Adama Diarra, plus connu sous le nom de « Ben le cerveau », figure emblématique de la contestation populaire au Mali et leader charismatique du mouvement Yerewolo – Debout sur les remparts, a une fois de plus été confronté à l’âpreté de son engagement. Après un passage bref à la prison centrale de Bamako (MCA), il a été transféré ce samedi matin vers la maison d’arrêt de Dioïla, chef-lieu de la 13ᵉ région du Mali, située à quelque 165 kilomètres de la capitale.
Bamada.net-Ce transfert, selon Bassaro Sylla, membre influent du mouvement Yerewolo, n’est pas un simple changement de lieu de détention. Il s’agit d’une manœuvre lourde de sens, qui illustre la réalité des luttes politiques au Mali contemporain, où la répression prend des formes de plus en plus symboliques.
De Kenioroba à Dioïla : le périple carcéral d’un homme engagé
Adama Diarra avait initialement été incarcéré à Kenioroba, à 75 kilomètres de Bamako. Ce village paisible, devenu depuis peu tristement célèbre, n’était qu’une étape. Dans la nuit du vendredi 16 mai, il a été déplacé vers la Maison centrale d’arrêt de Bamako-Coura (MCA), avant d’être dirigé, dès l’aube suivante, vers la prison de Dioïla, dans une région encore peu équipée pour recevoir des détenus de haute visibilité.
Ce déplacement suscite des interrogations. Pourquoi transférer un détenu aussi connu si loin du centre politique et médiatique du pays ? Est-ce une tentative d’isoler davantage une voix dissidente qui, malgré les menottes, continue de faire vibrer les cœurs de nombreux Maliens ?
Un symbole forgé par l’histoire récente du Mali
Peu d’acteurs ont marqué l’arène politique malienne ces dernières années autant qu’Adama Diarra. Militant pro-Assimi Goïta, ancien membre du Conseil national de transition (CNT) – l’organe parlementaire mis en place après la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta –, « Ben le cerveau » est connu pour ses prises de parole tranchées et son engagement en faveur de la souveraineté nationale.
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On se souvient de son rôle déterminant dans les manifestations du M5-RFP, mouvement de contestation populaire qui a ébranlé les fondations du pouvoir de feu IBK (Ibrahim Boubacar Keïta), alors au sommet de son mandat. À l’époque, des foules immenses descendaient dans les rues de Bamako, galvanisées par des figures fortes comme l’imam Mahmoud Dicko, leader religieux influent aujourd’hui en exil en Algérie pour des raisons encore non clarifiées officiellement.
L’histoire retiendra que ce sont ces pressions populaires, intensifiées par des voix comme celle de Ben le cerveau, qui ont conduit au coup d’État du 18 août 2020. Un coup de force militaire mené par le Colonel Assimi Goïta à l’époque et ses frères d’armes, perçu par beaucoup comme un parachèvement de la lutte du peuple malien contre la mal-gouvernance.
Résister malgré les chaînes
Le message transmis par Bassaro Sylla est clair : « Ce déplacement ne représente pas qu’un simple transfert : il incarne le coût de l’engagement pour la vérité, la justice et la liberté. À travers ce parcours forcé, c’est l’esprit révolutionnaire qui se renforce, car l’adversité ne brise pas les véritables combattants, elle les forge. »
Ce soutien moral, relayé par de nombreux sympathisants sur les réseaux sociaux, montre que le combat de Ben le cerveau transcende sa personne. Il incarne, pour beaucoup, une lutte collective contre l’injustice sociale, la soumission aux puissances extérieures, et la trahison des idéaux du peuple.
Malgré les accusations qui pèsent sur lui – qui n’ont pas encore fait l’objet d’un procès public – Adama Diarra reste une figure mobilisatrice. Le flou qui entoure sa détention et son transfert ne fait que nourrir le sentiment d’injustice chez ses partisans, qui appellent à une mobilisation pacifique pour exiger sa libération.
La révolution n’est pas finie
Pour les membres du mouvement Yerewolo, cette répression ne signifie en rien la fin de leur engagement. Bien au contraire. « Chaque pas, chaque épreuve renforce notre détermination commune. Le combat continue. L’espoir demeure. La révolution avance. Vive la résistance, vive la révolution, vive la justice sociale », déclare un autre membre de la cellule de mobilisation du mouvement.
Ben le cerveau reste, malgré la distance et les murs de la prison de Dioïla, un symbole vivant. Sa situation interpelle sur l’état des libertés publiques au Mali et sur la capacité de l’État à dialoguer avec ses propres enfants engagés, plutôt que de les écarter.
Le peuple malien, souvent qualifié de résilient, sait reconnaître les siens. La détention d’un militant ne suffit pas à faire taire une idéologie. Au contraire, elle peut la nourrir, la rendre plus profonde, plus populaire, plus enracinée.
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Ichiaka Minta
Source: Bamada.net