Les reines de Tombouctou ont adopté un certain type de coiffure pour se démarquer des demoiselles les jours de fête et autres grandes cérémonies festives. Le Goffa est l’une des plus prisées.
Des tresses, mêlées à des pièces d’or ou d’argent, selon la richesse de la famille : le Goffa est une coiffure traditionnelle de Tombouctou et de ses alentours. Célèbre et hautement valorisante, elle a la faveur des femmes. C’est la coiffure des reines des familles aisées, qui veulent magnifier et montrer leurs richesses.
Cette coiffure, l’une des plus connues dans la région, s’est exportée au-delà de Tombouctou. Difficile d’apercevoir, lors des évènements sociaux, une procession de femmes qui ne portent pas cette coiffure représentant une sorte de couronne que la femme doit porter pour symboliser sa dignité et son honneur.
Coiffure budgétivore
Cette coiffure n’est pas portée par toutes les femmes. Il faut être mariée pour être autorisée à tresser le Goffa. La femme mariée porte cette coiffure lors d’une cérémonie appelée « Bomo Bèrè », que lui organise sa maman après qu’elle ait eu ses trois premiers enfants. Une grande manifestation est organisée, toute la famille proche est invitée et chacun devra apporter un cadeau (complet de tasse, moquette, tapis…) pour la femme qui doit, à cette occasion, sortir ses meubles, ses ustensiles et autres biens. Très souvent, la maison est rénovée, les peintures refaites. On l’installe presque comme une nouvelle mariée.
La coiffure est aussi portée par une nouvelle mariée que le mari aura trouvée vierge. Pour signifier sa joie, il offre à la famille de la femme les moyens de lui offrir le Goffa à sa sortie de la chambre nuptiale, après le septième jour. Après avoir porté cette coiffure, cette femme peut être fière d’elle et sa famille encore plus pour l’éducation qu’elle lui a donnée.
Répliques chinoises
Le Goffa est principalement fait à base d’argent, quelques rares fois en or. La conception peut coûter à la femme jusqu’à 200000 FCFA. En plus du bijoutier, certaines tresseuses prennent entre 10 000 et 15 000 FCFA. Cependant, des répliques chinoises sont en train d’envahir le marché tombouctien, au point d’envoyer au chômage presque tous les bijoutiers. Ces répliques sont cédées à partir de 10 000 FCFA, ce qui est accessible à tous.
Ce n’est pas Niaboyro, une tombouctienne, qui dira le contraire : « Tout le monde n’a pas les moyens de se procurer ces perles vendues à prix d’or. C’est comme si certaines femmes n’ont pas le droit de le porter. Avec ces répliques, toutes les femmes se retrouvent aux évènements sociaux avec les mêmes coiffures. Difficile de distinguer l’originale de la réplique », se réjouit-elle. De nos jours, le Goffa est porté presque par tout le monde. La tradition et les règles qui l’entourent sont en train de s’effriter.