Le Comité syndical de total Mali-SA, conformément à la réglementation en vigueur dans le pays, a décidé d’observer un sit-in sur les lieux de travail pour compter de ce 1er mars jusqu’à la satisfaction effective et totale de ses revendications, notamment l’augmentation salariale de 15% pour l’ensemble du personnel et cela depuis 2019. Ce sit-in s’accompagnera d’un arrêt du service à la pompe, fait savoir une source syndicale.
Cette crise trouve son origine dans la non-application d’un Protocole d’accord signé le 1er novembre 2019 entre le Comité syndical et la Direction générale de Total Mali-SA prévoyant une augmentation de salaire de 15% pour les cadres et 20% pour les autres catégories. L’accord dit : ‘’pour donner suite à la doléance du Comité syndical, la Direction Générale a fait une proposition qui est actuellement en étude au niveau de la Direction des Ressources Humaines Afrique. Cette proposition se situe dans l’ordre de 15% pour tous les collaborateurs présents sans distinction de catégorie. La Direction Générale a promis de faire tout ce qui est possible à son niveau afin qu’une solution soit trouvée en Avril 2020. Elle s’engage donc à faire des feedbacks réguliers sur l’évolution du dossier transmis au siège’’
En fait de feedbacks réguliers, c’est le silence de la Direction Générale que le Comité syndical rencontrera. La preuve : le 28 décembre 2020, le Comité syndical de Total Mali-SA adressait cette lettre de relance au Directeur général qui disait : ‘’nous n’avons pas reçu de réponse par rapport à notre courrier NCS/TM15-12-2020/02AK du 15 décembre 2020. Nous nous permettons donc de vous relancer sur le sujet en espérant avoir une réponse’’.
Il y a-t-il une réelle volonté de la Direction Générale de désamorcer cette crise ? Les syndicalistes dont des raisons d’en douter. En effet, par une correspondance en date du 25 février 2021, le Directeur national du travail exhortait la Direction de Total Mali au dialogue avec les travailleurs : ‘’j’ai été saisi d’un préavis de sit-in par le Comité syndical de votre entreprise, sit-in lié à la mise en œuvre d’un protocole d’accord signé entre la Direction et le Comité syndical en 2019. Y faisant suite et à la lumière des pièces jointes à leur préavis, je vous demande de bien vouloir prendre toutes les dispositions utiles pour relancer le dialogue avec le Comité syndical pour l’apaisement du climat social. La concertation à l’interne devrait permettre de trouver un dénouement heureux à cette question, d’autant plus qu’il s’agit de l’application d’un PV de conciliation qui lie les deux parties’’. Au lieu de ce dialogue formel, apprend-on de sources bien informées, la Direction a choisi de procéder par chantage et intimidation, radicalisant ainsi davantage les responsables syndicaux qui se disent plus que jamais déterminés à poursuivre le combat pour l’aboutissement de leurs revendications légitimes. En cela, les travailleurs arguent le temps écoulé de la signature du Protocole d’accord (novembre 2019) à aujourd’hui ; leur acceptation de mettre en stand-by leur revendication salariale en 2020, en raison de la COVID-19 qui, paradoxalement, n’a nullement affecté le chiffre d’affaires de la société. Plus subjectivement, les syndicalistes doutent de la bonne foi de la Direction Générale qui chercherait plutôt à user de dilatoire pour empêcher l’application des termes du Protocole d’accord relativement à l’augmentation salariale.
D’ores et déjà, il faudra s’attendre à d’importantes pertes financières. Avait-on besoin d’en arriver là ?
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN