de transition regroupant 121 personnes réparties entre le M5-RFP (coalition de l’opposition), les partis politiques, les journalistes, la société civile, les religieux, la diaspora, les jeunes et les femmes ; et enfin un Premier ministre à la tête d’un gouvernement de 25 membres.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN