La gestion des fonds d’Appui direct à l’amélioration des rendements scolaires (ADARS) et de la Cantine est dans l’impasse dans le cercle de Nara, notamment dans les communes rurales de Niamana (dont le chef lieu est Mourdia) et de Nara (chef lieu Nara).
Il s’agit d’une ténébreuse affaire de compétences entre les maires et des hypothétiques Comités de gestion scolaire (CGS) et dans laquelle le contrôleur financier s’est érigé en arbitre. Pour le traitement des marchés relatifs aux cantines scolaires, les contrats présentés par les services de la mairie doivent être visés par le contrôleur financier.
Ces contrats sont trimestriels. Aux premier et deuxième trimestres, les contrats ont été exécutés, mais depuis, les maires sont confrontés à un refus catégorique du contrôleur financier qui oppose son véto. Si pour certains, les contrats ont été visés pour le troisième trimestre, pour d’autres communes, ce n’est pas le cas. Rien au quatrième trimestre.
Conséquence : les écoles fonctionnent au ralenti sans cantines, ni matériels didactiques destinés à l’amélioration des rendements scolaires. Pour mieux comprendre, nous avons rencontré les maires Oumar Soukouna de la Commune rurale de Niamana (chef lieu Mourdia), cercle de Nara, et Bougari Diarra, maire de la Commune rurale de Nara.
Ces fonds qui étaient précédemment gérés par les CAP, le sont par les communes, après le transfert des compétences. Le procédé est le suivant, selon les maires rencontrés : un appel d’offres est lancé par la mairie. Les fournisseurs retenus livrent les denrées alimentaires, destinés aux cantines. La finalité est de faire bénéficier aux élèves des écoles publiques et communautaires. Tout marchait bien jusque là selon les élus, jusqu’au troisième trimestre, puis le quatrième où les fonds sont dans un blocage. Pourquoi ?
Le DCAP dans le jeu
Le centre d’Animation Pédagogique veut désormais avoir son mot à dire dans la gestion des fonds d’Appui direct à l’amélioration des rendements scolaires (ADARS) et de la Cantine. Mais l’information n’est pas la chose la mieux partagée dans ce dossier, entre les partenaires que sont le préfet, le contrôle financier, les mairies, les enseignants du Centre d’Animation pédagogique.
Début 2015, le contrôleur financier s’abstient de signer comme ça se faisait, les contrats apportés par le régisseur, sans une information préalable. Comme seul explication, le régisseur indique que les contrats seront désormais gérés par le Comité de gestion scolaire (CGS) de la commune et non par les maires. Il indique verbalement que c’est sur la base d’un arrêté ministériel qu’il sera procédé ainsi, selon les élus rencontrés.
Aux dires des maires, il a fallu en informer le Directeur du contrôle financier à Koulikoro, qui a de ce fait instruit le contrôleur financier de viser les fameux contrats pour l’année 2015. Ainsi l’application de l’arrêté qui veut que les fonds soient gérés par le CGS serait différée à 2016. Mais tel n’était pas de l’avis des directeurs d’écoles qui sont entrés dans la danse en rencontrant le contrôleur financier et ensuite le préfet, pour soutenir la gestion des fonds ADARS et de la Cantine par les CGS. Il en serait désormais ainsi, ou alors les directeurs d’école croiseront le fer, en décrétant une grève, auraient-ils menacé.
Dialogue de sourds
Au cours de cette année scolaire, en rencontrant les maires des onze communes du cercle de Nara, le préfet leur a instruit de renouveler les CGS des écoles au plus tard à la date du 30 novembre. Ce qui a été fait, selon nos interlocuteurs, et les CGS composés de parents d’élèves, des directeurs et des enseignants d’écoles, et des délégués des élèves, qui sont membres de droits, attendent de prendre en main, la gestion des fonds. Mais les maires n’entendent pas de cette oreille. Ils n’entendent pas confier la gestion des fonds au CGS.
Face à la situation, l’Etat est abonné absent, et ni le préfet de Nara, ni le Gouverneur de Koulikoro ne donne de la voix. Pour les maires, confier la gestion des fonds aux CGS ne serait pas conforme au principe de la libre administration, et au principe budgétaire, selon lesquels ils sont responsables de leur compte. Selon eux les fonds gérés par le régis sont limités à 2, 5 millions de FCFA par trimestre, alors que les fonds peuvent atteindre 8 à 10 millions de FCFA.
Ce qui nécessite un appel d’offres que le régis n’est pas habilité à faire, argumentent les maires. L’accord pour la paix est également cité pour soutenir la libre administration. Pendant que la polémique enfle à Nara, c’est l’école et l’avenir des enfants, donc du Mali qui est pris en otage, par le fait d’une absence de dialogue et de l’absence totale d’un Etat effacé à Nara.
B. Daou
Source: Lerepublicainmali