Quand le respect et la considération sont desservis, aucun prétexte ne doit permettre de s’attabler mordicus. Cela, l’ex Premier ministre, fameux stratège politique, l’a accepté comme si tel devait être son triste sort.
C’est en tout cas une situation qu’il a laissé perdurer plus d’un an, sous l’œil médusé d’observateurs témoins d’un jeu de chaises musicales entre Choguel Maiga et l’intérimaire qui a fini par lui ravir définitivement son prestigieux fauteuil. Pourtant aussi victimaire qu’il puisse paraître, par ces temps de grande disgrâce, le désormais PM déchu l’a été par l’entremise de la même combine dont il est sans nul doute l’instigateur. Le président du Comité stratégique du M5-RFP, dans le dessein résolu d’accéder à la primature, s’est notamment employé à battre en brèche les uns après les autres les griefs que le mouvement hétéroclite soulevait contre la Transition pour ses écarts par rapport aux aspirations de leur lutte. C’est ainsi que l’accident de l’histoire qu’a produit la chute du premier président de la Transition, Bah N’Daw, va se solder par l’imprévisible tandem Général président Assimi-PM Choguel – dont le devenir était des plus incertains au regard des postures antérieures. Conscient de son incohérence d’alors, le deuxième PM de la transition s’est auto -caricaturé avec un jeu de terminologie lamentablement éhonté en s’autoproclamant PM de la rectification avant de présenter son programme d’action gouvernementale devant un Conseil National de la Transition dont il avait taxé de tous les noms d’oiseaux et d’illégitime. Ce premier acte du tsar de l’inculture politique annonçait une suite de jeux machiavéliques dans la lubie de s’ériger comme l’idéal futur candidat à la présidentielle, sur fond de mépris souverain de l’arène politique. Se délectant avec une versatilité inouïe, le PM avait peut-être oublié qu’il ne faut jamais voler la vedette présidentielle sur la base d’une notoriété trompeuse et d’une sympathie acquise sur la tribune des Nations Unies. C’est peut-être la carte sur laquelle Choguel Maiga a trop misé et qu’il a même surjouée jusqu’à la malice de pousser ses employeurs dans un cercle vicieux et à la perfidie de songer à un épilogue de la Transition, au détour d’une peur de subir le même destin que les régimes précédents. L’ironie de l’histoire est que l’homme dont le brillant parcours politique avoisinant l’âge des seigneurs du jour a fait fi de ce qu’il ne faut jamais tenter de surpasser le maître selon les 48 lois du pouvoir édictées par Robert Green. Faute de quoi, sa chute est devenue une œuvre d’art théâtrale digne d’une inspiration conjointe Machiavel-Cervantès. En tout cas, Choguel Kokalla Maiga est écarté des délices du pouvoir de la même façon qu’il y a accédé et le Choguelisme s’est finalement résumé à cette posture minimaliste de s’y accrocher en dépit des mépris et rejets.
Seydou Diakité
Source : Le Témoin