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Transition: brouille au sommet de l’État ?

À rebours des codes classiques de la communication, Koulouba a fait de son meilleur allié, le black-out sur deux sujets qui animent les causeries, autant dans les salons feutrés de la capitale que sur la toile : pour raison de santé, le Président de la Transition est frappé d’un empêchement temporaire d’exercer pleinement ses fonctions, ou il y a brouille au sommet entre un Président boudeur et le Comité National pour le Salut du Peuple qui détient la réalité du pouvoir. Certains faits certifient à suffisance sa désaffection d’une partie de ses prérogatives présidentielles.

 

L’on n’est plus en présence d’un mirage aux alouettes depuis quelques jours. La disparition des écrans radars du vieux pilote d’hélicoptère formé en Union soviétique est un fait irréfragable. Le Premier ministre, qui a offert un déjeuner de presse, le jeudi dernier, à la Primature, a botté en touche une question relative à l’État de santé du Président de la Transition, le Colonel à la retraite Bah N’DAW.
Mais, il est de la nature humaine de chercher des réponses. Dans cette quête, certains indices tendent à accréditer la thèse que les rétentionnaires de l’information mettent volontiers sur le compte de la bacchanale, de l’imagination un peu débordante de fertilité de certains individus assoiffés de sensationnel.
L’on peut citer parmi ces indices dont la liste pourrait s’allonger, le dernier Conseil des ministres était présidé par le Premier ministre ; alors qu’aucune source officielle n’annonce pas une mission du Président de la Transition à l’étranger, l’empêchant de facto de présider cette dernière session. L’introduction du Communiqué ayant sanctionné ledit Conseil des ministres est ainsi libellé : « ’le Conseil des Ministres s’est réuni en session ordinaire, le mercredi 02 décembre 2020, par visioconférence sous la présidence de Monsieur Moctar OUANE, Premier ministre, Chef du Gouvernement »’.
Selon l’article 55 de la Constitution, « ’(…) il (le Premier ministre) le (le Président de la République) supplée pour la présidence du Conseil des ministres, en vertu d’une délégation expresse et pour un ordre du jour déterminé »’. S’il y a peut-être eu « ’délégation expresse »’, le Conseil des ministres de ce mercredi 2 décembre 2020 n’avait aucun « ’ordre du jour déterminé »’ et ne sortait en rien du stéréotype des conseils des ministres, excepté que cette fois-ci, il n’y a pas eu de nominations.
Il y a également le Décret n° 2020-0239/PT-RM du 03 décembre 2020 fixant la liste nominative des membres du Conseil National de Transition qui n’est pas signé du Président de la Transition. Il n’est tout simplement pas signé. En clair, ce Décret, appelé dans la Charte de la transition « ’acte »’, n’est qu’un document quelconque et ôte toute assise légale à ceux qui y figurent.
Dans une certaine mesure, l’on peut ajouter à cette liste, le Décret de nomination des conseillers spéciaux du Premier ministre signé par le Chef du Gouvernement lui-même. S’il est vrai qu’à la différence de l’article 46 de la Constitution : « ’le président de la République signe les ordonnances et les décrets pris en Conseil des ministres »’ ; le Premier ministre peut signer certains suspicieux ; il n’en demeure pas moins qu’au regard du contexte très cauteleux que ce paraphe du Premier ministre n’est pas sans rajouter à la polémique.
Il serait toujours possible de verser dans le déni surréaliste de réalité, de surfer sur les discours un peu light, mais les faits sont têtus et n’arrêtent pas de turlupiner. Le Président de la Transition, Chef de l’État, le Colonel à la retraite Bah N’DAW, a-t-il été contrarié par les membres du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) pour qu’il se mette à chafouiner ? Est-il blasé de servir de faire valoir à un groupe de jeunes officiers qui a fait irruption sur la scène nationale et qui entend s’y maintenir, quitte à recourir à des arguties. Les conditions abracadabrantesques de la mise en place du Conseil National de Transition (CNT), par exemple, pourraient constituer un autre casus belli entre des officiers qui n’appartiennent pas la même école, partant, qui n’ont probablement ni la même perception ni la même approche des choses.
En revanche, si notre Président de la Transition était atteint de la maladie qui enfièvre et endeuille le monde entier depuis plusieurs mois, l’option de la cachotterie pourrait donner être perçue comme un manque de considération pour le peuple et donner lieu à toutes sortes de conjectures.
D’ailleurs, le président américain Donald Trump ; le président brésilien, Jair Bolsonaro, le Premier ministre britannique, Boris Johnson ; les chefs d’État de Bolivie, du Honduras et de République dominicaine ; et le Prince Albert de Monaco (le premier chef d’État révélant être infecté depuis le début de la pandémie ont tous été contaminés par le Covid-19. Ils ont communiqué sur leur état de santé sans qu’aucun séisme politique ne se soit produit. Pourquoi provoquer une tempête dans un verre d’eau, alors que le pays danse autour de la poudrière ?

PAR BERTIN DAKOUO

Source : INFO-MATIN

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