Depuis la démission du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, le Mali est dirigé par des militaires regroupés au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) qui commence à poser des actes contraires à ceux précédemment annoncés. Avec ce comportement, le CNSP va-t-il se mettre en difficulté ?
Le mardi 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keita a annoncé sa démission, la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement quelques heures après son arrestation par des militaires. L’arrestation d’IBK par des militaires regroupés au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) est intervenue après plus de deux mois de crise sociopolitique entre lui et le Mouvement du 5-Juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Elle a été saluée par les populations en liesse dans les rues de Bamako.
Lors du dernier meeting du M5-RFP du 21 août 2020, devant des milliers de manifestants acquis à leur cause sur la place de l’Indépendance, le colonel-major Ismaël Wagué, porte-parole du CNSP, a remercié le peuple malien pour son soutien. « On est content d’être avec vous cet après-midi. On vous remercie pour le soutien que vous nous avez apporté. On remercie le peuple malien entier pour son soutien. Notre travail a été de parachever votre combat dès le début. On se reconnait dans votre combat », ajoutera-t-il.
Dans la première déclaration le 19 août dernier, le Comité national pour le salut du peuple a exprimé sa volonté de mettre en place une transition politique civile en concertation avec toutes les forces vives de la Nation. Mais depuis quelques jours, le CNSP pose des actes qui vont à l’encontre de sa déclaration initiale.
Lors des négociations avec la délégation de la Cédéao conduite par Goodluck Jonathan, le CNSP a proposé une transition de trois ans dirigée par un militaire. Le vendredi dernier le CNSP a publié un communiqué invitant pour le lendemain les forces vives de la Nation à des échanges sur l’organisation de la transition avant d’annoncer le report de cette rencontre après que le M5-RFP eut annoncé sa décision de ne pas y participer.
Face à cette situation l’imam Mahmoud Dicko, lors de la cérémonie d’hommage aux victimes des tueries des 10, 11 et 12 juillet 2020 a appelé le CNSP à travailler avec toutes les forces vives de la nation. « J’ai un message clair à faire passer aux militaires du Comité national pour le salut du peuple (CNSP). On ne donnera à personne un chèque en blanc pour gouverner ce pays. Personne ne dirigera plus ce pays comme il veut. Je salue nos enfants, les héros qui sont venus parachever la lutte de plusieurs jours. Je leur demande de tenir leur parole. Ce sont nos frères et nos enfants. Je leur demande de ne pas commettre les mêmes erreurs que les autres. Qu’ils s’asseyent avec le M5-RFP ainsi qu’avec toutes les forces vives de la nation pour parler dans la dignité et dans l’entente. Qu’ils arrêtent de faire les choses de façon solitaire dans leur coin. Qu’ils facilitent la situation et allègent la souffrance des Maliens. Qu’on en finisse avec cette histoire d’embargo. Ils doivent être des solutions et non des problèmes. Je me dois de leur dire ce message. Ils m’ont respecté mais cela ne m’empêche pas de leur dire la vérité. Qu’ils veillent à ce qu’on continue dans la dignité. Je suis retourné dans la mosquée mais n’oublions pas que la mosquée est au Mali. Je retourne à la mosquée mais je reste au Mali. Je demande à Dieu de nous faire ramener Soumaila Cissé d’ici le vendredi prochain », a-t-il déclaré.
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