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Tracasseries sur le couloir Dakar-Bamako : Les chauffeurs se braquent contre les «montages»

Les chauffeurs sénégalais, maliens, burkinabè et togolais ont dénoncé ensemble, à travers un point de presse tenu au Port sec de Sandiara, les tracasseries dont ils sont victimes sur le corridor Dakar-Lomé et qui leur coûtent entre 250 et 300 mille F Cfa. Ils ont aussi déploré l’état impraticable des routes qui sont à l’origine de plusieurs accidents et de la dégradation de leurs véhicules.

Ils roulent contre la corruption sur le corridor Dakar-Lomé. Les chauffeurs sénégalais, burkinabè, maliens et togolais ont tenu un rassemblement au Port sec de Sandiara pour dénoncer les tracasseries dont ils sont victimes sur ce trajet. «Une injustice que nous dénonçons», crie de rage Pape Mamadou Ndiaye, secrétaire général des Syndicats des acteurs du transport national et transnational du Sénégal. Virulent, il n’a pas mis de gants pour indexer les nombreuses «haltes» sur la route qui «pompent tout leur fric». «Nous, les chauffeurs maliens, burkinabè, togolais et sénégalais qui sont présents ici, dénonçons avec la dernière énergie les nombreuses tracasseries dont nous subissons sur le corridor Dakar-Lomé et qui nous font perdre beaucoup d’argent. C’est pourquoi nous interpellons l’Etat pour que cela cesse au plus vite. La Cedeao est claire là-dessus : Elle a dit qu’il ne doit y avoir que trois montages au niveau du corridor. Donc si tu quittes Dakar, on te contrôle. Après c’est à Kaolack et enfin au niveau de la frontière», détaille Pape Mamadou Ndiaye. Plus pointilleux, les conducteurs de ces quatre pays dessinent la carte des contrôles. «Si tu sors de Dakar, on te contrôle, alors que la douane, les Eaux et forêts tu les trouves à la frontière et ça doit être le dernier contrôle. Sans cela, tu dois prendre le dîner à Tambacounda si tu quittes Dakar le matin. Mais tu fais deux jours parce qu’il y a des montages à Moussala, Saraya, Kédougou, entre autres. On paye à chaque étape et Dieu sait que ces stationnements sont au nombre de 23, alors qu’ils ne devraient être que 3. Mais de Dakar à Kaolack, il y a plus de 15 arrêts», détaille M. Ndiaye.
Même son de cloche du côté des chauffeurs maliens. Omar Diallo, chauffeur international, qui a souligné l’implication de l’Etat du Sénégal dans la résolution de certains problèmes, admet qu’il subsiste encore des tracasseries. «Il y a un excès de montages au Sénégal. Alors qu’au Mali, nous avons pu le régler parce qu’il n’y a qu’un seul poste de contrôle à Kita. Et à la frontière, il n’y a que trois montages. C’est pourquoi nous demandons aux autorités sénégalaises d’appliquer l’article 14 de la Cedeao et de l’Uemoa. Les tracasseries consistent à donner de l’argent sur à peu près 23 points de montage. Nous sommes fatigués et cela nous coûte entre 250 et 300 mille F Cfa par camion. Et on a 200 à 300 camions par jour qui passent», a déploré Omar Diallo.

Halte à la corruption !
Cet argent est le nerf de la guerre. Et les forces de sécurité sont sur le banc des accusés. «Nous perdons énormément d’argent durant le trajet. Par exemple, si nous quittons Dakar pour aller au Mali, on donne 200 mille F Cfa à la frontière. Et pourtant, la Cedeao parle de la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace. Mais ce n’est pas une réalité dans l’espace. Dans les normes, si j’entre au Mali et qu’on me contrôle au niveau de la frontière, je ne dois plus perdre 1 seul franc jusqu’à mon lieu de déchargement. Pareil pour le Sénégal. Donc si on applique le règlement, on doit éviter la tracasserie», regrette le secrétaire général des Syndicats des acteurs du transport national et transnational du Sénégal. Que faire ? «Le problème, ce n‘est pas le montage qui peut se faire pour des mesures de sécurité. Mais il faut qu’il fixe une place de montage où on contrôle tout et après on nous laisse faire notre travail. Aussi, les accidents dont on parle des fois, ce sont les policiers qui nous arrêtent et nous contrôlent sur des choses inutiles et nous retardent. Et avec ce manque de récupération, tu es obligé de donner une somme», se confie M. Ndiaye qui annonce une grève si la situation «n’est pas réglée à temps».
abciss@lequotidien.sn

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